La France et les étrangers: du milieu du XIXe siècle à nos jours
évident qu'il suivait la même trajectoire qu'une météorite clas-
sique, de manière contrôlée toutefois. Les ordinateurs de la Défense purent indiquer trente-huit minutes à
l'avance que le point d'impact se situerait aux environs d'Elko.
-Juste assez tôt pour faire fermer la nationale 80, dit Ernie Block, et appeler Falkirk et sa brigade du Gisa.
-Ils étaient en manoeuvres tout près d'ici au sud de l'Idaho. Un vrai coup de chance. Ou de malchance.
Cela dépend de votre point de vue.
- Votre point de vue, je ne le connais que trop bien ! ª
Le colonel Falkirk se tenait dans l'encadrement de la porte.
Découvrant Falkirk pour la première fois, Ginger se rendit compte à quel point la presse l'avait désavantagé. Il était plus beau, plus imposant-mais aussi plus effrayant-que sur la photo publiée par le Sentinel. Sa mitraillette n'était pas braquée sur le petit groupe, comme celle du lieutenant, mais son allure faussement décontractée était bien plus menaçante que la rigidité toute militaire de Horner. Ginger avait le sentiment qu'il voulait les inciter à tenter quelque chose contre lui pour mieux les abattre. Et quand Falkirk se rapprocha du groupe, elle crut déceler autour de lui une aura-pour ne pas dire une odeur pestilen-tielle-de haine et de folie.
Miles Bennell prit la parole: Ó˘ sont donc vos hommes, colonel ?
- Il n'y a personne, dit Falkirk. Rien que le lieutenant Horner et moi-même. Je ne vois pas l'intérêt d'une démonstration de force. Je suis s˚r qu'en discutant posément nous aboutirons à une situation qui satisfera tout le monde. ª
Ginger avait de plus en plus l'impression que le colonel se moquait d'eux. Il avait l'air d'un enfant qui, détenteur d'un secret, se réjouit de l'ignorance d'autrui. Elle vit que Bennell était tout aussi déconte-nancé par l'attitude détendue de Falkirk.
´ Poursuivez votre discussion, dit le colonel en con-
sultant sa montre. Pour l'amour du ciel, ne vous déran-gez pas pour moi. Je suis certain que vous avez encore beaucoup de questions.
-Oui, dit Sandy. Docteur, o˘ sont les... les gens qui conduisaient ce vaisseau ?
- Ils sont morts, dit Bennell. Ils étaient huit, mais ils sont tous morts avant d'arriver. ª
Une pointe de regret perça le coeur de Ginger et elle vit qu'il en allait de même pour ses compagnons. Parker et Jorja émirent un petit cri de surprise, comme s'ils venaient d'apprendre le décès d'un ami.
Ćomment sont-ils morts ? s'enquit Ned. De quoi ? ª
Tout en lançant des coups d'oeil inquiets en direction du colonel, Bennell expliqua: Ávant tout, vous devriez peut-être savoir d'o˘ ils viennent. Nous avons trouvé dans leur vaisseau une sorte d'abrégé de leur culture enregistré sur une chose ressemblant à un vidéodisque. Il nous a fallu plusieurs semaines pour trouver l'appareil de diffusion et un bon mois pour réussir à le faire marcher. Il fonctionnait toujours, ce qui est vraiment incroyable si l'on considère... ne mélangeons pas tout. L'encyclopédie visuelle est superbe et nous apprend beaucoup en dépit de la barrière de la langue. Cependant, nos spécialistes commencent à déchiffrer leur idiome et nous éprouvons même une sorte de... sentiment de fraternité avec le peuple qui a édifié ce vaisseau.
- Un sentiment de fraternité ! ricana Falkirk.
- Il me faudrait des semaines pour tout vous raconter, poursuivit Bennell sans se préoccuper du colonel.
Mettons qu'il s'agisse d'une espèce voyageuse très ancienne qui, au moment o˘ ce vaisseau a quitté son port d'attache, avait déjà localisé cinq espèces intelligentes dans d'autres systèmes solaires que le nôtre.
- Cinq ! s'écria Ginger. Mais... même si la galaxie abrite de nombreuses formes de vie, c'est vraiment incroyable. Il y a tant d'endroits à visiter, des distances si vastes à parcourir !
- C'est vrai, reconnut Miles Bennell, mais dès le jour o˘ ils se sont dotés du moyen d'aller d'étoile en étoile, ils ont apparemment décidé que c'était pour eux un devoir sacré que de partir en quête des autres intelligences. C'était pour eux comme une religion. Nous avons du mal à les comprendre parfois, mais nous croyons qu'ils se considèrent comme les serviteurs de la force suprême qui a créé l'univers.
- Dieu ? l'interrompit Brendan. Vous voulez dire qu'ils se voient comme des serviteurs de Dieu ?
- En quelque sorte, oui. Bien qu'ils ne cherchent à dif-fuseraucun message religieux. Ils ont seulement
Weitere Kostenlose Bücher