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La gigue du pendu

La gigue du pendu

Titel: La gigue du pendu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ann Featherstone
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la peau ! »
    (« Il repassera. C’est un véritable ami, ce Bob Chapman. Avec ses fiers compagnons. »)
    Le gros costaud m’a toisé, puis il a contemplé mes chiens et un coin de sa bouche s’est relevé vers son œil unique.
    « C’est à vous, ça ? Pas mal ! Y se battent ? »
    Nous sommes repartis en vitesse, les éclats de rire du gaillard et les remarques rassurantes de Pilgrim plein les oreilles, et c’est avec soulagement que nous avons retrouvé le calme et la paix de l’Aquarium.
    Il était encore trop tôt pour laisser entrer le public. Le couloir était plongé dans l’ombre ; dans les étages, des bruits indiquaient qu’Alf Pikemartin ouvrait les volets des salles et donnait un coup de balai, aussi nous avons emprunté l’escalier principal, passant devant la chambre d’exécution et la mise en scène de la corde et du sac du bourreau Calcraft, puis la Joyeuse Famille (des chats, des souris, des oiseaux, tous empaillés, joliment présentés dans des alcôves), jusqu’au deuxième étage. Mes compagnons à quatre pattes n’avaient bien entendu pas besoin qu’on le leur ordonne pour grimper droit à notre loge. Chaque matin, les choses se déroulent de la même façon : Brutus et Néron filent à travers le bâtiment central jusqu’à notre salle, nom pompeux qui désigne en réalité un espace restreint, découpé dans un local bien plus vaste ; arrivé là, Brutus ouvre une large porte (c’est l’un de ses tours), et Néron nous précède dans l’allée centrale vers notre estrade, qui le soir est dissimulée derrière un paravent que chaque matin je repousse vers le mur. C’est en effet derrière ce paravent que nous nous retirons entre chaque spectacle, et c’est là aussi que nous conservons nos « biens », ainsi qu’un poêle. Devant s’élève une autre petite estrade avec quatre marches, juste assez haute pour que les spectateurs du fond voient bien. C’est somme toute assez simple.
    Après nos pérégrinations matinales et la visite à Pilgrim, j’avais hâte de jeter l’ancre derrière le paravent pour m’accorder un bon thé chaud (dans une tasse propre) et puis peut-être une petite sieste, cependant – fait bien étrange – en gravissant les dernières marches, j’ai eu la surprise de constater que Brutus et Néron n’avaient pas filé à l’intérieur, comme à l’accoutumée, mais qu’ils attendaient sur le palier, devant le cabinet d’yeux de cire. (Chaque matin, je regrette que Mr Abrahams les ait installés là, car c’est un spectacle assez désagréable de les voir ainsi fixés sur vous avec tant de naturel depuis ce recoin sombre.) La porte de notre salle était ouverte, et Néron grognait de ce grondement sourd qu’il a lorsqu’il flaire le danger, tandis que Brutus ne bougeait plus, la truffe aux aguets. Tout était calme, on entendait une mouche bourdonner contre la fenêtre sale, toutefois il était clair pour moi comme pour mes chiens que quelque chose ne tournait pas rond. S’il avait fait nuit, ou que le jour commence à tomber, je serais allé voir Pikemartin et ensemble nous aurions fouillé les lieux. (Un jour, nous avons été obligés de chercher un intrus, un prisonnier évadé, que nous avons retrouvé caché derrière un sarcophage ; dans sa lutte pour fuir, il a flanqué à Pikemartin un bon coup sur la tête avec une marmite ancienne.) Seulement, il était à peine onze heures du matin, le public n’était pas encore autorisé à entrer et je ne pouvais croire qu’un quelconque va-nu-pieds ou criminel endurci puisse être à l’œuvre dès potron-minet. Aussi, j’ai suivi Néron à l’intérieur, gardant Brutus à mon côté, une lance à la main pour me protéger.
    Il y avait assez de lumière pour distinguer les boîtes avec les insectes, l’exposition de boucliers et d’épées provenant d’un château gallois, la grande termitière et le morceau de tronc d’arbre géant rapporté du Nouveau Monde par un parent de Mr Darwin. J’ai posé la main sur le dos de Néron et il s’est mis à l’œuvre, la truffe collée au sol, flairant le moindre recoin en soufflant, avant de s’arrêter en me regardant d’un air perplexe, comme s’il voulait me dire : « Je n’y comprends rien, Bob. J’aurais juré qu’il y avait quelqu’un. »
    En effet, il n’y avait personne. Car nous avons regardé derrière toutes les vitrines, inspecté toutes les jarres, toutes les marmites, ouvert grands les volets

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