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La gigue du pendu

La gigue du pendu

Titel: La gigue du pendu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ann Featherstone
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pour mieux voir dans les endroits sombres. Mais nous n’avons découvert que des araignées et de la poussière, malgré ce sentiment persistant que quelqu’un se trouvait là peu de temps auparavant. Si nous étions allés tout de suite à la sortie de derrière, peut-être aurions-nous surpris un intrus dans l’escalier, d’ailleurs nous avons entendu un bruit de pas distinct dans la ménagerie, à l’étage au-dessus – mais il provient toujours des bruits étranges de là-haut.
    J’ai mes petites habitudes et j’apprécie que tout soit bien aménagé. J’aime l’ordre, pouvoir mettre la main sur chaque objet en connaissant avec précision l’endroit où il se trouve, aussi, bien que ma loge derrière le paravent soit minuscule, elle est malgré tout très bien rangée. J’ai des patères pour mon manteau et mes costumes ; une étagère pour ma boîte à thé et ma théière, l’écuelle et les biscuits de mes chiens ; une autre pour les livres, car j’aime lire entre deux représentations ; enfin, il y a les boîtes qui contiennent les accessoires dont nous avons besoin pour notre spectacle. Une pour les balles, une autre pour les œufs (faux, évidemment), encore une pour les rubans et les cordes, une enfin pour les lettres que Brutus apporte et décachette sur scène. Toutes ces boîtes sont bien disposées et soigneusement fermées. Mais pas ce matin-là. Et je ne m’en suis pas rendu compte avant de me préparer pour la première représentation. J’ai alors voulu prendre la boîte aux balles, et je me suis aperçu qu’on l’avait fouillée en replaçant mal le couvercle. Les autres boîtes étaient elles aussi en désordre. Celles qui contenaient la lanterne et le boulet de canon se trouvent toujours en bas : à présent, elles étaient en haut. On avait vidé ma boîte à thé avant d’y remettre le contenu, et la table était semée de feuilles de thé ; jusqu’à la carpette de Brutus et Néron qu’on avait retournée et secouée. Quelqu’un avait pénétré dans ma loge et fouillé en hâte parmi mes affaires, cherchant Dieu sait quoi, puis avait tenté de dissimuler son forfait avec maladresse. Cela me dérangeait plus que je ne l’aurais imaginé, et bien qu’il me soit facile de tout remettre en ordre et que je ne possède rien de valeur, je me sentais désemparé et guère enclin à monter sur scène.
    Seulement une foule de bonne taille s’était formée autour de notre estrade, qui bavardait, comme toujours, au sujet de ces « remarquables chiens », leur intelligence, leur bravoure. Alors, j’ai ôté mon pardessus, enfilé mon costume et me suis mis au travail. Brutus et Néron, qui connaissent bien leur boulot, étaient déjà en position, remuant la queue pour montrer leur ardeur, et nous nous sommes lancés dans l’histoire de Mungo Park , où Néron aide un Africain (moi) à se libérer en le débarrassant des chaînes qui les entravent tous les deux, puis tire le verrou d’une barrière (décors en carton-pâte, évidemment, mais tous les détails sont respectés). Ensuite, au premier rang, une dame bien en chair s’est exclamée : « Jouez-nous l’histoire du chien qui a mal à la patte ! », saluée par un concert approbateur de « Oui, celle-là, elle est bigrement futée ! ». Enfin, un monsieur avec une allure d’employé de bureau a mis la main à la poche en s’écriant : « Un shilling pour vous, Chapman, si votre chien aboie à la demande et en y mettant du cœur ! » Comment refuser ? Cela nous rapprochait d’un shilling de la charrette, du cheval et des champs odorants de Strong ! Alors nous avons interprété avec tout notre talent Le Lion du désert , où Brutus, imitant l’histoire d’Androclès et du lion, boite comme s’il avait une épine dans la patte, hurle comme s’il souffrait et grogne la première fois où il me laisse l’examiner. Notre homme était très satisfait et s’est exclamé : « Bravo, Brutus ! Bravo, Chapman ! » en jetant un shilling dans notre sébile. Nous avons terminé par un pot-pourri : Brutus ouvre une boîte dont il retire une lettre ; transporte une lanterne contenant une chandelle allumée et la dépose sur le sol sans la renverser ni l’éteindre. Ensuite, Néron prend un œuf dans un seau d’eau sans le casser ; il fait sonner une cloche en tirant sur une corde ; les deux chiens font traverser la scène à un boulet de canon léger en le poussant du museau, puis l’arrêtent

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