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La Flèche noire

La Flèche noire

Titel: La Flèche noire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Louis Stevenson
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descendirent doucement un chenal étroit près de la rive opposée. Hughes tenait l’eau au milieu du courant.
    – Il faut que je vous fasse aborder ici dans les saules, dit-il.
    – Mais il n’y a pas de sentier, rien que du limon et des fondrières, répondit Richard.
    – Maître Shelton, répliqua Hughes, je n’ose pas vous faire aborder plus près, et dans votre intérêt maintenant. Il me surveille le bac, appuyé sur son arc. Tout ce qui passe et dépend de Sir Daniel, il les tue comme des lapins. Je l’ai entendu le jurer sur la croix. Si je ne vous avais connu depuis longtemps… oui, voilà bien longtemps… je vous aurais laissé aller   ; mais en souvenir des jours passés, et à cause de ce jouet que vous avez avec vous, qui n’est pas fait pour la bataille et les blessures, j’ai risqué mes deux pauvres oreilles pour vous passer sain et sauf. Contentez-vous de ça   ; je ne peux pas faire plus, sur mon salut   !
    Hughes parlait encore, courbé sur ses rames, lorsqu’un grand cri sortit des saules de l’île, et l’on entendit dans le bois comme le bruit d’un homme vigoureux qui se fraye un chemin à travers les branches.
    – La peste   ! cria Hughes. Il a été tout le temps dans l’île d’en haut   ! Il dirigea droit sur le rivage. Menacez-moi de votre arc, bon Dick   ; visez-moi bien en face, ajouta-t-il. J’ai essayé de sauver vos peaux, sauvez la mienne à votre tour   !
    Le bateau se jeta contre un épais fourré de saules avec un craquement. Matcham, pâle, mais ferme et alerte, sur un signe de Dick courut le long des bancs de rameurs et sauta sur la berge   ; Dick, prenant le cheval par la bride, tâcha de suivre   ; mais, soit à cause de la taille du cheval, soit à cause de l’épaisseur du fourré, ils ne pouvaient avancer. Le cheval hennit et rua, et le bateau qui flottait dans un remous allait et venait et plongeait avec violence.
    – Il n’y a pas moyen, Hughes, on ne peut pas atterrir ici, cria Dick, tout en se débattant vigoureusement dans le taillis touffu avec l’animal effaré.
    Un homme de haute taille parut au bord de l’île, un arc à la main. Dick le vit un instant du coin de l’œil bandant son arc avec grand effort et tout rouge tant il s’était pressé.
    – Qui va là   ? cria-t-il à Hughes, qui est là   ?
    – C’est maître Shelton, John, répondit le passeur.
    – Arrêtez, Dick Shelton, cria l’homme de l’île. On ne vous fera pas de mal, par la croix   ! Arrêtez   ! Revenez, passeur Hughes.
    Dick fit une réponse ironique.
    – Eh bien alors vous irez à pied, répliqua l’homme en lançant une flèche.
    Le cheval, frappé par le trait, dans son agonie fit des mouvements de frayeur   ; le bateau se retourna et, l’instant d’après, tous se débattaient dans les tourbillons de la rivière.
    Quand Dick revint sur l’eau, il était à un yard environ de la berge, et, avant que sa vue ne se fût éclaircie, sa main se ferma sur quelque chose de solide et de fort qui aussitôt le tira en avant. C’était la cravache que Matcham, rampant sur un saule dont les branches s’avançaient sur l’eau, avait au bon moment offerte à son étreinte.
    – Par la messe, lui dit Dick en prenant pied sur le rivage, voilà une vie que je vous dois, car je nage comme un boulet de canon. Et il se tourna immédiatement vers l’île.
    Au milieu de la rivière, Hughes le passeur nageait avec son bateau la coque en l’air, tandis que Jean-des-Marais, furieux du mauvais résultat de son coup, lui criait de se dépêcher.
    – Venez, John, dit Shelton, il faut courir   ! Avant que Hughes ait halé son bateau de l’autre côté où, tous les deux, ils pourront le remettre droit, il faut que nous soyons déjà loin.
    Et, joignant l’exemple à la parole, il se mit à courir, faisant mille détours parmi les saules et dans les endroits marécageux, sautant de touffe d’herbes en touffe d’herbes.
    Il n’avait pas le temps de se rendre compte de la direction qu’il prenait, tout ce qu’il pouvait faire, était de tourner le dos à la rivière et de courir de toutes ses forces.
    Bientôt, cependant, le terrain commença à monter, ce qui prouvait qu’il était bien dans la bonne direction et, bientôt après ils arrivèrent à un talus de tourbe solide où des ormes commençaient à se mêler aux saules.
    Mais là, Matcham, qui se traînait loin en arrière, se jeta par terre.
    – Laissez-moi, Dick, dit-il haletant, je

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