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La fuite du temps

La fuite du temps

Titel: La fuite du temps Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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rien dire! s'emporta sa mère.
     
    Tu sais ben que
Jean-Louis cherche à partir, lui aussi, et que ton frère Gilles se marie cet
été.
     
    — Oui, mais c'est
pas encore fait.!3
    — À part ça, ça
va avoir l'air de quoi une fille pas mariée qui se loue un appartement toute
seule? — Aujourd'hui, il y a ben des filles qui font ça, répliqua Carole en
finissant de manger le contenu de son assiette.
     
    — Des
dévergondées, oui! s'exclama Laurette, furieuse.
     
    Moi, en tout cas,
je comprends pas pantoute pourquoi tu veux t'en aller d'ici dedans. T'es pas
ben avec nous autres? Ça te coûte presque rien de pension. Je fais ton lavage
et ton repassage toutes les semaines. Quand t'arrives de travailler, t'as juste
à t'asseoir pour manger...
     
    — Ben oui, m'man.
Je le sais.
     
    — Bonyeu, c'est pas
assez tranquille dans la maison? Qu'est-ce que tu veux de plus? — Rien.
     
    — Est-ce que
c'est parce qu'on te charge trop cher de pension? — Ben non. C'est pas ça,
répondit Carole, agacée par l'insistance de sa mère.
     
    — Je sais pas si
t'as calculé, mais ça te coûterait pas mal plus cher en appartement. Une fois
ton loyer, ton chauffage et ton manger payés, il te resterait plus rien sur ta
paye.
     
    — Je le sais.
     
    — Ça serait fini
le temps où tu pouvais t'acheter du linge neuf presque toutes les semaines
comme tu le fais depuis que tu travailles.
     
    — Écoutez, m'man.
Je suis pas encore partie, fit Carole, lasse de cette conversation. Tout ce que
j'ai dit, c'est que j'aimerais ça essayer de vivre en appartement. Rien de
plus.
     
    Il y a rien de
décidé.
     
    — Naturellement,
toi, t'as rien à dire! dit Laurette en se tournant vers son mari qui n'avait
pas prononcé un seul mot depuis l'arrivée de sa fille.
     
    L'homme de
cinquante-six ans au front légèrement dégarni se contenta de lever les épaules
en signe d'indifférence.
     
    Après avoir
replacé ses lunettes à fine monture d'acier qui avaient glissé sur son nez, il
replongea dans sa lecture.
     
    Mécontente, sa
femme lui jeta un regard furieux et reprit place dans sa chaise berçante placée
près du poêle.
     
    Ses jambes la
faisaient soudainement souffrir. Le visage fermé, elle regarda sa fille finir
son repas. Quand cette dernière alla déposer sa vaisselle sale dans l'évier et
se mit en devoir de la laver, sa mère se leva et s'empara d'un linge propre.
     
    — Laissez faire,
m'man. Je suis capable d'essuyer ma vaisselle.
     
    Laurette ne
répondit rien et fit comme si elle n'avait rien entendu.
     
    — Il y a un film
avec Fernandel au Canal 10, à soir, dit-
    elle sans
s'adresser à personne en particulier dans la pièce.
     
    — Je sors, à
soir. J'ai besoin d'une nouvelle paire de souliers, laissa tomber la jeune
fille.
     
    — Si tu attendais
demain, on pourrait aller magasiner ensemble, lui suggéra sa mère.
     
    — Je veux me
reposer demain.
     
    — OK. En tout
cas, pour à soir, on dirait ben que je vais être encore poignée pour regarder
la télévision toute seule, fit Laurette sur un ton un peu pitoyable. Si encore
on avait un salon pour regarder la télévision en paix...
     
    — Cybole,
Laurette, tu vas pas recommencer tes lamentations! l'interrompit son mari. D'y
a deux ans, Gilles et Jean-Louis ont accepté de coucher dans la même chambre
pour nous laisser un salon parce que t'arrêtais pas de te plaindre que dans la
cuisine t'avais la télévision dans les jambes du matin au soir. Aussitôt que le
salon a été organisé, t'as commencé à te plaindre que tu pouvais plus la
regarder dans la journée et que tu gelais en avant. Fais-toi une idée, taboire!
     
    15
    — Maudit verrat!
C'est pas de ma faute si notre salon ressemble à un frigidaire. On gèle tout rond
dans cet appartement-là.
     
    Il y eut un bref
silence dans la pièce avant que la mère de famille reprenne la parole.
     
    — Si tu veux
attendre encore une couple de mois, tu pourrais avoir les deux chambres d'en
avant quand Gilles.
     
    va être marié. Je
suis sûre que ça ferait l'affaire de Jean-
    Louis de
déménager dans ton ancienne chambre.
     
    — Voyons, m'man.
J'ai pas besoin pantoute de deux chambres. J'aime ben mieux garder ma chambre
en arrière.
     
    Je suis habituée.
     
    — Comme tu
voudras, rétorqua sa mère, à bout de suggestions pour tenter de la retenir à la
maison.
     
    Carole disparut
un instant dans sa chambre à coucher.
     
    Lorsqu'elle
revint dans la cuisine, sa mère

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