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La Fin de Pardaillan

Titel: La Fin de Pardaillan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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plus se séparer. Ce qui n’empêchait pas Landry Coquenard, ainsi qu’on a pu le voir, de garder ses petits secrets pour lui.
    Le vendredi soir, à l’heure convenue, Odet de Valvert, à son tour, venait frapper à la porte de l’hôtel Sorrientès. Seulement, lui, il frappait à la grande porte qui s’ouvrit immédiatement devant lui. Dans le grand vestibule, éclairé par d’énormes torchères de bronze doré, des soldats, l’épée au côté, appuyés sur la hallebarde, veillaient devant chaque porte, immobiles et raides comme des statues. Des huissiers, taillés en hercules, circulaient silencieusement, graves et recueillis comme des fidèles dans une église, recevaient discrètement les visiteurs nombreux malgré l’heure tardive, et, selon le cas, les éconduisaient prestement avec toutes sortes de ménagements ou d’égards ou, avec la même politesse onctueuse particulière aux gens d’Eglise, les conduisaient dans de vastes et somptueuses antichambres où ils attendaient d’être appelés. Et cela s’accomplissait dans un ordre parfait, discrètement, poliment, mais avec la célérité des gens qui savent que le temps est précieux et ne veulent pas perdre le leur.
    Dès son entrée, le comte Odet de Valvert fut, pour ainsi dire, happé par un de ces huissiers si merveilleusement stylés. A peine eut-il décliné son nom, qu’il fut conduit dans une petite pièce où il demeura seul. Dès son entrée, il avait été ébloui par le luxe prodigieux qui s’étalait autour de lui.
    – Ah çà ! se disait-il en se raidissant, pour dissimuler l’étonnement qui le submergeait, me serais-je trompé ? Serais-je ici, au Louvre ? Des gardes, des officiers, des gentilshommes, des pages, des huissiers, les laquais en quantité innombrable ! Et ces meubles, ces tentures, ces tapis, ces tableaux, ces objets d’art entassés avec une prodigalité inouïe. Oui, par le ventrebleu, je suis ici au Louvre !
    Il ne demeura peut-être pas une minute seul. Presque aussitôt d’Albaran parut. Et il entama aussitôt l’interminable échange des politesses raffinées. Odet de Valvert, sans sourciller, comme s’il n’avait fait que cela toute sa vie, rendit salut pour salut, compliment pour compliment, sourire pour sourire.
    – Je vais avoir l’honneur de vous conduire moi-même près de son Altesse, qui vous attend dans ses appartements privés, déclara d’Albaran, après avoir enfin terminé ses politesses.
    Il le prit familièrement par le bras et l’entraîna. Ils traversèrent plusieurs salles meublées avec la même somptuosité extraordinaire. Odet de Valvert, qui se sentait observé par son guide, montrait un visage impénétrable. Mais, malgré son assurance, malgré son apparente indifférence, son émerveillement allait en grandissant et il se disait :
    – L’Italie, l’Espagne, la France, ont déversé ici leurs trésors d’art les plus rares, les plus précieux ! Je n’aurais jamais supposé qu’il fût possible d’étaler un luxe pareil et avec quelle science incomparable, quel goût impeccable, toutes ces richesses sont rangées ! Je me croyais au Louvre ! Par Dieu, non, je suis ici tout bonnement dans la demeure du dieu Plutus.
    Les premières pièces qu’ils avaient traversées étaient encombrées par une cohue étincelante de seigneurs, qui attendaient patiemment d’être reçus. Là, c’était le bruit, le mouvement, la vie. Les suivantes se trouvèrent désertes. Là, c’était le calme, le silence. Et ce calme, ce silence étaient si pesants, si impressionnants, que d’instinct, sans savoir pourquoi, Valvert se mit à marcher sur la pointe des pieds et baissa la voix pour répondre à son compagnon, tout comme il l’eût fait dans une église. Peut-être, sans s’en rendre compte, subissait-il l’influence d’Albaran qui lui donnait l’exemple.
    Ils arrivèrent dans une petite pièce, sorte d’oratoire meublé avec une simplicité relative, doucement éclairé par des cires roses qui, en se consumant, répandaient dans l’air un léger parfum, très doux. Dans un fauteuil large et profond comme un trône, une femme était assise. Une femme !… Un être de beauté prodigieuse, surnaturelle. Trente ans, à peine. Vêtue d’une robe très simple, sans aucun ornement, de fin lin d’une éblouissante blancheur. Pas de bijou, sauf à un doigt, un petit cercle d’or mat, pareil à une alliance. Les mêmes yeux larges et profonds, d’une angoissante

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