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La gigue du pendu

La gigue du pendu

Titel: La gigue du pendu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ann Featherstone
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longtemps), je l’entrouvre pour jeter un coup d’œil à l’intérieur : vide. J’ignore ce que j’aurais fait si cela n’avait pas été le cas, si le Grand Méchant s’était trouvé tapi là, attendant que je me trahisse moi-même. Mais à présent, je suis un autre homme et les règles ont changé. Brutus et Néron se tiennent derrière moi, humant l’air. J’imagine qu’ils auraient pu me protéger. Mais au fond, je n’en sais rien.
    J’entre.
    C’est un lieu misérable pour mourir. Pourri du plancher au plafond. Sous mes pieds, le sol rongé par les vers est crevé par endroits, bien qu’on l’ait rafistolé ici et là, et les tissus accrochés aux murs ne parviennent guère à arrêter le souffle froid de la bise. D’une lucarne au volet à demi ouvert, une lumière grise tombe sur quelques morceaux de tapis grossiers, une table à trois pieds, mais la chaise rouge que j’ai aperçue tantôt par l’interstice n’est plus là, et j’ai beau soulever les rideaux, aller voir derrière, je ne réussis qu’à déranger une colonie d’araignées et un nid de souris. Cela pourrait n’être qu’une remise délabrée parmi tant d’autres, tombant en ruine à force d’humidité, d’abandon, et des travaux d’excavations tout proches. Rien ne montre qu’une petite fille est morte ici.
    Je me demande ce que je suis venu chercher là. Que pensais-je donc trouver ?
    Mes chiens flairent les lieux, curieux. Brutus s’en désintéresse vite et s’étend sur un tapis pour faire une sieste, mais Néron a la truffe vissée au sol, il gratte, respire bruyamment, gratte encore. En soulevant le tapis, je m’aperçois qu’il recouvre un trou, là où le plancher s’est effondré. Dessous, un vide, sûrement le fief d’une famille de rats. Néron est très excité, malgré tout, il refuse de partir, et j’ai toutes les peines du monde à l’empêcher d’agrandir le trou. Il est déterminé à trouver d’où vient cette odeur qu’il reniflait déjà tout à l’heure, j’imagine, et il y serait sans doute parvenu si nous n’avions entendu des pas dans la cour et la porte qui claque. Je remets aussitôt le tapis en place et je tire sur mon chien, prêt à fuir ou à me battre, car il n’y a nulle part où se cacher, ici.
    Barney Kevill doit être surpris de me trouver là avec mes deux compagnons, pourtant il n’en laisse rien paraître. Un regard suffit.
    « Vous êtes de retour, Mr Chapman ? Vous me cherchez ? » Et sans attendre ma réponse : « Cette boutique me revient de droit. Studio et magasin de photographie Kevill. Je pensais que mon père m’avait peut-être laissé quelque chose. Qu’il l’avait caché. Mais j’ai fouillé partout, et y a rien. »
    Il fronce les sourcils et sort des cartes de sa poche, qu’il me jette à la figure.
    « J’ai trouvé ça derrière le mur. Il y a le nom de mon père et tout le reste écrit dessus. »
    Ce sont des cartes de visite professionnelles, illustrées de petites photographies. Les gens représentés sont d’honnêtes commerçants, flanqués d’un emblème de leur profession : un type des pompes funèbres pose avec un cercueil miniature luisant, un tailleur avec un rouleau de tissu surmonté de boutons et de dentelle, un boucher avec un gigot de mouton sur un plat. En tant que cartes de visite, c’est inhabituel, une vraie nouveauté. George Kevill aurait pu vivre confortablement grâce à ça, mais peut-être avait-il choisi une autre voie.
    « Le Grand Méchant a fait le vide, commente Barney d’un ton froid en regardant à nouveau derrière le rideau. Il y avait une vieille chaise, ici, mais j’ai vu quelqu’un la brûler dans la cour. J’imagine qu’elle était pleine de souris. Et puis un beau tapis aussi. Il est plus là. »
    Il jette un autre coup d’œil alentour et flanque un coup de pied aux tapis.
    « Des trous dans le sol. Regardez comment on les a soulevés et remis en place, ces tapis. Y a une vraie caverne, là-dessous. Je vais me dégotter une lanterne pour mieux regarder, au cas où mon père aurait planqué une bourse pour moi, tout au fond. Et je laisserais le Grand Méchant mettre la main dessus ? Dame non ! »
    Il s’allonge sur le plancher crasseux pour examiner la cavité.
    « Vous savez, il y a peut-être quelque chose là-dedans, ajoute-t-il en fourrant la main à l’intérieur. Si seulement je pouvais soulever les planches ! Oui. Je sens un truc. On dirait un tapis roulé. » Il

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