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La Flèche noire

La Flèche noire

Titel: La Flèche noire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Louis Stevenson
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vide.
    – Je paierai, dit l’autre… Je paierai. Je voudrais voir ce qu’il en retourne, je crois sur ma conscience qu’il y a de l’or là-dedans.
    – Non, si vous recommencez à boire, tout est perdu   ! cria Tom.
    – Compère Arblaster, vous permettez trop de liberté à votre homme, répliqua maître Pirret. Vous laisserez-vous mener par un homme à gages   ? Fi   ! fi   !
    – Paix, garçon   ! dit Arblaster, s’adressant à Tom. Rengaine ton aviron. Une belle passe vraiment, quand l’équipage corrige le capitaine   !
    – Eh bien, allez votre chemin, dit Tom. Je m’en lave les mains.
    – Alors, mettez-le sur pieds, dit maître Pirret. Je connais un endroit écarté, où nous pourrons boire et causer.
    – Si je dois marcher, mes amis, il faut me détacher les pieds, dit Dick, quand il eut été de nouveau planté droit comme un piquet.
    – Il a raison, dit Pirret en riant. Vraiment il ne pourrait pas marcher, arrangé comme le voilà. Coupez-moi ça… votre couteau, et coupez, compère.
    Arblaster lui-même s’arrêta à cette proposition, mais comme son compagnon insistait toujours, et que Dick eut le bon sens d’affecter l’indifférence d’une souche, et se contenta de hausser les épaules devant cette hésitation, le capitaine consentit enfin, et coupa les cordes qui attachaient les pieds et les jambes de son prisonnier. Cela ne permit pas seulement à Dick de marcher, mais tout l’enlacement de ses attaches étant relâché d’autant, il sentit que le bras derrière son dos commençait à remuer plus librement, et il espéra pouvoir, avec du temps et de la patience, se dégager entièrement. Il devait déjà cela à la bêtise aveugle et à la convoitise de maître Pirret.
    Ce digne personnage prit la tête et les conduisit à la même taverne grossière où Lawless avait conduit Arblaster la nuit de la tempête. Elle était alors complètement déserte, le feu était une pile de tisons ardents, et répandait une chaleur torride   ; et, quand ils eurent choisi leurs places, et que l’aubergiste eut posé devant eux une cruche d’ale chaude et épicée, Pirret et Arblaster étendirent leurs jambes et installèrent leurs coudes comme des gens disposés à passer un bon moment.
    La table à laquelle ils étaient assis, comme toutes celles de la taverne, consistait en une forte planche carrée placée sur deux barriques   ; et chacun des quatre compères si bizarrement assortis s’assit d’un côté du carré, Pirret faisant face à Arblaster, et Dick opposé au matelot.
    – Et à présent, jeune homme, dit Pirret, à votre histoire. Il paraît vraiment que vous avez quelque peu maltraité notre compère Arblaster   ; mais quoi   ? Dédommagez-le, montrez-lui cette chance de devenir riche… et je me porte garant qu’il vous pardonnera.
    Jusque-là, Dick avait parlé à tort et à travers   :mais il fallait maintenant, sous la surveillance de six yeux, inventer et raconter quelque histoire merveilleuse, et, s’il était possible, de reprendre le très précieux cachet. Gagner du temps était la première nécessité. Plus longtemps il resterait, plus ses geôliers boiraient, et il serait d’autant plus sûr de réussir, quand il tenterait son évasion.
    Dick n’était pas très inventif, et ce qu’il leur raconta ressemblait assez à l’histoire d’Ali Baba, avec Shoreby et la forêt de Tunstall substitués à l’Orient, et les trésors de la caverne plutôt exagérés que diminués. Comme le lecteur sait, c’est un conte excellent, qui n’a qu’un défaut… c’est de n’être pas vrai   ; mais comme ces trois simples marins l’entendaient pour la première fois, les yeux leurs sortaient de la tête, et ils ouvraient la bouche comme une morue à l’étal d’un marchand de poisson.
    Bientôt une seconde cruche d’ale épicée fut demandée, et, pendant que Dick continuait à raconter avec art les incidents de son histoire, une troisième suivit.
    Voici quelle était vers la fin leur situation respective   :
    Arblaster aux trois quarts gris et à moitié endormi, flottait impuissant sur son escabeau. Tom lui-même avait été ravi par l’histoire, et sa vigilance en était diminuée. Pendant ce temps, Dick avait peu à peu dégagé son bras droit de ses liens, et était prêt à risquer le tout.
    – Et ainsi, dit Pirret, vous êtes sûr d’eux.
    – On m’a pris, répliqua Dick, malgré moi, mais si je pouvais avoir un sac d’or ou deux

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