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La Flèche noire

La Flèche noire

Titel: La Flèche noire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Louis Stevenson
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suivante ses ennemis l’attaquaient, et lui, de nouveau, chargea et se déroba, sauta, frappa, tomba sur les genoux, se servant indifféremment de l’épée et de la dague, du pied et de la main, avec le même courage indompté, la même énergie fiévreuse et la même soudaineté.
    Mais cet appel perçant avait enfin été entendu. Il y eut une charge étouffée par la neige   ; et, à un moment heureux pour Dick qui voyait déjà les pointes des épées briller près de sa gorge, il sortit de chaque côté du bois un torrent désordonné d’hommes d’armes montés, vêtus de fer, et la visière baissée, tous la lance en arrêt ou l’épée nue levée, et tous portant, pour ainsi dire un passager, sous forme d’archers ou de pages, qui sautèrent l’un après l’autre de leurs perchoirs et doublèrent ainsi la troupe.
    Les premiers assaillants se voyant entourés par un plus grand nombre, jetèrent leurs armes sans mot dire.
    – Emparez-vous de ces gens   ! dit le héros à la trompette   ; et quand son ordre eût été obéi, il s’avança vers Dick et le fixa. Dick, l’examinant à son tour, fut surpris de trouver en quelqu’un qui avait déployé tant de force, d’habileté et d’énergie, un jeune homme, pas plus âgé que lui… légèrement déformé, avec une épaule plus haute que l’autre, et à la physionomie pâle, triste et grimaçante (3) . Les yeux cependant étaient clairs et hardis.
    – Monsieur, dit ce jeune homme, vous êtes venu à temps pour moi et pas trop tôt.
    – Monseigneur, répliqua Dick avec une légère idée qu’il était en présence d’un grand personnage, vous êtes vous-même si étonnamment habile à l’épée, que je crois que vous en seriez venu à bout tout seul. Cependant, ç’a été certainement heureux pour moi que vos hommes ne se soient pas fait attendre plus longtemps.
    – Comment avez-vous su qui j’étais   ? demanda l’étranger.
    – Encore maintenant, Monseigneur, j’ignore à qui je parle.
    – Vraiment   ? demanda l’autre. Et pourtant vous vous êtes jeté ainsi tête baissée dans ce combat inégal.
    – J’ai vu un homme qui se battait vaillamment contre plusieurs, répliqua Dick, et je me serais cru déshonoré, si je ne lui avais porté secours.
    Un sourire railleur parut sur les lèvres du jeune seigneur, quand il répondit   :
    – Voilà de braves paroles. Mais venons au plus important… êtes-vous York ou Lancastre   ?
    – Monseigneur, je n’en fais pas un secret. Je suis tout à fait pour York.
    – Par la messe   ! répliqua l’autre, c’est heureux pour vous.
    Et, à ces mots, il se tourna vers un de ses suivants.
    – Qu’on en finisse, continua-t-il du même ton moqueur et cruel… qu’on en finisse proprement avec ces braves messieurs. Qu’on me les pende.
    Des assaillants, cinq seulement restaient. Les archers les saisirent par les bras, et les menèrent rapidement à la lisière du bois, chacun fut placé sous un arbre de hauteur convenable   ; la corde fut ajustée   ; un archer, portant le bout, vivement grimpa au dessus, et en moins d’une minute, sans un mot de part ni d’autre, les cinq hommes se balançaient, attachés par le cou.
    – Et maintenant, s’écria le chef difforme, retournez à vos postes, et la première fois que je vous appellerai, soyez plus prompts à répondre.
    – Seigneur duc, dit un homme, je vous en supplie, ne restez pas ici seul. Gardez une poignée de lances à portée.
    – Garçon, dit le duc, j’ai négligé de vous reprocher votre lenteur. Ne me contredites donc pas. J’ai confiance en mon bras et en ma main, quoique je sois bossu. Vous étiez en arrière quand la trompette a sonné   ; et vous êtes à présent trop en avant avec vos conseils. Mais il en est toujours ainsi   ; le dernier avec la lance et, le premier avec la langue. Que ce soit le contraire   !
    Et d’un geste qui ne manquait pas d’une sorte d’inquiétante noblesse, il les éloigna.
    Les piétons regrimpèrent sur leurs sièges, derrière les hommes d’armes, et toute la troupe s’éloigna lentement et disparut en vingt directions différentes, sous le couvert de la forêt.
    Le jour commençait alors à poindre et les étoiles à disparaître. La première teinte grise de l’aurore brillait sur les deux jeunes gens qui, de nouveau, se regardèrent.
    – Eh bien, dit le duc, vous avez vu ma vengeance, qui est, comme ma lame, prompte et bonne. Mais je ne voudrais pas, pour

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