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La Fin de Pardaillan

Titel: La Fin de Pardaillan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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avait rabattu le capuchon sur le visage. Dehors, elle prononça d’une voix caressante :
    – Va, Grison, va, et tâche de trotter, car nous sommes bien en retard.
    Grison pointa ses longues oreilles, agita la queue et partit au trot.
    De lui-même, sans qu’il fût besoin de le guider, il s’engagea sur le pont-Neuf. Evidemment il savait très bien où il allait.
    Derrière l’âne, toujours plongé dans de sombres réflexions, Valvert allongea le pas et se remit à suivre.
    Et derrière lui, sans qu’il parût s’en apercevoir, Stocco se coulait avec la souplesse silencieuse d’un renard sur la piste.
    L’âne n’est pas un animal stupide comme on se plait à le dire bien à tort. Il est au contraire, fort intelligent et doué d’une excellente mémoire. Il est de plus d’un naturel aimant et, si on le traite bien, il s’attache profondément à son maître. Grison semblait très attaché à la jeune fille qui le montait. Il est certain qu’elle devait le gâter et il en était reconnaissant à sa manière. Il semblait avoir compris la recommandation qu’elle lui avait faite au départ et il trottait consciencieusement. Plongée dans ses réflexions, Muguette ne se donnait pas la peine de le diriger sachant par expérience sans doute qu’elle pouvait s’en rapporter à lui.
    De fait, la bonne bête traversa le pont, sortit de la ville par la porte Dauphine et, longeant les fossés, s’en fut rejoindre la rue d’Enfer, dépassa le village de Montrouge. Durant près de deux heures il alla ainsi, en pleine campagne, sans se tromper, se remettant au pas quand il était fatigué, reprenant docilement le trot quand il entendait la voix douce de sa maîtresse l’exciter.
    Maintenant, à droite et à gauche, là route était bordée par des champs de roses. Des roses éclatantes, de toutes les teintes, de toutes les espèces connues. C’était un véritable enchantement pour la vue que ces champs entiers uniquement parés de la reine des fleurs. C’était un véritable délice pour l’odorat que le parfum doux et pénétrant qui s’exhalait de ces innombrables roses. Car on ne voyait que cela : des roses, encore des roses, rien que des roses. Nous disons, rien que des roses. Non, il n’y avait pas que des roses. Entre chaque rangée de fleurs, il y avait des fraisiers chargés de fruits. Et le parfum subtil de ces fraises pourpres ou rose pâle se mélangeait délicatement au parfum des roses. Et c’était ce parfum délicieux que Muguette aspirait à pleines narines, avec ravissement.
    Sur le penchant d’un coteau, se trouvait un hameau tout petit mais charmant qui, enfoui comme il était parmi les roses, méritait de tout point le nom qui était le sien : Fontenay-aux-Roses. Une des premières maisons, à l’entrée de ce hameau, était une jolie maisonnette rustique, proprette, coquette, du plus riant aspect. Elle se dressait au milieu d’un jardin assez grand où se voyait une multitude de fleurs parmi lesquelles les roses et les lis dominaient. La haie qui entourait le jardin était une haie d’églantines qui sont, comme on sait, des rosiers sauvages. Devant la porte de la maison, le long des murs, des rosiers grimpants. Tout cela fleuri. En sorte que la haie, le jardin et la maison elle-même avaient l’air d’un gigantesque bouquet de fleurs.
    Ce fut devant la porte à claire-voie de ce ravissant nid de fleurs, tout embaumé, que l’âne vint s’arrêter tout seul et annonça sa présence par des braiments joyeux et prolongés.
    De la maison on le guettait. Avant même qu’il eût fait entendre sa voix, une femme d’une cinquantaine d’années, vêtue comme une villageoise aisée, sortait précipitamment de la maison, se ruait vers la porte à claire-voie qu’elle ouvrait en disant :
    – Vous voilà enfin ! Comme vous êtes en retard aujourd’hui ! Je commençais à être terriblement inquiète, savez-vous.
    – Il n’y a point de ma faute, s’excusa Brin de Muguet. Je vous raconterai cela, mère Perrine.
    – Bon, l’essentiel est que vous voilà, en bonne santé. Dieu merci ! répondit la mère Perrine.
    Et saisissant la jeune fille dans ses bras vigoureux, elle l’enleva comme une plume, la déposa doucement à ses pieds et, plaquant deux baisers sur ses joues satinées :
    – Bonjour, ma belle enfant ! dit-elle joyeusement. Et, sincèrement émerveillée :
    – Toujours plus fraîche et plus jolie que jamais !
    – Et vous, toujours plus vigoureuse et

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