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La Fin de Pardaillan

Titel: La Fin de Pardaillan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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remerciements de la mère Perrine qu’elle voyait s’attendrir. Elle ne put pas placer un mot, en effet, car l’enfant, qui avait entendu, demanda aussitôt :
    – Je coucherai avec maman Muguette dans le grand lit, tu veux, dis ?
    – Oui, ma mignonne.
    – Et ça ? fit encore la petite curieuse qui s’était remise à fouiller dans le paquet.
    – Ca, c’est encore pour mère Perrine.
    – Pour moi ! s’étrangla la bonne femme. Ce beau fichu de soie !… de soie !…
    – Pour vous, oui, dit Muguette en lui mettant autour du cou le fameux fichu de soie qui la faisait béer d’admiration.
    – Comme tu es belle, mère Perrine ! s’écria l’enfant émerveillée.
    – Ah ! demoiselle, c’est trop ! beaucoup trop ! bégayait la mère Perrine attendrie jusqu’aux larmes.
    Le paquet ne contenait plus de surprises. La petite Loïse courut à un hangar sous lequel l’âne, Grison, s’activait à belles dents devant un râtelier plantureusement garni à son intention. C’est qu’ils étaient une paire d’amis, l’enfant et l’âne. La preuve en est que, en la voyant venir, Grison s’arrêta de manger, tourna la tête vers elle en la regardant de ses grands yeux si doux et se mit à braire joyeusement. Et pour l’enfant, la preuve en est qu’elle lui apportait bien vite sa part des friandises : une bonne poignée de gâteaux secs que l’âne se mit à grignoter en agitant ses longues oreilles avec satisfaction. Et ceci prouvait qu’elle n’était pas seulement très affectueuse, mais qu’elle avait encore bon cœur.
    Ayant fait ses amitiés à Grison, elle s’en alla ramasser « sa fille », s’inquiéta si elle ne s’était pas fait mal en tombant, la nettoya, la consola et s’empressa de lui montrer les belles choses qu’on lui avait apportées. Elle s’était placée pour cela à une extrémité du banc, tout près des deux femmes par conséquent. Ce qui fait que la mère Perrine fit remarquer :
    – Voyez comme elle est sage. Elle ne vous quittera pas un instant de toute la journée. Oh ! elle vous aime bien, allez !
    – Elle ne m’aimera jamais trop, sourit Muguette avec une émotion contenue. Je ne vis que pour elle, moi. Savez-vous, mère Perrine, que pour elle, pas plus tard que ce matin, j’ai éconduit un brave et digne gentilhomme qui me voulait pour femme.
    – Un gentilhomme !
    – Un comte, mère Perrine, un comte.
    – Et vous avez refusé ?… Pour elle ?…
    Muguette fit signe que oui en souriant. La mère Perrine la dévisagea avec attention. Elle ne paraissait éprouver ni chagrin ni regret. Elle ne manquait pas de finesse, la brave mère Perrine. Elle remarqua fort bien la tranquille indifférence de la jeune fille. Elle sonda :
    – Jeune, ce comte ?
    – Guère plus de vingt ans.
    – Beau ?
    – Peut-être bien.
    – Riche ?
    – Non. Mais une situation magnifique au service d’une grande princesse étrangère qui est la générosité même.
    – Et vous ne l’aimez pas ?
    En posant cette question d’un air indifférent, la robuste paysanne observait la jeune fille du coin de l’œil. Celle-ci répondit très simplement :
    – Non, je ne l’aime pas.
    Et rêveuse :
    – Pourtant nul ne me paraît plus digne d’être aimé que ce jeune comte de Valvert… Il s’appelle Valvert… Odet de Valvert… Odet.
    – C’est un joli nom, fit la mère Perrine dans l’œil de laquelle une lueur de malice venait de s’allumer.
    – N’est-ce pas ? dit naïvement Muguette. Je n’avais jamais remarqué combien ce nom, Odet, est à la fois frais et doux à prononcer.
    – Oui, fit la mère Perrine avec le plus grand sérieux, cependant que son regard pétillait de plus en plus, il arrive toujours un moment où l’on fait ainsi des découvertes qui vous étonnent. Et vous dites qu’il est digne d’être aimé, ce brave gentilhomme ?
    – Si je pouvais aimer, c’est sûrement celui-là que j’aimerais, avoua franchement Brin de Muguet. Et si vous saviez comme il est brave et hardi, malgré ses airs doux et timides, et fort, oh ! si fort, malgré ses allures de gentil damoiseau !
    Ici, récit bref, mais combien enthousiaste, des exploits de Valvert, Landry Coquenard arraché à la meute de Concini, le roi sauvé d’une mort certaine, la magistrale correction infligée à Rospignac et à ses lieutenants. Rien ne fut oublié.
    – Jésus ! s’émerveilla la mère Perrine, mais c’est un preux, un paladin, que

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