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La Fin de Pardaillan

Titel: La Fin de Pardaillan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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qu’elle venait de remporter sur lui qu’elle se permit.
    Comme si de rien n’était, elle reprit, et cette fois sa voix vibra comme une trompette guerrière :
    – Je me charge également de la signora. Laisse-la faire, Concino, je suis là, moi, et elle ne me fait pas peur !… Elle baisse, d’ailleurs, la signora : son histoire de scandale était bien imaginée, mais n’est plus à redouter pour nous, puisque nous y avons paré. Le reste n’est que pauvreté. Son histoire avec Angoulême, n’est que le recommencement de ce qu’elle a fait avec Guise. Cela ne lui a guère réussi pourtant. Oui, décidément, elle baisse… Laisse-la faire, laisse-les faire : Fausta, Angoulême, Guise, Condé, Luynes, tous, laisse-les faire tous, te dis-je… Puisqu’il s’agit de ton bonheur et de ta vie, je me sens de taille à leur tenir tête à tous et à les battre les uns après les autres. Laisse-les faire, ce trône qu’ils convoitent, ils ne l’auront pas… Il t’appartient… Tu l’auras.
    Dans un geste de passion, elle lui jeta les bras autour du cou, l’étreignit avec frénésie, plaqua un baiser violent sur ses lèvres et le lâchant :
    – Je vais voir Maria, dit-elle.
    Et lente, silencieuse, elle se retira sans bruit, pareille à un être des ténèbres qui retourne à ses ténèbres.
    Et, en glissant dans l’ombre d’un couloir, elle songeait :
    « Stocco m’a dit que cette petite bouquetière que Concino aime, s’en va tous les matins porter des fleurs à l’hôtel de Sorrientès où elle reste de longs moments… plus longtemps qu’il ne convient à un marchand venant de livrer sa marchandise… J’ignorais alors que la signora et la duchesse de Sorrientès ne sont qu’une seule et même personne, et je n’avais pas prêté à ce détail l’attention qu’il mérite… Aujourd’hui, je sais… Et je me demande pourquoi la signora, qui ne fait jamais rien sans bonnes raisons, attire ainsi cette jeune fille chez elle ?… Pourquoi ?… Si c’était elle, pourtant, la fille de Maria et de Concini ?… Oui, si c’était elle ! »
    Son esprit toujours en éveil parti sur cette piste, elle ne la lâcha plus, la tourna dans tous les sens. Mais elle avait aussi son idée de derrière la tête qu’elle ne lâchait pas non plus et à laquelle elle revint en se disant :
    « Il faudra que j’éclaircisse cela… En attendant, j’ai promis à Concino que sa fille serait en notre pouvoir dans quarante-huit heures. Eh bien, sa fille, ce sera la petite bouquetière. Elle ne l’est peut-être pas, mais ceci importe peu. L’essentiel est qu’il le croie, lui, et qu’il agisse comme il est convenu… Ainsi serai-je débarrassée d’elle. »
    Elle réfléchit encore un instant, et avec cette froide résolution qui la faisait si redoutable, elle trancha :
    « Il le croira… Et il agira. »
    q

Chapitre 29 CONCINI
    A près le départ de Léonora Galigaï, Concini demeura plongé dans une longue, une profonde rêverie. Songeait-il à sa fille dont, pour la deuxième fois, il venait de décider le meurtre ? Etait-il aux prises avec sa conscience en révolte qui protestait contre la hideur du forfait prémédité ? Ou bien, calculait-il comment s’accomplirait ce forfait ? Ayant longtemps rêvé, Concini résuma sa rêverie par ces mots, qu’il mâchonna d’une voix ardente, bouleversée de passion :
    – Le trône !… Oui, pour le voler, ce trône auquel je n’ai pas droit je briserai impitoyablement tout ce qui me fera obstacle. Malheur à celui qui le possède !… Malheur à ceux qui voudront me le disputer !… Du sang, encore du sang, toujours du sang !… c’est à travers des flots de sang que je me frayerai un chemin jusqu’à lui !… C’est sur des monceaux de cadavres entassés, qui me serviront de marchepied, que je me hisserai jusqu’à lui !… Et quand je le tiendrai enfin, ce trône volé… oui, volé dans le sang et la boue… quand je le tiendrai… ah ! comme je le donnerai de grand cœur pour un baiser d’amour de cette Muguette qui me résiste !…
    Voilà à quoi songeait Concini qui venait d’autoriser le meurtre de sa fille. Ainsi, c’était à Muguette qu’il pensait. A Muguette, dont la résistance exaspérait sa passion, à ce point qu’il n’eût pas hésité à sacrifier pour ce trône qu’il rêvait, selon ses propres mots, « de voler dans le sang et dans la boue ». Car il était effroyablement sincère dans son

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