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La Flèche noire

La Flèche noire

Titel: La Flèche noire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Louis Stevenson
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le lépreux se précipita dans la clairière et courut droit sur les jeunes gens. Ils se séparèrent en hurlant et se mirent à courir de côtés différents. Mais leur horrible ennemi s’attacha à Matcham, courut vivement sur lui et le fit presque aussitôt prisonnier. Le garçon poussa un cri que l’écho répéta au loin dans la forêt, il eut comme un spasme de résistance, puis tous ses membres se détendirent et il tomba inanimé dans les bras de son vainqueur.
    Dick entendit le cri et se retourna. Il vit tomber Matcham, et à l’instant sa force et son courage lui revinrent. Avec un cri de pitié et de colère il détacha et banda son arbalète. Mais avant qu’il eût le temps de tirer, le lépreux leva la main   :
    – Ne tirez pas, Dick   ! cria une voix familière. Ne tirez pas, mauvais plaisant   ! ne reconnaissez-vous pas un ami   ?
    Et couchant Matcham sur le gazon, il défit le capuchon qui lui couvrait la figure et montra les traits de Sir Daniel Brackley.
    – Sir Daniel   ! s’écria Dick.
    – Oui, par la messe, Sir Daniel   ! répliqua le chevalier. Voulez-vous tirer sur votre tuteur, coquin   ? Mais voici ce… Et il s’interrompit, et montrant Matcham, demanda… Comment l’appelez-vous, Dick   ?
    – Eh, dit Dick, je l’appelle maître Matcham. Ne le connaissez-vous pas   ? Il disait que vous le connaissiez   !
    – Oui, répliqua Sir Daniel, je connais ce garçon   ; et il ricana. Mais il s’est évanoui, et, par ma foi, il aurait pu se trouver mal à moins. Hé   ! Dick   ? Vous ai-je fait une mortelle peur   !
    – Oui, vraiment, Sir Daniel, dit Dick en soupirant rien qu’à ce souvenir. Ah   ! Monsieur, sauf votre respect, j’aurais autant aimé rencontrer le diable en personne   ; et, pour dire la vérité, j’en suis encore tout tremblant. Mais que faisiez-vous sous un tel déguisement   ?
    La colère assombrit soudain le front de Sir Daniel.
    – Ce que je faisais   ? dit-il. Vous faites bien de me le rappeler   ! Quoi   ? Je me cachais pour sauver ma pauvre vie dans mon propre bois de Tunstall, Dick. Nous avons été malheureux à la bataille, nous sommes juste arrivés pour être balayés dans la déroute. Où sont tous nos braves gens d’armes   ? Par la messe, Dick, je n’en sais rien   ! Nous avons été balayés, les coups tombaient drus sur nous   ; je n’ai pas vu un homme portant mes couleurs depuis que j’en ai vu tomber trois. Quant à moi, je suis arrivé sain et sauf à Shoreby, et me méfiant de la Flèche-Noire, je me suis procuré cette robe et cette cloche, et suis venu doucement sur le chemin de Moat-House. Il n’y a pas de déguisement comparable à celui-ci   ; le tintement de cette cloche ferait fuir le plus solide outlaw de la forêt   ; ils deviendraient tous pâles rien qu’à l’entendre. Enfin j’arrivai près de vous et de Matcham. Je ne pouvais voir que très mal à travers ce capuchon et n’étais pas sûr que ce fût vous, étonné surtout, pour bien des raisons, de vous trouver ensemble. De plus, dans la clairière, où il me fallait aller lentement en me servant de mon bâton, je craignais de me découvrir. Mais voyez, ajouta-t-il, ce pauvre malheureux reprend un peu vie. Un peu de bon canarie (1) le remettra.
    Le chevalier sortit de dessous sa robe une forte bouteille et se mit à frotter les tempes et, à mouiller les lèvres du patient qui revint peu à peu à lui et roula de l’un à l’autre des yeux ternes.
    – Quelle joie, Jack   ! dit Dick. Ce n’était pas un lépreux   ; c’était Sir Daniel   ! Voyez   !
    – Avalez-moi une bonne gorgée de ceci, dit le chevalier. Cela vous donnera de la virilité. Ensuite je vous ferai manger tous les deux et nous irons tous trois à Tunstall. Car, Dick, continua-t-il, tout en déposant sur l’herbe du pain et de la viande, je vous avouerai en bonne conscience, qu’il me tarde fort d’être à l’abri entre quatre murs. Jamais, depuis que j’ai monté un cheval, je ne me suis trouvé en si mauvaise posture   : danger de mort, craintes pour mes terres et mes richesses, et, pour comble, tous ces gredins du bois qui me pourchassent. Mais je ne suis pas encore à bas. Quelques-uns de mes hommes retrouveront bien leur chemin, Hatch en a dix   ; Selden en avait six. Bah   ! nous serons bientôt encore forts   ; et si je peux seulement acheter ma paix avec mon très fortuné et indigne Lord d’York, eh bien   ! Dick, nous serons de nouveau un

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