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La fuite du temps

La fuite du temps

Titel: La fuite du temps Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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fit savoir qu'elle lui verserait le salaire de son mari
durant tout le temps que durerait son congé de maladie.
     
    La semaine
suivante, autre mauvaise nouvelle: Gérard devait être opéré pour réparer les
dommages à son bras et, quelques jours plus tard, Laurette fut prévenue que son
mari allait être envoyé à la maison de convalescence NotreDame-
    de-la-Merci à la
fin de la semaine pour une période de rééducation. Le spécialiste qu'elle
rencontra à l'hôpital, le lendemain après-midi, lui apprit que son mari
finirait par retrouver l'usage presque normal de son bras s'il se pliait à des
séances de physiothérapie quotidiennes durant quelques mois.
     
    506
     
    — Maudite
malchance! jura le patient en apprenant qu'il allait quitter l'hôpital pour une
maison de convalescence plutôt que pour la maison. Cybole! Presque quinze ans
après la tuberculose, me v'ià poigne avec ça.
     
    — Ça va passer,
lui dit Laurette pour le réconforter. Le printemps arrive. Tu vas sortir vite
de là pour revenir à la maison. Encourage-toi en te disant que t'auras pas de
ménage de printemps à faire cette année. Les enfants m'ont offert de se mettre
ensemble pour venir m'aider à ôter les châssis doubles et à laver les murs et
les plafonds.
     
    — Bâtard! Je me
fais l'impression d'être devenu un petit vieux inutile, se plaignit son mari,
la voix chargée d'émotion.
     
    — Tu vas prendre
le dessus, inquiète-toi pas.
     
    De fait, durant
les premières semaines, le convalescent ne sembla pas se rétablir très
rapidement de son accident.
     
    L'institution du
boulevard Gouin le déprimait et il ne s'en cachait pas.
     
    — As-tu vu?
demandait-il à sa femme à voix basse lors de ses premières visites. Il y a
juste des petits vieux ici dedans. J'ai l'impression d'avoir un pied au
cimetière juste à les regarder.
     
    Après quelques
semaines, il n'en resta pas moins que Laurette s'attendit à entendre son mari lui
annoncer qu'il allait rentrer bientôt à la maison, mais il n'en était rien.
     
    Mars prit fin sur
plusieurs journées de pluie qui hâtèrent la fonte des amoncellements de neige
grise accumulée dans la cour. Les dernières plaques de glace fondirent sur les
trottoirs. La Chevrolet bleue, qui avait été entièrement recouverte par les
abondantes chutes de neige du début du mois, réapparut peu à peu. La
température se réchauffa progressivement et permit aux ménagères du quartier de
recommencer à étendre leur linge frais lavé sur les cordes à linge extérieures.
     
    507
    — Tu devrais
t'occuper du char de ton père, suggéra Laurette à Jean-Louis, un soir. Demande
à Pierre ou à Gilles de te donner un coup de main pour l'arranger.
     
    Comme ça, on
n'aura plus besoin de quêter une ride pour aller voir ton père sur le boulevard
Gouin. En plus, tu pourras même t'en servir pour aller travailler.
     
    Le lendemain, il
fallut à peine une heure à Pierre Crevier pour remettre la Chevrolet en état de
marche et Jean-Louis se mit aussitôt en devoir d'astiquer la vieille voiture.
     
    — La rouille l'a
pas manquée cet hiver, dit-il à sa mère après avoir lavé la voiture. Il y a pas
mal de taches dans le bas des portes. Je vais arranger ça Avril arriva enfin en
apportant avec lui un avant-goût de l'été. Laurette continuait à guetter le
moindre signe avant-coureur indiquant que la Dominion Oilcloth entendait
entreprendre bientôt la démolition des vieilles maisons de la rue Emmett. Le
responsable de la collecte des loyers était bien passé le second jour du mois,
mais il s'était refusé à tout pronostic à ce sujet.
     
    — Tout ce que je
sais, madame Morin, avait-il dit, c'est que la compagnie a pas l'intention de
vous faire signer un bail au mois de mai, cette année aussi.
     
    Maintenant,
depuis près de deux mois, la vie s'était organisée autour de Gérard. Ce dernier
ne manquait pas de visiteurs et ne pouvait se plaindre d'être délaissé.
     
    Bernard et Armand
Brûlé lui rendaient visite aussi régulièrement que Colombe et Rosaire. De plus,
chaque enfant se faisait un devoir d'aller voir son père une fois par semaine.
Il n'y avait que Carole qui ne s'était présentée à Notre-Dame-de-la-Merci qu'à
une occasion. Tout dans le comportement de la jeune femme montrait qu'elle
n'avait pas encore pardonné à son père.
     
    Au début du mois,
les fils de Laurette avaient tenu parole et l'avaient aidée sans rechigner à
faire son grand
    508
    ménage

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