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La Flèche noire

La Flèche noire

Titel: La Flèche noire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Louis Stevenson
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l’aube   : les oiseaux ne chantaient pas encore à pleine gorge, mais gazouillaient çà et là dans le bois   ; le soleil n’était pas encore levé, le ciel était seulement, à l’est, barré de couleurs solennelles. À demi morts de faim et surmenés comme ils étaient, ils restaient couchés sans bouger, plongés dans une lassitude délicieuse. Et, comme ils étaient ainsi, le son d’une clochette frappa soudain leurs oreilles.
    – Une cloche   ! dit Dick s’asseyant, sommes-nous donc si près de Holywood   !
    Un instant après la cloche résonna de nouveau, mais cette fois un peu plus près et ensuite, toujours se rapprochant, elle continua à sonner irrégulièrement et au large dans le silence du matin.
    – Qu’est-ce que cela veut dire   ? dit Dick, maintenant tout à fait éveillé.
    – C’est quelqu’un qui marche, répliqua Matcham et la cloche résonne toujours quand il marche.
    – Je vois bien cela, dit Dick, mais pourquoi   ? que fait-il dans les bois de Tunstall   ? Jack, ajouta-t-il, moquez-vous de moi si vous voulez, mais je n’aime pas ce son creux.
    – Non, dit Matcham, avec un frisson, cela donne une note lugubre. Si le jour n’était pas venu…
    À ce moment la cloche hâtant le pas se mit à sonner à coups pressés, puis le marteau frappa un son fort et discordant, enfin elle se tut pour un moment.
    – On dirait que le porteur a couru pendant le temps d’un pater et a ensuite sauté la rivière, dit Dick.
    – Et à présent il recommence à marcher tranquillement, ajouta Matcham.
    – Non, répliqua Dick, non Jack, pas si tranquillement. C’est un homme qui marche très vite. C’est un homme qui craint pour sa vie ou qui a quelque affaire pressée. N’entendez-vous pas comme le battement se rapproche vite   ?
    – Il est tout près maintenant, dit Matcham.
    Ils étaient alors sur le bord du creux, et comme ce creux lui-même se trouvait sur une petite éminence, ils commandaient la vue sur la plus grande partie de la clairière jusqu’au bois épais qui la terminait.
    Le jour qui était très clair et gris leur montra le ruban blanc d’un sentier serpentant parmi les ajoncs. Il passait à quelque cent mètres du creux et traversait la clairière de l’est à l’ouest. À sa direction Dick jugea qu’il conduisait plus ou moins directement à Moat-House.
    Sur ce sentier, sortant de la lisière du bois, une forme blanche apparut. Elle s’arrêta un instant et sembla regarder autour d’elle, puis, à pas lents, courbée presque en deux, elle s’avança sur la bruyère   ; à chaque pas la cloche sonnait. Pas de tête, un capuchon blanc qui n’était même pas percé de trous pour les yeux voilait la face   ; et à mesure que cette forme avançait, elle semblait tâtonner et chercher son chemin en frappant le sol avec un bâton. Une peur saisit les garçons, froide comme la mort.
    – Un lépreux   ! dit Dick d’une voix rauque.
    – Son attouchement est la mort, dit Matcham, sauvons-nous.
    – Non pas, répliqua Dick. Ne voyez-vous pas qu’il est aveugle   ? Il se guide avec un bâton. Restons tranquilles, le vent souffle vers le sentier, il passera et ne nous fera pas de mal. Hélas   ! pauvre malheureux, nous devrions plutôt le plaindre   !
    – Je le plaindrai quand il sera loin, répliqua Matcham.
    Le lépreux aveugle était maintenant à mi-chemin vers eux, et, à ce moment, le soleil se leva et brilla en plein sur sa face voilée. Il avait été grand avant que la dégoûtante maladie l’eût courbé et même il marchait encore d’un pas vigoureux. Le lugubre battement de sa cloche, le tâtonnement de son bâton, l’étoffe couvrant sa face et la certitude qu’il était non seulement voué à la mort et à la souffrance, mais séparé pour toujours de l’approche de ses semblables, remplissait l’âme des jeunes gens d’épouvante, et à chaque pas qui le rapprochait d’eux leur courage et leur force semblaient les abandonner.
    Lorsqu’il arriva à peu près en face du creux, il s’arrêta et tourna sa figure droit vers eux.
    – Marie me protège   ! il nous voit, dit Matcham d’une voix éteinte.
    – Chut   ! murmura Dick, il ne peut qu’écouter. Il est aveugle, idiot   !
    Le lépreux, regarda ou écouta, peu importe, pendant quelques secondes. Puis il se remit en marche, mais bientôt, s’arrêta de nouveau, se retourna et sembla regarder les jeunes gens. Dick lui-même devint blanc comme un mort et ferma

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