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La Fin de Pardaillan

Titel: La Fin de Pardaillan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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avait autorisé Léonora à assister, invisible, à cet entretien. Léonora avait ainsi appris des choses qu’elle ne soupçonnait même pas. En soi, le fait n’avait aucune importance. Il savait bien, parbleu, qu’il pouvait compter sur sa femme. Mais il connaissait aussi l’esprit exceptionnellement ombrageux de la terrible jalouse. Et il se disait, non sans raison, qu’une explication était inévitable entre eux, attendu que Léonora l’exigerait. Pour tout dire, il entrevoyait la scène de ménage, plus violente que jamais. Et cette perspective, peu agréable, en effet, l’irritait et l’assommait d’avance.
    Il ne se trompait pas d’ailleurs. Dès le départ de Fausta, Léonora était entrée dans le cabinet et elle s’était assise, bien décidée à ne pas bouger de là avant d’avoir eu cette explication que redoutait Concini. Et le coude sur la table, la tête dans la main, elle s’était enfoncée dans des réflexions profondes, sinistres, si on en jugeait par l’expression effrayante de sa physionomie.
    Ainsi qu’il s’y attendait, Concini la trouva là. Il entra comme un furieux, l’air mauvais, agressif, et se mit à marcher de long en large d’un pas violent. L’œil courroucé, la lèvre amère, il prit les devants et, tout de suite, il attaqua :
    – Eh ! bien, vous avez entendu votre illustrissime signora Fausta ? Que l’enfer l’engloutisse !… Ah ! je vous fais mon compliment, madame !… Ah !
Dio porco,
la jolie négociation que vous aviez entreprise là ! Une alliance avec Fausta, disiez-vous, devait avoir les résultats les plus féconds, les plus merveilleux pour nous !…
Christaccio !
il est fameux le résultat !… Me voici avec un ennemi de plus sur le dos… et quel ennemi !…
    Il parla longtemps ainsi, avec une mauvaise foi froidement calculée, l’accablant de reproches violents qu’il savait parfaitement injustifiés.
    Elle l’écoutait de son air profondément sérieux. Ses yeux lumineux le couvaient d’un regard de tendresse passionnée, mais elle n’eut pas un mot, pas un geste pour interrompre le flux des récriminations et des reproches immérités. Elle savait que tout ce qu’il disait n’avait qu’un but : l’empêcher de dire, elle, ce qu’elle avait à dire, en faisant dévier la discussion. Et elle le laissait aller, sachant bien qu’il finirait par s’arrêter tout seul. Ce fut ce qui arriva, en effet. Ne rencontrant pas la moindre contradiction, Concini se trouvant bientôt à bout d’arguments, obligé de se taire.
    Alors, elle parla à son tour. Et, sans colère, lentement, froidement :
    – Vous ne m’aviez jamais dit, Concini, que vous aviez eu un enfant avant notre mariage, dit-elle.
    Concini se vit acculé à l’explication redoutée. Il s’emporta :
    – 
Sangue della Madonna,
pourquoi vous l’aurais-je dit ?… Quand je vous ai épousée, vous saviez, j’imagine, que je n’étais pas un coquebin ayant encore sa fleur d’innocence !… Votre insupportable jalousie va-t-elle se mettre maintenant à fouiller ma vie de garçon, pour me reprocher des fredaines, qui datent d’une époque où nous ne nous connaissions même pas ?…
    Léonora ferma les yeux et frissonna douloureusement. Sa jalousie féroce ne pouvait même pas supporter l’allusion à des écarts qui étaient antérieurs à son mariage avec Concini. Et elle avoua franchement :
    – C’est vrai, mon Concinetto, je t’aime tant que je suis jalouse, même de ce que tu as pu faire avant de me connaître. Mais tu me rendras cette justice, que je ne t’ai jamais fait aucun reproche sur ce passé qui ne m’appartient pas, je le reconnais.
    – Alors, n’en parlons plus, trancha brutalement Concini, et surtout ne m’assommez pas de vos reproches.
    – Ce que je vous reproche, Concino, c’est de m’avoir caché une chose aussi grave : la naissance d’un enfant de vous et de Maria… De Maria ! qui l’eût dit ?…
    – Eh !
Christaccio !
gronda Concini, pourquoi vous en aurais-je parlé, puisque cette enfant est morte !
    Il s’était arrêté devant elle, comme pour la narguer. Elle se leva lentement, posa la main sur son bras qu’elle serra avec force, et l’enveloppant des magnétiques effluves de son regard de flamme, d’une voix sourde, elle murmura :
    – Etes-vous bien sûr qu’elle est morte, Concino ?
    Concini tressaillit : un sinistre pressentiment s’abattit lourdement sur lui. Mais se

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