La fuite du temps

voyant en tirer une enveloppe.
     
    — Donne-moi une
chance de l'ouvrir et tu vas le savoir, répondit Gérard en ouvrant l'enveloppe.
     
    Il lut la feuille
qu'il venait de déplier en ne donnant pas l'impression d'avoir très bien
compris ce qui était écrit.
     
    Les gens présents
dans la salle attendaient patiemment de
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    ÉPILOGUE savoir
ce qu'il en était. Ceux qui étaient au courant avaient hâte de voir la réaction
des jubilaires.
     
    — Puis? demanda
Laurette.
     
    Jean-Louis, de
retour derrière le micro, se chargea de répondre à la place de son père.
     
    — M'man, on s'est
tous cotisés pour vous offrir, à vous et à p'pa, un séjour d'une semaine à
Miami, en Floride, cet hiver. Voici vos billets d'avion et votre réservation
dans un motel, ajouta-t-il en sortant une pochette plastifiée de son veston.
     
    — Ben voyons
donc! s'écria Laurette. C'est ben trop!
     
    On n'a jamais pris
l'avion, ton père et moi...
     
    — C'est ben pour
ça qu'on vous donne ça.
     
    Un tonnerre
d'applaudissements éclata dans la salle et certains se mirent à scander: «Un
discours! Un discours!»
     
    Laurette regarda
son mari au moment où Jean-Louis leur tendait le micro.
     
    — Parle, toi,
moi, je suis pas capable, lui dit-elle, la gorge serrée par l'émotion.
     
    Gérard jeta un
coup d'oeil un peu affolé à tous les siens réunis devant lui avant de dire
d'une voix un peu tremblante: — C'est ben la première fois que ma femme me
laisse parler à sa place, dit-il. Merci, merci beaucoup.
     
    — Oui, merci,
reprit Laurette en s'emparant du micro à son tour. C'est ben trop. Ça en est
gênant.
     
    On applaudit
encore le couple de septuagénaires qui entreprit alors de faire la tournée des
tables pour remercier leurs enfants et petits-enfants d'être venus les fêter.
Dès que les tables furent débarrassées, les jeunes et les moins jeunes se
mirent à danser.
     
    — Puis, êtes-vous
contents de votre petite fête? demanda Richard à ses parents, qui venaient de
s'arrêter à la table où il était assis avec Jean-Louis et Gilles.
     
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    — Vous avez fait
des folies, les enfants, dit Laurette.
     
    Vous auriez pas
dû autant dépenser.
     
    — Ben non, m'man,
je suis sûre que vous allez aimer ça, Miami, intervint Denise en s'approchant
du groupe en compagnie de sa soeur, Carole.
     
    — Ce qui me fait
peur, c'est qu'on dit pas un maudit mot d'anglais, votre père et moi,
avoua-t-elle.
     
    — Là, m'man, vous
vous faites des peurs pour rien, intervint Richard avec un large sourire. On
vous l'a pas dit, mais Jocelyne et moi, on y va avec vous autres au mois de
janvier. On y est déjà allés, tous les deux. Vous allez voir que c'est ben le
fun de se faire chauffer la couenne au soleil quand on sait que le monde gèle au
Québec.
     
    Quelques minutes
plus tard, les jubilaires remercièrent les Nadeau de s'être déplacés pour venir
les fêter. Laurette avait retardé le plus longtemps possible le moment d'avoir
à adresser la parole à sa belle-soeur qu'elle n'avait jamais beaucoup aimée.
     
    — Tu vas voir ça,
Laurette, tu vas adorer Miami, lui dit Colombe de sa voix précieuse. Rosaire et
moi, on y va passer tout le mois de janvier depuis une dizaine d'années.
     
    Je vais te
téléphoner pour te donner notre adresse. On va pouvoir se voir pendant votre
séjour.
     
    — C'est une bonne
idée, se contenta de répondre Laurette sans grande conviction.
     
    Dès que le couple
eut complété la tournée des tables, Catherine vint s'asseoir près de sa
grand-mère et ne la quitta plus. Pendant que Gérard parlait avec ses beaux-
     
    frères Bernard et
Rosaire, l'aïeule et sa petite-fille s'entretenaient à voix basse, comme deux
complices. De temps à autre, un éclat de rire les secouait.
     
    — Est-ce que tu
vas venir veiller à la maison vendredi prochain? lui demanda Laurette.
     
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    ÉPILOGUE —
Dites-moi pas que vous voulez encore vous faire battre aux cartes, grand-mère,
plaisanta l'adolescente en lui adressant un regard plein d'affection. Si vous
m'invitez à coucher, vous pouvez être sûre que je vais y aller, ajoutât-
    elle.
     
    — Je vais
t'attendre, mais va pas t'imaginer que je vais te laisser gagner aux cartes
comme la semaine passée, par exemple, rétorqua sa grand-mère en lui donnant une
tape sur la main.
     
    Assise depuis
quelques minutes à la même table que sa soeur, Denise, et ses belles-soeurs,
Marthe et Jocelyne, Carole n'avait rien