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La Fin de Pardaillan

Titel: La Fin de Pardaillan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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extraordinaire timidité amena un sourire sur les lèvres de Landry Coquenard. Il songea, vaguement attendri :
    « Cornes de Belzébuth, voilà un honnête homme ! Si, à vingt ans, j’avais rencontré un maître comme celui-là, je ne serais pas le sacripant que je suis devenu depuis ! »
    Et tout haut, avec le plus grand sérieux :
    – Pourtant, il vous faudra bien prendre votre courage à deux mains et en venir là un jour ou l’autre. Car enfin, monsieur, si vous demeurez éternellement muet, vous ne serez jamais fixé.
    – C’est vrai, convint Valvert, mais avant que de me déclarer, encore convient-il de savoir si les conditions que me fera, demain, cette duchesse de Sorrientès, seront suffisantes pour me permettre de faire tenir à ma femme le rang qui convient à la comtesse de Valvert. Voyons, Landry, toi qui es un homme d’expérience, penses-tu qu’un ménage puisse vivre convenablement avec cinq cents livres par mois ?
    – Six mille livres par an ! Avec cela, vous tiendrez un rang fort honorable, monsieur. Même si le ciel vous accorde une nombreuse progéniture.
    – Oui, c’est bien ce que je pensais. Il me faudra donc demander cette somme à la duchesse de Sorrientès. Mais voilà, ne va-t-elle pas pousser les hauts cris et trouver mes prétentions exorbitantes ?
    – N’en croyez rien, monsieur. Le signor Concini, qu’on appelle maintenant M. le marquis d’Ancre, donne mille livres par an à ses estafiers. A vous seul, vous valez dix de ces braves ; donc, vous valez dix mille livres pour le moins.
    – Tu exagères, sourit Valvert en toute sincérité.
    – Non pas, monsieur, protesta Landry Coquenard, aussi sincère et aussi convaincu, je suis encore au-dessous de la vérité. D’ailleurs, si vous voulez m’en croire, vous vous garderez de faire des conditions vous-même. Je me suis informé de cette duchesse de Sorrientès. Il paraît qu’elle est réellement immensément riche. Avec cela d’une générosité extravagante. Voyez-la venir, monsieur, laissez-la parler, s’engager. J’ai dans l’idée que vous n’aurez pas lieu de le regretter et les conditions qu’elle vous fera, elle, seront fort au-dessus de celles que vous feriez, vous.
    – Telle était bien mon intention, confessa Valvert. Et résolument :
    – Demain, je serai fixé. Après-demain, si les choses vont au gré de mes désirs, je demanderai à la jolie Muguette si elle veut bien devenir ma femme.
    – Et dans un mois, la noce sera célébrée, affirma Landry Coquenard avec un accent d’inébranlable conviction.
    – Le ciel t’entende, soupira Odet de Valvert.
    q

Chapitre 14 VALVERT SE MONTRE HESITANT
    L e reste de cette journée et la journée du lendemain, Valvert et Landry Coquenard, n’ayant pour ainsi dire pas bougé de chez eux, se passèrent en propos à peu près semblables. Valvert, réservé à l’extrême, comme tous les timides, Valvert qui ne connaissait guère à Paris que les deux Pardaillan auxquels il n’avait jamais osé se confier, Valvert n’arrêtait pas de bavarder depuis qu’il avait sous la main un confident.
    Il est vrai que Landry Coquenard se montrait le plus complaisant des confidents, sachant écouter avec une inaltérable patience des puérilités vingt fois répétées. La vérité est que s’il se montrait si attentif, c’est que Valvert lui parlait de Brin de Muguet. Et il avait, lui, une véritable adoration pour celle que, dans son fond intérieur, il n’appelait jamais autrement que « l’enfant » ou la « petite ». Odet de Valvert ne se doutait pas de cela. Il se figurait que l’attention de Landry Coquenard prêtait à ses ressassages, venait de l’affection reconnaissante qu’il lui avait vouée. Et, comme il était lui-même d’un naturel très tendre, porté à s’exagérer à l’excès les services qu’on lui avait rendus, il lui savait un gré infini et sentait se développer en lui cette sympathie instinctive que, dès le premier abord, il avait éprouvée pour le pauvre diable.
    D’autre part, comme Landry Coquenard accomplissait son service avec une ponctualité scrupuleuse et se montrait plein de délicates intentions, il en résultait que l’accord était parfait entre le maître et le serviteur, et que tous deux étaient également enchantés l’un de l’autre. Si bien que, au bout de ces trois jours de vie en commun, il leur semblait qu’ils se connaissaient depuis de longues années et qu’ils ne pourraient

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