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La fuite du temps

La fuite du temps

Titel: La fuite du temps Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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Gérard raccrocha et s'alluma une cigarette avant de se
diriger vers la salle de télévision alors que sa femme, assise à table,
épluchait les pommes de terre qui seraient servies au souper.
     
    — T'appelles pas
Carole? — Elle doit pas être encore revenue de son ouvrage.
     
    — Qu'est-ce que
t'en sais? Elle m'a dit qu'elle finissait à quatre heures et demie tous les
jours. Il est presque cinq heures. Jean-Louis est à la veille d'arriver.
     
    — Je l'appellerai
une autre fois, s'esquiva le père de famille en entrant dans la pièce voisine
pour allumer le
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    téléviseur. De
toute façon, elle risque pas de faire le voyage pour rien à
Notre-Dame-de-la-Merci, elle est venue me voir juste une fois.
     
    Laurette ne dit
rien, mais elle voyait bien que son mari n'avait pas apprécié que sa cadette
l'ait pratiquement ignoré pendant toute sa convalescence.
     
    Un peu après sept
heures, Denise se présenta chez ses parents en compagnie de ses trois enfants.
     
    — Où est-ce que
Pierre est passé? lui demanda sa mère.
     
    — Il fait le tour
par en arrière pour jeter un coup d'oeil à la Chevrolet de p'pa. Jean-Louis lui
a dit avant-hier qu'elle roulait mal.
     
    — Ça tombe ben.
Ton père est justement là avec ton frère. Entrez. Et vous autres, les enfants,
comment ça se fait que vous avez pas encore embrassé votre grand-mère? J'ai du
sucre à crème. Si vous êtes pas plus fins que ça, vous en aurez pas, les
menaça-t-elle pour rire.
     
    — Voyons, m'man,
vous les gâtez ben trop! protesta Denise. Vous leur avez donné des poules en
chocolat pour Pâques pas plus tard que la semaine passée.
     
    — J'espère qu'ils
ont fini de les manger, dit Laurette en faisant les gros yeux aux trois enfants
qui venaient de l'embrasser. Elles étaient toutes petites.
     
    — Ayez pas peur.
Le soir même, il en restait pas le moindre morceau. Il y en a même qui avaient
mal au coeur d'avoir voulu manger leur chocolat trop vite, pas vrai, Alain? Le
gamin jeta un coup d'oeil de reproche à sa mère, mais il ne dit rien. Au même
moment Pierre Crevier, suivi de son beau-père et de son beau-frère, entra dans
la cuisine par la porte arrière. Laurette déposa sur la table une assiette de
sucre à la crème et servit des rafraîchissements.
     
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    — Puis, vous
devez ben être à la veille de retourner à votre chalet dans le Nord?
demanda-t-elle à sa fille et à son gendre.
     
    — Pas avant une
grosse semaine, madame Morin, répondit Pierre. Je viens de poigner un petit
contrat de menuiserie en dehors de mes heures d'ouvrage au port.
     
    — Je pense même,
m'man, que ça va vous intéresser, poursuivit Denise.
     
    — Comment ça?
s'étonna Laurette.
     
    — Carlo Vaccaro,
un gars qui travaille avec moi, a dit à son père que je me débrouillais pas mal
en menuiserie, dit Pierre.
     
    — Puis? — Ben. Son
père a acheté une vieille maison de la rue Champagne, l'année passée. Il m'a
demandé de changer les cadrages des fenêtres du logement d'en bas parce qu'ils
sont tout pourris.
     
    — C'est la rue où
je restais quand j'étais fille, tint à préciser Laurette.
     
    — Attendez,
m'man, il y a mieux que ça, dit Denise.
     
    Continue, Pierre.
     
    — Le logement que
le père Vaccaro veut que je répare, c'est le 2429. Denise m'a dit que sa
grand-mère avait resté à cette adresse-là. Est-ce que c'est vrai? — Je
comprends que c'est vrai! s'exclama sa belle-mère.
     
    Mon Dieu! Juste
entendre l'adresse, ça me donne des frissons. Je pense que ça fait au moins
vingt ans que je suis pas passée devant la maison, ajouta-t-elle, mélancolique.
     
    — Le temps a pas
dû lui faire du bien, fit remarquer Gérard en éteignant son mégot dans le
cendrier posé sur la table. C'était déjà une vieille cabane dans les années
trente quand je fréquentais ma femme.
     
    — Elle est pas si
mal que ça, monsieur Morin, lui dit son gendre. Je suis allé la voir hier pour
calculer la quantité
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    de bois que je
vais être obligé d'acheter pour faire les cadrages. À part les fenêtres, elle
est ben conservée. On voit qu'elle a été assez ben entretenue.
     
    — Comme ça, t'as
pu entrer dans le logement? lui demanda Laurette, très intéressée.
     
    — Oui. Le père
Vaccaro m'a laissé la clé de l'appartement, le temps de faire l'ouvrage.
     
    — Comment ça? Les
locataires peuvent pas t'ouvrir la porte? lui demanda son beau-père.
     
    — Il y a plus de
locataires depuis

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