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La Fin de Pardaillan

Titel: La Fin de Pardaillan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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toute son assurance, tout son sang-froid tombèrent lamentablement, d’un seul coup. Et elle n’eut plus qu’une seule pensée lucide dans son cerveau vide de toute autre pensée : tuer, tuer impitoyablement, vite, au plus vite, le monstre hideux qui la tenait qu’elle méprisait profondément depuis qu’il la poursuivait, et pour lequel elle éprouvait maintenant une haine farouche, mortelle.
    Et en elle, rien non plus ne vint lui faire pressentir que l’homme méprisé, haï, qu’elle voulait abattre de sa faible main comme une bête malfaisante, cet homme était son père.
    Cependant, Concini ajoutait aussitôt :
    – Vous êtes venue. C’est donc que vous consentez à faire ce qu’il faut pour que votre fille vous soit rendue saine et sauve ?
    – Et quand je me serai exécutée, moi, qui me dit que vous tiendrez votre parole, vous ?
    Elle posait cette question d’une voix blanche, comme lointaine, que nul de ceux qui la connaissaient n’eût reconnue. Et elle paraissait calme, étrangement calme. Pour Concini, qui en somme, ne la connaissait pas, elle discutait froidement les clauses d’un marché. Et c’était très naturel qu’elle ne voulût pas être dupe. Elle paraissait avoir complètement oublié ce que ce marché avait de honteux. Ou si elle ne l’oubliait pas, il semblait qu’elle en eût pris son parti.
    S’il avait été plus observateur, Concini n’eût pas manqué de s’inquiéter. En effet, la rigidité de l’attitude, la fixité étrange de ce regard hagard, la crispation aiguë de ces traits fins et délicats, tout cela, joint à d’autres symptômes, indiquait qu’elle était sous le coup d’une crise violente, arrivée à son point culminant. Il était clair qu’elle ne pouvait tendre ses forces plus loin, ni plus longtemps. Elle était à bout. Le moindre choc moral devait la faire tomber foudroyée. Une seule chose pouvait étonner : c’est que ce ne fût pas déjà fait.
    Et si ce n’était pas déjà fait, c’est que, dans l’anéantissement total de ses facultés, la pensée du meurtre qui devait la soustraire au déshonneur la soutenait encore, en lui laissant une vague lueur d’espoir. Et le peu de forces physiques et intellectuelles qui lui restait tendait uniquement à l’accomplissement du geste mortel qui devait la sauver. Et sans savoir, sans réfléchir, d’instinct, ses yeux exorbités, desquels toute lueur d’intelligence était momentanément abolie, guettaient Concini avec une attention suraiguë, tandis que la main crispée sur le manche du poignard se tenait prête à profiter de la première occasion qui se présenterait à elle.
    Concini n’observa pas tout cela. Concini ne vit que son calme apparent. Et il se félicita :
    « 
Per Bacco !
elle prend son parti mieux que je n’aurais jamais osé l’espérer ! C’est une fille intelligente, décidément… A moins que… pourquoi diable tient-elle obstinément sa main dans son sein ?… Enfin, efforçons-nous de la rassurer. »
    Il frappa sur un timbre. La femme qui gardait Loïse parut, il commanda :
    – Tout à l’heure, quand Madame sortira de cette chambre, vous lui remettrez l’enfant dont vous avez la garde et vous lui obéirez comme à moi-même, dans tout ce qu’elle voudra vous commander, pendant tout le temps qu’il lui plaira de rester ici. Allez.
    La femme plongea dans une révérence en murmurant un : « Bien, monseigneur », et disparut.
    – Etes-vous satisfaite ? s’informa Concini. Et conciliant :
    – Réfléchissez que je n’ai aucune raison de manquer à ma parole, si vous tenez la vôtre. Je n’en veux pas à cette enfant et je ne suis pas un ogre, que diable ! Toutefois, s’il vous faut une garantie, parlez. Je suis prêt à faire ce que vous voudrez.
    Avait-elle compris ? Avait-elle entendu seulement ? Nous ne saurions dire. Ce qu’il y a de certain, c’est qu’elle fit non de la tête.
    Concini se rapprocha doucement d’elle et, de sa voix la plus enveloppante avec ses inflexions les plus câlines :
    – Ecoutez, dit-il, j’ai usé de violence, une violence hideuse, pour vous amener ici. La faute en est à vous qui m’avez inspiré une passion insensée, et qui m’avez poussé à bout par vos implacables rigueurs. Mais, puisque vous êtes venue résolue à subir mes conditions, il ne sera pas dit que Concini aura dû recourir à la violence pour vous imposer ses baisers. J’ai confiance en vous, moi. Donnez-moi votre parole

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