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La grande Chasse

La grande Chasse

Titel: La grande Chasse Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Heinz Knoke
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longueur d'onde et un autre contrôleur qui ne s'occupera que de nous.
    Tant de sollicitude de la part de nos chefs mérite bien une récompense. Nous nous imposons un entraînement forcené pour justifier les espoirs que le grand patron a placés en notre nouvelle méthode. Sur le papier, le succès paraît certain. Quant à savoir ce que cela donnera en pratique, c'est évidemment une autre histoire.
    Ce soir, Dieter et moi avons lancé les premières bombes d'exercice. Nous avons manqué la cible d'au moins cinquante mètres. Ne perdons pas courage : c'est à force de forger qu'on devient forgeron.
    18 mars 1943.
    Au début de la matinée, Dieter et moi avons lancé chacun quatre bombes. Ma quatrième, et la troisième de Dieter, ont frappé en plein la cible, c'est-à-dire le gros sac que le Junker 88 promène inlassablement au large des îles Frisonnes. C'est déjà mieux.
    A 14 h 14, alors que tout le monde fait la sieste, nous recevons l'ordre d'intercepter une formation de quadrimoteurs qui approche de la côte. Le temps presse, et le contrôleur s'énerve si bien que nous renonçons à charger nos bombes. Tant pis, on appliquera encore une fois la tactique traditionnelle.
    Dieter, avant de refermer son hublot, me crie qu'il essaiera de descendre le chef de groupe. Je ne réponds même pas à ce que je prends pour une boutade de gamin. Depuis quand les Ricains marquent-ils le grade du pilote sur les ailes de l'appareil ?
    A 8 000 mètres, au-dessus de Heligoland, nous rencontrons l'ennemi. Une fois de plus, l'escadrille attaque de front. Montant légèrement vers la première ligne des bombardiers, je dirige mes rafales sur un Liberator qui s'enflamme aussitôt. Dérapant sur l'aile droite, il quitte l'alignement et commence à perdre de l'altitude. Comme j'ai été emporté par mon élan, je décris un rapide cent quatre-vingts degrés et, arrivé dans son sillage, l'attaque de nouveau, cette fois d'une position légèrement supérieure. Puis, j'amorce un piqué qui m'amène au-dessous de son ventre, presque en face. A présent, sa lente descente est devenue une chute à peine ralentie. Mes obus continuent à ravager son fuselage dont les tôles crevées s'entourent d'un ourlet rouge foncé. Tout à coup, l'énorme appareil éclate, et une pluie de débris retombe sur moi. D'un instant à l'autre, je risque de heurter un moteur, un réservoir, un plan incendié. Ce serait vraiment trop bête !
    D'une secousse rapide, je pousse le manche dans le coin gauche et dégage vers le bas. Avec un sifflement de tempête, l'énorme carcasse du Liberator passe juste au-dessus de moi et, météorite incandescent, s'enfonce dans les vagues.
    C'est mon cinquième !
    Dans une chandelle triomphante, je remonte à huit mille mètres pour repartir à l'attaque.
    Soudain, j'étouffe un cri. J'ai l'impression que mon cœur s'arrête de battre.
    L'appareil de Dieter, aligné sur les quadrimoteurs, vole au beau milieu du box ennemi ! Il y a peut-être cinq minutes, je l'ai entendu annoncer, avec des hurlements de Peau-Rouge, la chute de son premier Liberator. Maintenant, il veut envoyer au bain le chef de la formation. Pas de doute, il a perdu la raison. Collé dans le sillage d'une forteresse volante, il tire comme un possédé, sans s'occuper des gerbes de traceuses qui convergent de tous les côtés sur son coucou.
    Comment le sortir de là ? Pourtant, il faut faire quelque chose. Piquant à la verticale, je traverse le box, tirant au hasard sur les appareils qui encadrent mon camarade. En même temps, par la radio, je lui ordonne de dégager.
    — Dégage, mon vieux, pour l'amour du ciel, dégage ! C'est un ordre, tu m'entends ?
    Et, en effet, il dégage, vers le bas. C'est un véritable plongeon, presque une chute. Mille mètres plus bas, son appareil vomit tout à coup une épaisse fumée. Je le vois repousser le hublot, se hisser lourdement, avec une lenteur désespérante. Puis, le vent l'arrache, le projette loin de l'appareil qui continue à piquer. Son parachute s'ouvre, se déploie. Je descends pour passer à quelques mètres de lui. Son visage est méconnaissable, crispé par la douleur. Des deux mains, il comprime son ventre. Il est blessé.
    Au bout de presque quinze minutes, il touche l'eau, dans le carré UR-9. Il réussit à se débarrasser du parachute. Déjà, son canot pneumatique est gonflé. Péniblement, centimètre par centimètre, il grimpe dedans. Je descends au ras des vagues et, au moment de le

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