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La Fin de Pardaillan

Titel: La Fin de Pardaillan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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que vous reviendrez ici de votre plein gré, et je vous laisse aller avec l’enfant. J’attendrai patiemment qu’il vous plaise de revenir. Vous voyez que je ne menace plus, je vous implore ardemment, humblement. Je ne vous demande qu’une chose comme gage de votre bonne foi : accordez-moi un baiser de vos lèvres, un seul baiser. Voulez-vous ?
    Elle ne répondit pas. Il avait son idée de derrière la tête : l’attitude de la jeune fille lui paraissait singulièrement équivoque. Il feignit de prendre son silence pour un consentement. Il s’avança, confiant, en apparence, souriant, l’œil allumé, les bras vaguement tendus.
    Elle crut tenir l’occasion espérée. Elle le laissa approcher sans faire un mouvement pour se dérober. Et, quand elle le vit bien à sa portée, elle sortit brusquement de son sein le poing armé du poignard, le leva et l’abattit, en pleine poitrine, en un geste foudroyant.
    Un éclat de rire ironique, qui résonna comme un glas funèbre à son oreille, salua ce geste qu’elle avait voulu faire mortel. Et la voix railleuse de Concini, avec son accent italien revenu du coup, gouailla :
    – 
Oibo, tou voulais touer sou povero Concino !
    Concini se méfiait. Il la surveillait du coin de l’œil, sans en avoir l’air. Il vit venir le coup, et il l’esquiva d’un simple mouvement du torse. Emprisonner le frêle poignet entre ses mains robustes, lui arracher l’arme et la lancer à l’autre extrémité de la pièce, cela ne fut qu’un jeu pour lui et s’accomplit avec une rapidité inconcevable. Puis, lui lâchant le poignet, il abattit brutalement ses mains sur les fragiles épaules qui plièrent. Et haletant, une flamme aux yeux, la voix rauque, il gronda :
    – Je te tiens !… Maintenant, de gré ou de force, tu es à moi !…
    Il la tenait bien, en effet. Il ne fallait pas qu’elle espérât se dégager de la puissante étreinte. Il la tenait, et il pencha sur elle un visage hideux défiguré par la luxure, pour lui ravir, par la force, ce baiser qu’elle n’avait pas voulu lui accorder.
    L’horrible souillure était inévitable. Elle sentit que tout croulait en elle. Et, le cerveau chaviré dans l’horreur, elle jeta les mains en avant dans un geste de suprême défense, pendant qu’une clameur qui n’avait plus rien d’humain – si effrayante et si déchirante à la fois qu’il s’arrêta net, relâcha son étreinte – jaillissait de ses lèvres contractées. Et, tout de suite, après cette clameur de bête qu’on égorge, cet appel inconscient, dans un cri suraigu :
    – Odet !… Odet !…
    Concini la sentit vaciller. Stupide, il ouvrit les mains tout à fait. Elle tomba comme une masse, à la renverse, sur le tapis moelleux qui amortit sa chute. Effaré de la voir toute raide, pâle comme une morte, sans un mouvement, sans un souffle, il bégaya :
    – Oh ! diable !… Serait-elle morte ?
    Il la considéra un moment, hébété, n’osant pas bouger. Il se ressaisit vite, pourtant. Il s’agenouilla près d’elle, mit doucement la main sur son sein. Il se rassura en sentant le cœur qui battait faiblement.
    « Elle est seulement évanouie ! » songea-t-il.
    Alors, le beau garçon, l’homme à bonnes fortunes qu’il avait toujours été, se sentit profondément humilié. Dans une révolte de sa vanité blessée, il grinça, pris d’un accès de rage :
    – Quoi ! je lui fais horreur à ce point !… Quoi ! mon contact lui répugne tant, qu’il n’en faut pas plus pour que cette fille tombe raide, foudroyée par le dégoût !…
O Christaccio maladetto !…
    Cette pensée qui l’enrageait, loin de le refroidir, déchaîna de nouveau en lui le désir brutal un instant assoupi. Il la contempla longuement, réfléchissant. Tout à coup, il redressa sa tête flamboyante et, les yeux luisants, les lèvres retroussées par un rictus affreux, il hoqueta :
    – Tout est pour le mieux ainsi !… et j’aurais bien tort de ne pas profiter de l’occasion !…
    Il saisit le corps inerte de la jeune fille dans ses bras vigoureux, l’enleva comme une plume. Et la tenant étroitement serrée contre sa poitrine, il marcha vers le lit… le lit monstrueux, dressé sur son estrade surélevée, comme l’autel des sacrifices dans ce temple de l’amour.
    A ce moment une porte s’ouvrit avec fracas. Rospignac, hérissé, convulsé, échevelé, le poignard au poing, bondit dans la pièce et, le bras levé, sauta sur Concini qui

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