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La gigue du pendu

La gigue du pendu

Titel: La gigue du pendu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ann Featherstone
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écrié, sanglotant de souffrance et de passion. Mais en dépit de sa démence, je ne pouvais imaginer qu’il puisse faire du mal à quiconque et, quand il s’est mis à pleurer comme un enfant, j’ai été rempli de pitié pour mon vieil ami. Je voulais aller lui chercher des vêtements propres, panser ses plaies, lui essuyer le visage. Peut-être que moi, je pourrais m’occuper de lui. L’emmener avec moi aux champs de Strong, où Titus, ce bon chrétien, l’accueillerait.
    « Bob Chapman ? Mon ami ? »
    J’ai relevé la lanterne afin qu’il me voie. Un sourire s’est dessiné sur sa figure mais, aussi vite, une ombre est passée.
    « Ne t’approche pas ! Reste là-bas ! »
    (« Ah, n’écoute pas ! Il ne sait rien. Viens là, mon ami. Laisse-moi te serrer la main ! »)
    Il s’est levé et j’ai fait un pas en avant pour saisir sa main tendue. À cet instant, un brouhaha s’est produit au-dessus de nos têtes. Le plafond semblait animé de vagues, une pluie de poussière s’est abattue par les fentes. Si la surprise ne m’avait pas arrêté, si j’avais fait ne serait-ce que trois pas en avant vers Pilgrim, je serais tombé dans un grand trou noir au beau milieu du sol. Heureusement, Will m’a rattrapé à temps en s’écriant « Par les dents du Seigneur ! » et m’a tiré en arrière, au moment où le sol s’effondrait sous mes pieds. La terre meuble s’est dérobée, le sol a tremblé, et nous avons reculé avec précaution en relevant nos lanternes. Elles nous ont révélé un fossé large de deux mètres, béant, plongeant à Dieu sait quelle profondeur dans la terre, d’où s’exhalaient des relents immondes à chaque courant d’air. Les parois étaient escarpées, et nous avons vu des mottes continuer de se détacher dans l’ombre. Pilgrim a glapi, s’est arraché à nouveau les cheveux, vacillant au bord du gouffre, ouvrant des portes imaginaires, repoussant des assaillants invisibles, se battant avec rage contre son double.
    « Il est pris au piège ! s’est exclamé Will tandis que nous regardions, impuissants, de tous côtés. Il doit bien y avoir un moyen pour qu’il contourne ce trou. »
    À cet instant, un nouveau tremblement s’est produit et le sol s’est effondré de plus belle.
    « Reste en arrière, Bob Chapman, a crié Pilgrim, ou la terre t’engloutira ! »
    (« Comme les mioches ! On les a soignés, pourtant, pas vrai, et un jour, ils n’étaient plus là. On les a pris. »)
    « J’ai mis les petits là en bas, et maintenant, ils ont disparu. Il me fouettera pour ça. »
    (« Le petit Freddy Forskyn / Bien serré dans sa peau d’agneau / Faites-le cuire comme un pâté en croûte ! / Donnez à tous une bonne tranche de Freddy / Fondante et bleue, et bien saignante. »)
    Le souvenir de cette terrible et vile comptine m’est revenu en mémoire. Pilgrim connaissait le Grand Méchant. Il l’imitait à la perfection. Les lanternes frémissaient dans les vents coulis qui montaient de la fosse ; au-dessus de nos têtes, le remue-ménage se poursuivait.
    « Il faut qu’on sorte d’ici, a chuchoté Trim.
    — On ne peut pas abandonner ce pauvre diable.
    — Mais le bâtiment menace de s’effondrer ! »
    Pilgrim a levé les yeux en souriant, recouvrant tout à coup son air habituel, et il a applaudi comme un enfant.
    « Il a raison, bien sûr. La maison s’écroule. C’est à cause des travaux, vous savez. Le tunnel en profondeur. Les ingénieurs n’ont pas tenu compte de la qualité du sol et de l’ancienne rivière. Je crois qu’il y en a deux. J’ai consulté cet ouvrage, Rivières et cours d’eau souterrains : première partie, Londres et ses environs , qui indique bien que d’après Flavius (c’est un pseudonyme), autrefois, un affluent de la Fleet (si une telle chose peut exister !) coulait tout près d’ici. Cela paraît extravagant, mais on y trouvait toutes sortes de poissons. Comme des truites. D’où le nom de la rue, Fish Lane. »
    Désormais je savais pourquoi cette puanteur froide et épaisse m’était familière, pourquoi la maison branlait, pourquoi la terre s’était ouverte sous nos pieds. Pourquoi la poussière tombait comme neige en permanence, pourquoi de grosses touffes de champignons poussaient dans les recoins humides. Pourquoi Pilgrim avait matelassé le sol de ces espèces de vieux tapis et d’épaisses couches de journaux.
    Il y avait un tunnel sous nos pieds.
    Barney m’avait même

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