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La gigue du pendu

La gigue du pendu

Titel: La gigue du pendu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ann Featherstone
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en ces lieux !
    — On ne peut pas attendre, a soufflé Trim d’une voix inquiète. Allons chercher une échelle ou une planche pour le faire sortir de là au plus vite et ficher le camp. »
    Nous avons laissé une lanterne pour que Pilgrim ne se retrouve pas dans le noir et mes amis ont gravi l’escalier tandis que, derrière eux, je me retournais à chaque marche pour regarder ce pauvre bougre, Dieu merci à présent apaisé. Il m’a souri, adressé un signe de la main, comme si j’allais chercher un peu de lait, et m’a lancé quelques mots d’encouragement.
    « Sois prudent, Bob ! Attention aux marches : elles sont pourries ! N’amène pas Brutus et Néron à la cave, tu veux bien ? C’est un terrain bien trop difficile et dangereux pour des chiens. Même aussi malins que les tiens ! » a-t-il déclaré en riant et tapant dans ses mains.
    Dans les ténèbres épaisses du couloir, Will et Trim sont tombés d’accord que la solution la plus simple et la plus rapide consistait à arracher un morceau de plancher du premier étage.
    « Nous pourrons ainsi jeter une passerelle sur le vide, je pense, a affirmé Will, mais il ne faut pas perdre une minute. »
    Des protubérances semblaient à présent surgir de tous les murs et, dans la boutique, étagères et bibliothèques s’effondraient les unes après les autres, répandant leur contenu par terre en soulevant des nuages de poussière et de toiles d’araignée. Soudain, les fenêtres – des œils-de-bœuf, fort peu communs de nos jours – ont explosé dans une pluie de verre, et j’ai reculé en me protégeant le visage du bras.
    Je n’ai pas entendu venir le Grand Méchant avant qu’il soit à ma hauteur.
    Avant de sentir sa paume sur ma pomme d’Adam, et sa main droite sur mon poignet gauche. Il s’est montré très efficace. J’étais immobilisé, réduit à l’impuissance. Et j’ai failli perdre conscience. S’il avait appuyé un peu plus fort, je serais mort.
    « Où est-elle ? »
    Ton doucereux, mais le temps des politesses était passé. Je sentais le battement de son cœur et son souffle rapide.
    « George Kevill a laissé un paquet. C’est toi qui l’as. Donne-le-moi et je te laisserai partir. Sinon, je t’étrangle sur place. »
    L’espace d’un instant, tout est devenu noir ; puis, un afflux de sang gagna mes oreilles, ma tête lorsqu’il a relâché son étreinte.
    « Allez, je t’ai suivi jusqu’ici. Je sais que tu l’as. » Il a tiré un peu plus sur mon poignet et renversé ma tête en arrière pour me faire perdre l’équilibre. « Moi, j’ai tes chiens. »
    Je savais bien qu’il mentait. Tout ce qui sortait de sa bouche aurait dû lui brûler les lèvres et transformer sa langue en cendres.
    « Ils ne sont pas loin d’ici. Dans la rue d’à côté. Je t’emmènerai les voir. Mais d’abord, je veux le paquet. Vite. »
    Comment aurais-je pu le croire, à présent que je le connaissais ? Il m’avait fait sortir de la boutique et nous étions arrivés dans le couloir. J’entendais Will et Trim qui, là-haut, arrachaient le parquet.
    À nouveau, il a noyé mes oreilles sous ses vagues immondes.
    « Ils sont bien tristes sans toi, Bob Chapman. Je les ai laissés attachés dans la cour. Ils sont dehors, par ce froid glacial. »
    J’ai dégluti, me suis étranglé, tout en me débattant alors qu’il me tordait le poignet.
    « Un gentleman de Putney voulait les offrir à ses filles, mais j’en ai obtenu un meilleur prix sur Ratcliffe Highway 2 . Un type qui organise des combats. »
    Des combats de chiens ! J’avais beau savoir qu’il mentait, je ne pouvais courir ce risque, aussi j’ai acquiescé doucement, me suis agrippé à sa main, et s’il ne m’avait pas maintenu de toute sa poigne, je me serais écroulé.
    « Fais bien attention à toi, mon vieux ! a-t-il lancé d’un ton joyeux. À présent, est-ce que c’est ça ? Dans ton pardessus ? »
    Il s’est montré si prompt que je n’ai pas pu l’arrêter et, en riant, il m’a repoussé.
    « L’expérience, mon cher. On démarre comme apprenti, et à force d’efforts, de pratique, tu vois ça, le Grand Méchant devient le roi de la profession ! »
    Il a à peine regardé le paquet.
    « Kevill, a-t-il marmonné en le rangeant dans sa poche. Un pygmée. Une souris dans l’arène. Un gibier de potence. »
    Un bruit et une lumière soudaine dans le couloir nous ont fait nous retourner en même temps. La porte de

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