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La Flèche noire

La Flèche noire

Titel: La Flèche noire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Louis Stevenson
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n’en peux plus.
    Dick se retourna et revint vers l’endroit où son compagnon était étendu.
    – Quoi   ! John, te laisser, cria-t-il, ce serait vraiment une vilenie, quand tu as risqué une flèche et un plongeon, même une noyade, pour me sauver la vie. Une noyade, en vérité, car les saints pourraient seuls dire comment il se fait que je ne vous ai pas entraîné avec moi.
    – Non, dit Matcham, nous aurions été sauvés tous deux, car je sais nager.
    – Vraiment   ? dit Dick en ouvrant les yeux. C’était le seul talent masculin dont il était incapable et dans l’ordre des choses qu’il admirait le plus, savoir nager venait de suite après le fait d’avoir tué un homme en combat singulier. Eh bien, cela m’apprendra qu’il ne faut mépriser personne. Je vous ai promis de prendre soin de vous jusqu’à Holywood, mais, par la croix, John, je crois que vous êtes plus capable de prendre soin de moi.
    – Eh bien, Dick, nous sommes amis à présent, dit Matcham.
    – Mais nous n’avons jamais été ennemis, répondit Dick. Vous êtes un brave garçon à votre manière, bien qu’un peu poule-mouillée. Je n’ai jamais rencontré votre pareil jusqu’ici. Mais, je vous en prie, reprenez haleine et marchons. Ce n’est pas le moment de bavarder.
    – Mon pied me fait bien du mal, dit Matcham.
    – Bon, j’avais oublié votre pied, répliqua Dick. Eh bien   ! marchons plus doucement. Je voudrais savoir exactement où nous sommes. J’ai absolument perdu le chemin   ; peut-être cela vaut mieux. Car, puisqu’on surveille le gué, on doit aussi surveiller le chemin. Je voudrais que Sir Daniel soit revenu avec une quarantaine d’hommes, ils me balayeraient ces coquins comme le vent balaye les feuilles. Venez, John, appuyez-vous sur mon épaule, pauvre diable. Mais non, vous n’êtes pas assez grand. Je me demande quel âge vous avez   ?… douze ans   ?
    – J’ai seize ans, dit Matcham.
    – Vous n’avez guère grandi, alors, répondit Dick. Mais donnez-moi la main. Nous irons doucement, ne craignez rien. Je vous dois la vie   ; le bien et le mal, je rembourse tout, Jack.
    Ils commencèrent à gravir la pente.
    – Nous trouverons bien la route, tôt ou tard, continua Dick, et alors tout ira bien. Par la messe, votre main est bien mince, John. Si j’avais une main comme celle-là, j’en aurais honte. Je vais vous dire, ajouta-t-il avec un rire étouffé, je vous jure par la messe que Hughes vous a pris pour une femme.
    – Jamais de la vie   ! dit l’autre devenant cramoisi.
    – C’est vrai, je le parie. Ce n’est pas étonnant de sa part. Vous avez plutôt l’air d’une femme que d’un homme, et je dirai même plus, vous êtes un drôle de type pour un garçon, mais pour une fille, John, vous seriez vraiment gentille. – Vous seriez une jolie fille.
    – Mais vous savez bien que je n’en suis pas une.
    – Oui, je sais, je plaisante, dit Dick. Vous serez un homme pour votre mère, John, vivat, mon brave   ! Vous donnerez de fameux coups. Lequel de nous deux, je me demande, sera fait le premier chevalier, car je veux être chevalier, John, ou mourir pour cela. Sir Richard Shelton, chevalier, cela sonne bien. Mais Sir John Matcham ne fait pas mal non plus.
    – De grâce, Dick, arrêtons-nous que je boive, dit l’autre, s’arrêtant près d’une petite source sortie du talus et enfermée dans un petit bassin de gravier grand comme une poche. Et Dick, si je pouvais avoir quelque chose à manger   !… J’ai si faim que j’en ai mal au cœur.
    – Pourquoi, diable, n’avez-vous pas mangé à Kettley   ? demanda Dick.
    – J’avais fait un vœu, c’était un péché auquel j’avais été entraîné, balbutia Matcham. Mais à présent je mangerais gloutonnement, ne fût-ce que du pain sec.
    – Asseyez-vous alors et mangez, dit Dick, pendant que je vais explorer un peu en avant pour voir où est la route. Et il prit un bissac à sa ceinture où il avait du pain et du lard   ; pendant que Matcham mangeait de bon cœur, il s’avança entre les arbres.
    Un peu au delà, il y avait dans le terrain une dépression, d’où filtrait, parmi les feuilles mortes, un ruisselet, et encore un peu plus loin, les arbres étaient mieux venus et le chêne et le hêtre remplaçaient le saule et l’orme. Le son continu du vent parmi les feuilles couvrait suffisamment le bruit des pas sur les glands   ; c’était à l’oreille ce qu’est à l’œil une nuit sans

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