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La gigue du pendu

La gigue du pendu

Titel: La gigue du pendu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ann Featherstone
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derrière était ouverte et, dans l’encadrement, se trouvait Barney, son arme à la main. Le Grand Méchant a reculé.
    « J’ai dit que j’allais vous crever et je vais le faire. Pour mon père.
    — Ton père était un faible. Un mou de veau. Lâche cette pétoire, mon garçon. Rappelle-toi ce qui s’est passé la dernière fois. » Le Grand Méchant avait vite recouvré son calme, pourtant il était nerveux. « Ne laisse pas les cognes te prendre avec ça sur toi. Tu ferais six mois ferme. »
    Il s’exprimait d’un ton suave, sans quitter des yeux le garçon, qui avançait à pas lents dans le couloir, l’arme en main.
    « Vous avez piégé mon père. Il a jamais tué personne, lui. Même pas une fille des rues, non, personne.
    — C’est juste, Barney. Mais il commençait à poser problème. Tu sais ce que je veux dire. Il réfléchissait trop. Il a écrit une lettre, conservé des photographies qui ne lui appartenaient pas. Et mon… associé… n’était pas tranquille.
    — C’est lui, l’oncle qui avait prêté de l’argent à mon père ?
    — C’est lui.
    — Et le salaud, sur les photos ?
    — Aussi.
    — Alors je le crèverai après. »
    Le Grand Méchant a fait un pas en arrière. Il gardait un œil sur la boutique et la porte donnant dehors – ou bien la fenêtre – dans l’espoir de fuir. C’est alors que s’est produit un nouveau grondement, tout s’est mis à trembler sous la maison, les murs vacillaient comme s’ils étaient de papier. Même l’escalier chancelait tandis que Will et Trim descendaient en transportant deux longues planches. Ils se sont arrêtés net en voyant Barney qui avançait, l’arme à la main, et le Gros Lard, qui jacassait tout en essayant de prendre la tangente :
    « Tu n’es pas obligé de nous faire la peau, Barney, ni à lui, ni à moi. Tu pourrais hériter de l’affaire de ton père. Je pense que c’est ça qu’il aurait voulu, tu ne crois pas, mon mignon ? »
    Barney a montré un instant d’hésitation, et l’autre en a profité pour tourner les talons. Mais il s’est pris les pieds dans les tapis et a trébuché. Alors il a tenté de se dégager, a perdu l’équilibre, s’est raccroché à la porte de la cave, et plus il luttait, plus il s’emmêlait dans la nasse des tissus effrangés, dans les couches de papier moisi, dans le parquet qui se délitait. Soudain, il a été projeté en avant, son poids considérable l’a entraîné et il a basculé la tête la première, tel un danseur grotesque, par la porte pourrie. J’ai entendu sa tête cogner contre le mur, ses bras craquer, les talons de ses bottes ricocher contre les marches, et il s’est effondré sur la terre tremblante.
    Pilgrim a poussé un cri, un gémissement.
    A suivi une puissante secousse. Et nous avons vu le Grand Méchant tenter de se raccrocher à l’air, au sol meuble qui se dérobait, avant d’être englouti dans les ténèbres.
    1 - Pilgrim’s Progress ( Le Voyage du pèlerin ), de John Bunyan ; monument de la littérature anglaise du XVII e  siècle, ce conte allégorique narre le voyage initiatique de Chrétien, qui quitte la Cité de la Destruction (notre monde) pour aller vers la Cité céleste (l’Éden).

    2 - Rue de l’Est londonien qui, au XIX e siècle, était célèbre comme haut lieu de prostitution et pour ses liens avec la pègre car s’y déroulaient des combats de chiens, de rats, etc.

18
    Effondrement et chute
    Barney m’a guidé à travers la boutique en plein naufrage jusque dans la rue. Lovegrove et Trim avaient réussi à poser les planches en travers du gouffre pour secourir Pilgrim. Il était temps, car ils venaient de sortir quand la librairie s’est mise à vaciller et, tel un décor de Mr Lombard, a disparu. Le théâtre, lui aussi, a chancelé, une secousse s’est propagée sur le toit poudré de neige, la façade a frémi, et tout s’est écroulé, comme un château de cartes. À mesure que la poussière se dissipait, des tornades de papier s’envolaient, emportées dans le ciel par les bourrasques de l’hiver, et retombaient sur les bâtiments voisins ou dans la rue. La dernière secousse avait mutilé les maisons voisines, des murs s’étaient écroulés, et certains habitants apparaissaient en état de choc ou en pleurs aux fenêtres. L’une des bâtisses avait perdu sa façade. Le fourneau était resté accroché seul à un mur, alors que tout avait disparu. Il était encore allumé et la

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