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La gigue du pendu

La gigue du pendu

Titel: La gigue du pendu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ann Featherstone
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Néron, se poussent du coude, s’exclament et, lorsqu’elles m’aperçoivent, se mettent à murmurer en cachette. La porte est entrouverte et j’entre, laissant mes compagnons sur le palier. Il règne là une douce odeur de paille et de chaleur animale. Bella s’approche ; son petit miaule. Elle montre les dents. L’endroit est surpeuplé, mais je pénètre malgré tout à l’intérieur et déambule comme les autres clients, m’arrêtant devant les oiseaux, les écureuils, le blaireau, les serpents enroulés sur eux-mêmes dans leur cage de verre ; j’essaie de recouvrer mon calme, comme n’importe quel visiteur.
    Mais non. Le monde continue de tourner, hors de ma portée. Je le contemple par une fenêtre, je le vois, mais je ne peux en faire partie. Car j’ai entendu assassiner une enfant, et je ne sais pas ce que je dois faire à présent.
    En repartant, je rencontre Mr Abrahams qui sort de son petit bureau, à l’extrémité du troisième étage. Surpris, il ne me reconnaît pas tout de suite, puis il m’interpelle :
    « Bob Chapman ! Mon cher ami ! Comment allez-vous ? Quand vos admirateurs auront-ils le plaisir de vous retrouver ? Et vos chers animaux ? »
    Je n’essaie pas de l’ignorer, mais je suis déjà descendu au premier, où se trouve le tableau des spectacles du jour et leurs horaires. C’est un grand panneau posé sur un chevalet, où le patron annonce le programme :
    11 heures : Moses Dann, le Désossé. Avant que la tombe ne le rattrape, Dann vous divertira. Os visibles. De la peau comme du papier.
    12 heures : Le géant prussien, Herr Swann, vous entretiendra de différents sujets et vous chantera des chansons de sa province natale, la Warmie.
    13 heures : La Princesse Poucette, la plus petite femme du monde, fera un tour de chant et de danse. (Entrée, 3 pence.)
    13 h 30 : Nouveau spectacle de Moses Dann.
    14 heures : Le géant prussien : chants de Warmie.
    14 h 30 : Princesse Poucette. La fée de l’Aquarium.
    Et ainsi de suite, jusqu’à dix heures et demie du soir. Au bas du tableau, cette information supplémentaire à la craie rose :
    L’East London Aquarium a le regret d’annoncer que Mr Bob Chapman et ses Chiens Malins, Brutus et Néron, sont indisposés pour une durée indéterminée.
    Indisposés.
    Ça me ferait presque rire. En tournant dans l’escalier, je reçois un coup de coude d’un costaud empoté. Éclair de douleur à travers mon flanc, qui irradie dans mon bras. Il me regarde avec curiosité et entre dans une salle en se retournant sur moi. Accompagnée d’un monsieur très élégant, Mrs Gifford passe à son tour près de moi en me bousculant au passage. Elle lui parle en hochant la tête, mais je sais qu’elle m’a vu. Les escaliers sont encombrés, avancer dans cette foule est un véritable calvaire. C’est l’après-midi à présent, et les ouvriers qui commencent tôt leur journée de travail l’ont déjà achevée, ensuite, ils viennent acheter leur billet d’entrée et bavardent dans le hall en considérant le plan des lieux en couleurs qui est affiché au mur, pour déterminer ce qu’ils iront voir en premier. Dans chaque pièce, à chaque étage, se trouve quelques objets remarquables à découvrir : des épées et des casques, des fioles remplies de larmes de fées, du souffle des elfes, des cabinets d’anatomie de cire – mains, nez, oreilles –, des tambours d’Afrique et des têtes réduites d’Amazonie. Je n’en ai pas vu la moitié, m’a un jour affirmé Mr Abrahams. Il rivalise avec le British Museum en matière de curiosités et d’antiquités.
    Ça ne fera jamais l’affaire.
    Toute cette quincaillerie, cette bimbeloterie.
    On me hèle.
    « Hé, Bob Chapman ! Hé ! »
    C’est Trim.
    « Je pensais bien que je te trouverais peut-être ici, fait-il en me rejoignant, essoufflé. Comment vas-tu ? Je viens de vendre une marche militaire à ton ami le géant pour cinq shillings ! Et devine comment ça s’appelle ? » Il en relève le menton de rire. « “Le petit chien du Batave”. C’est une chanson comique, bien sûr, mais ça n’enlève rien ! » Il pouffe à nouveau et se tape sur les cuisses de plaisir. « Quel excellent homme ! Que penses-tu de ton vieil ami Trimmer devenu parolier ? C’est ça, le talent, Bob, ni plus ni moins. Et toi, comment vas-tu ? J’ai vu d’après le tableau que tu ne travaillais pas. Tu ne rentres pas chez toi ? Tu es sorti faire un tour ?

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