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La gigue du pendu

La gigue du pendu

Titel: La gigue du pendu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ann Featherstone
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homme ! »)
    « Et n’est-ce pas ce qu’il vient de faire ? Et toi, tu ne t’es peut-être pas faufilé jusque là-bas, avec les rats, pour profiter du spectacle ? »
    (« Pas moi. »)
    « Tu sais très bien que si. »
    (« Toi, je vais te bouffer la langue. »)
    « Écoutez-moi ça. »
    (« Tu mens comme un arracheur de dents. »)
    « Écoute donc ! Le corps du délit ! »
    (« Gnagnagna ! »)
    « Le corps du délit, Bob Chapman ! »
    (« Mon pauvre vieux ! Et allez donc ! »)
    Je n’ai pu supporter d’en entendre davantage. Sa voix résonnant encore à mes oreilles, j’ai filé à travers la boutique, faisant dégringoler les livres à droite, à gauche, renversant des tables, puis j’ai ouvert la porte d’un coup, brisant le loquet. J’ai détalé dans la rue, Brutus et Néron sur mes talons, et j’ai descendu Fish Lane comme si j’avais le diable à mes trousses, sans jamais m’arrêter de courir, sachant que si j’étais resté plus longtemps, je me serais frappé la tête contre les pavés jusqu’à ce qu’elle explose.
    1 - En français dans le texte.

11
    Pas d’endroit où se réfugier – L’Aquarium –
 Retour chez Tipney – Ténèbres
    Je renonce à me rendre chez Titus Strong aujourd’hui.
    J’irai à l’Aquarium. Un havre de sécurité. Du baume au cœur, dirait Titus Strong.
    Une tasse de thé derrière le paravent. Un peu de temps pour réfléchir : le juge ou la police ?
    Tandis que je me dirige vers elle à grands pas, j’essaie de me représenter ma loge, son calme tiède. Dans ma tête, je compte les boîtes, j’évalue leur contenu : les œufs, les balles, la lanterne de Brutus, la bouilloire, la théière, les tasses, la boîte à thé, le plateau où elles sont posées, mon pardessus, mon chapeau. J’ai devant les yeux l’image de la salle, et j’y remets tout en place. C’est vers ce lieu de tranquillité, de sécurité, que j’oriente mon esprit, mes pensées.
    J’enfile les rues, les unes après les autres, flanqué de Brutus et Néron. Ça me fait du bien de marcher, la cadence de mes pas m’apporte du réconfort, mais l’exercice me fait transpirer, trembler, et je dois enfoncer les mains bien profond dans mes poches pour empêcher la folie de me ravir. En me frayant un chemin à travers la foule, je glisse sur les pavés : je suffoque, et la douleur m’oblige à me tenir les côtes. Pourtant je ne m’arrête pas, non, pas un instant. En ce début d’après-midi, les employés retournent à leur bureau, et les charretiers qui se sont levés avant l’aube s’arrêtent sous une porte cochère pour faire la sieste. Un bébé vagit, juché sur la hanche de sa mère ; un ivrogne embrasse un réverbère. J’absorbe tout mais ne vois rien.
    À un coin de rue apparaît l’Aquarium, avec sa bannière familière qui claque le long du mur, et une bande de gamins aux visages taillés à la serpe, accroupis devant la porte. Chaque jour, ils interpellent mes chiens, et je les laisse les caresser, les tapoter, en les traitant de garnements, comme le feraient leurs pères. Mais pas aujourd’hui.
    Ils me hèlent : « Qu’est-ce t’as aujourd’hui, Sam ? » ; je les ignore et entre précipitamment. Le hall est frais, sombre, paisible. Conn remplace Pikemartin dans sa cabine, se balançant d’avant en arrière. Je passe devant lui à toute vitesse. Mais il me voit, m’appelle. Je m’arrête au pied de l’escalier sans me retourner.
    « Bob, Bob, elle m’a eu encore une fois, pleure-t-il en cambrant le dos et en faisant la grimace. J’ai le dos en morceaux. Les plaies se rouvrent. Il y a du sang partout. »
    Je grimpe l’escalier quatre à quatre. Il m’interpelle à nouveau :
    « Bob ! Pour l’amour de l’Enfant Jésus, montre un peu de pitié envers un homme brisé ! »
    Je me hâte vers ma salle mais quand je me glisse dans l’embrasure de la porte, je découvre une foule de spectateurs. Certains attendent, debout devant la scène, regardent l’horloge, jettent un coup d’œil alentour. Un homme passe la tête derrière le paravent, opine du chef et dit quelque chose qui les fait éclater de rire. Puis il se rassied patiemment.
    Tout ce que je veux, c’est un moment de silence. Pour réfléchir. Décider de ce que je dois faire. Pour me purger la tête des hurlements de l’enfant.
    Je referme doucement la porte et monte à la ménagerie, croisant un groupe de jeunes femmes qui, en voyant Brutus et

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