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La Fin de Pardaillan

Titel: La Fin de Pardaillan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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qu’elle s’attendait à tout, hormis à ces paroles-là. Et comme si elle ne pouvait en croire ses oreilles, elle bégaya :
    – Vous dites ?… Répétez !…
    Il se sentit un peu soulagé… Certes la réponse, si on peut appeler cela une réponse, n’était pas de nature à le rassurer en le fixant. Mais il n’était pas éconduit sans ménagement, comme il avait cru un instant, d’après son attitude, qu’il le serait. Cette attitude elle-même s’était déjà modifiée : elle n’était plus hostile. C’était peu. Ce peu était énorme pour lui. Il répéta. Et comme il se sentait un peu plus d’assurance, il précisa et développa un peu plus sa réponse :
    – Je vous aime, dit-il avec une inexprimable douceur, je vous aime depuis longtemps… Depuis le jour, où, pour la première fois, je vous ai aperçue vendant vos fleurs moins fraîches et jolies que vous… Vous n’avez peut-être pas remarqué, vous… mais depuis cette fois, tous les jours je me suis trouvé sur votre passage, tous les jours je vous ai acheté une fleur… Ces fleurs, que votre main avait touchées, je les ai précieusement gardées, toutes, toutes… elles reposent desséchées dans un petit coffret. Depuis ce jour, votre image ne m’a plus quitté un seul instant. Et tout de suite, j’ai fait ce rêve de faire de vous la compagne adorée et respectée de ma vie. Mais j’étais pauvre alors. Avec mon nom et mon titre, je ne pouvais que vous offrir de partager ma misère. Et je vous voulais riche, heureuse, parée comme une madame. J’ai attendu… j’ai eu le courage d’attendre. Jamais, je ne me suis permis de vous adresser la parole, si ce n’est pour acheter vos fleurs… Et cependant, je vous suivais tous les jours, je veillais sur vous… de loin, et je vous jure que ce n’était pas l’envie qui me manquait de vous parler… Mais quoi, les seules paroles qu’un honnête homme comme moi pouvait dire à une honnête femme comme vous, ma pauvreté m’interdisait de les prononcer. Je me suis tu. Aujourd’hui, je ne suis pas riche, certes, mais j’ai une situation brillante. Quoi qu’il arrive, je puis vous assurer un sort digne de vous. Aujourd’hui, je puis parler. Et c’est pourquoi je vous répète : Voulez-vous faire de moi le mortel le plus heureux de la terre en consentant à devenir ma femme ?
    Elle l’avait écouté avec une attention aiguë, comme si, hésitant encore à en croire ses oreilles, elle voulait bien se pénétrer de ses paroles pour se convaincre. Elle n’avait pas eu un mot, pas un geste pour l’interrompre. Elle hochait doucement la tête, semblant approuver par-ci, par-là. Quand il eut fini, quand elle eut entendu qu’il renouvelait sa demande en mariage avec un respect, une sincérité dont il eût été criminel de douter, elle se mit à rire doucement, très doucement. Et brusquement, elle éclata en sanglots convulsifs. Bouleversé par ces larmes imprévues qui coulaient à flots, il s’effara :
    – Quoi, alors que dans mon cœur il n’y a que respect et vénération pour vous, aurais-je eu cet affreux malheur de laisser tomber quelque parole offensante !…
    Et s’emportant :
    – Je veux m’arracher cette misérable langue qui n’a pas su…
    – Laissez, interrompit-elle avec douceur, laissez-moi pleurer, de grâce !… Ces larmes sont douces, ces larmes consolent… Ce sont des larmes de bonheur…
    – Puissances du ciel ! Vous m’aimez donc ?… Inconsciemment cruelle, comme toute femme qui n’aime pas, elle répondit franchement :
    – Non…
    Et sans remarquer qu’il chancelait sous le coup qui l’atteignait en plein cœur, sans voir la lividité et l’angoisse de ce pauvre visage convulsé par la douleur, l’œil rêveur, perdu dans le vague, pendant que de grosses larmes coulaient sur ses joues satinées sans qu’elle songeât à les essuyer, pour elle-même plus que pour lui, elle expliqua d’où lui provenait cette joie puissante qui se traduisait par une crise de larmes :
    – Tous les hommes que j’ai rencontrés se sont crus le droit de m’insulter de leur amour… parce que je suis pauvre, sans famille, sans nom, abandonnée de tous… Tous, ils voulaient bien de moi pour maîtresse. Aucun n’a pensé que la pauvre fille sans nom pouvait être une honnête fille, ayant le respect de soi-même… En voici enfin un, le premier, qui a compris… qui pense que je puis être une honnête femme, tout comme celles qui ont

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