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La grande guerre chimique : 1914-1918

La grande guerre chimique : 1914-1918

Titel: La grande guerre chimique : 1914-1918 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Olivier Lepick
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Appel de
Stockholm ou du « plutôt rouges que morts » qui oubliait l’alternative
la plus certaine du « rouges donc et morts ». Tout est dans ce livre
impliqué, pour celui qui saura le lire, de la logique de l’imprévisible en
acte… à la disproportion entre l’effet et la cause.
    Avant d’avoir lu Lepick, sur les seuls souvenirs de ma
jeunesse vécue entre Verdun et Metz, de ma naissance à 1938, je constate
que j’avais eu tendance à grossir l’objet et à sous-estimer l’effet. Vous
verrez les chiffres, comme moi, peut-être, ils vous surprendront. En effet, si
on écarte le point d’interrogation qu’il faut maintenir sur les pertes russes,
on arrive, sur le front occidental, de loin quand même, le plus important, à 3 %
des pertes de la Grande Guerre dues aux gaz, donc 17 000 morts (près
de 50 % au cours des onze derniers mois). « Les gaz tuaient aussi
dans des proportions bien moins importantes que ce qu’on a longtemps pensé. Les
victimes des armes chimiques représentent donc à peine 0,5 % de l’ensemble
des morts dénombrés sur le front occidental de la mer du Nord à la Suisse, de
loin le plus important. Les gaz ont donc causé le maximum de souffrances et d’angoisse
au prix du minimum de pertes. Pire que la mort, ils furent pourvoyeurs d’interminables
agonies dans un océan de souffrances. »
    Je m’empresse donc d’ajouter que les gaz illustrent la
deuxième loi paradoxale que je me plais à formuler (et qui, mal comprise, m’est
vivement reprochée). Première loi : au cours de la totalité de la durée
historique, la guerre, j’entends la « guerre réglée », a été un mode
efficace de réduction des pertes simplement dues à la violence de toutes sortes
sans règle (anomique). Même si la mutation structurelle du XX e  siècle
semble contredire…, la non-guerre de l’après 1948 a tué, autrement, mais
autant, par la violence intra-étatique des régimes communistes et les violences
tribales des continents trop hâtivement décolonisés. La seconde loi, plus
évidente encore, est parfaitement illustrée par la grande guerre des gaz :
les progrès de l’armement ont contribué à la diminution des pertes en vies
humaines.
    L’armement atomique, qui s’est substitué après 1945 aux
gaz tenus à l’écart lors de la deuxième guerre mondiale (c’est la plus grande
surprise, peut-être parce qu’on a choisi de tuer) [1] en supprimant
les enjeux, a empêché la troisième phase de la Grande Guerre mondiale redoutée
et prévue…, pendant toute la période du Duopole (1945-1991).
    Les gaz prévus pour rompre le front, et arracher la
victoire au profit du camp de l’Allemagne, dont l’industrie chimique
constituait l’atout majeur, les gaz, du chlore via le phosgène à l’ypérite, le
gaz moutarde (et paradoxalement l’ypérite plus que le chlore car la protection
a avancé plus vite que le perfectionnement de l’outil) a été, par excellence, l’arme
de l’ Usure. Celle qui, à moindre coût de vies, sans que cette économie
soit intentionnelle, broie le plus cruellement et donc s’en prend à ce qui fut
le nerf inattendu de cette guerre, le Moral.
    Loin de moi l’intention – elle serait paradoxale
dans mon cas – de disculper l’Allemagne. Le Diktat de Versailles
(que n’a-t-il été, comme Vienne en 1815, un vrai Traité) a raison,
partiellement, très partiellement dans ses attendus sous cette forme inacceptables,
l’Allemagne porte, sinon la totalité, du moins la plus large part de la
responsabilité dans le déclenchement de la guerre, donc de la grande guerre
de plus de trente ans, de ses deux phases et donc directement et
indirectement dans l’essor des « deux jumeaux hétérozygotes » du
communisme et du nazisme, dont l’alliance d’août 1939 est aussi logique
que conforme à leur vraie et congénitale nature.
    Ce qui n’empêche que cette première Grande Guerre
mondiale, je préfère le mot phase – appartient tout entière, comme la
découverte de Colomb en 1492, à la logique de l’imprévisible [2] . Lepick commence avec raison sur les hésitations stratégiques de l’état-major
allemand, de la sagesse défensive du premier von Moltke aux hardiesses du
Plan Schlieffen, qui accepte le risque d’un combat sur deux fronts que la
sagesse diplomatique de Bismarck s’efforçait d’éviter. Le Plan Schlieffen
prend note de l’affaiblissement démographique de la France, qu’il sous-estime,
il

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