La grande guerre chimique : 1914-1918
Office (Kew, Londres)
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RAMC
Royal Army Medical Corps
REM
Royal Engineers Museum (Chatham)
SACMM
Scientific Advisory Committee of the ministry of Munitions.
SBNL
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SHAA
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historique de l’armée de l’air (Vincennes)
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historique de l’armée de terre (Vincennes)
TWD
Trench Warfare Department
TWS
Trench Warfare Supplies
WO
War Office
WMOL
Der Weltkrieg 1914 bis 1918 : die militärischen Operationen
zu Lande
Introduction
« La guerre est un acte de violence et il n’y a pas de
limite à la manifestation de cette violence. Chacun des
adversaires fait la loi de l’autre, d’où résulte une action
réciproque qui, en tant que concept, doit aller aux
extrêmes ».
Karl von CLAUSEWITZ, De la guerre [5] .
L’histoire de l’arme chimique au cours de la Grande Guerre
est frappée du sceau d’un troublant paradoxe. De fait, si la naissance de cette
forme de guerre est étroitement liée à la Première Guerre mondiale, de sorte
que l’on associe immanquablement les gaz à l’évocation de ce conflit, force est
toutefois de constater que l’on sait bien peu de choses sur l’histoire de cette
« guerre dans la guerre ». À l’évidence, cependant, l’utilisation
massive des gaz de combat a considérablement renforcé le sentiment d’horreur et
de dégoût que suscite le souvenir des champs de bataille éventrés des Flandres
ou de la Somme. Les hommes fauchés par millions, les tranchées, les gaz, l’apparition
des chars et de l’aviation, voilà ce qu’évoque au prime abord le souvenir de la
Grande Guerre. Or, si nombre des nouvelles techniques de combat apparues au
cours du conflit ont fait l’objet d’études historiques sérieuses et complètes,
le cas de l’arme chimique reste curieusement inexploré.
Il y a quelques mois à peine, Français et Allemands
commémoraient le quatre-vingtième anniversaire de l’effroyable bataille de
Verdun. La floraison d’articles qui parurent à cette occasion, en France et
outreRhin, ne manqua pas, afin de souligner les souffrances inouïes endurées
par les combattants des deux camps, d’évoquer les ravages provoqués par les
gaz. Pourtant, un examen attentif de la consommation en projectiles divers lors
des six premiers mois de la bataille de Verdun permet de constater que moins de
1 % des obus tirés par les belligérants contenait des substances
délétères. De même, les forces françaises ne déplorèrent « que » 2 731 victimes
des gaz sur l’ensemble du front entre février et octobre 1916 [6] ,
dont « seulement » 450 décédèrent. Que représente ce chiffre au
regard des 221 000 morts et disparus et 216 000 blessés que
coûta à elle seule la bataille de Verdun à l’armée française ? Au-delà du
mythe ou de la grossière image d’Épinal, il semble donc légitime de s’interroger
sur la réalité militaire et l’impact de ces armes sur les champs de bataille de
la Grande Guerre qui, aujourd’hui encore, portent les stigmates des hostilités
chimiques. Chaque année, en effet, les hommes de la Sécurité civile trouvent et
traitent entre 80 et 110 t de munitions chimiques datant de la Première
Guerre mondiale sur les anciens champs de bataille du nord et de l’est de la
France.
L’apparition soudaine de l’arme chimique au cours de la
Première Guerre mondiale constitua un véritable choc au sein des instances
militaires et politiques alliées. Par les actes de la Haye du 29 juillet 1899,
la plupart des nations européennes s’étaient interdit l’emploi de projectiles « qui
ont pour but unique de répandre des gaz asphyxiants ou délétères ». Et
cependant, le 22 avril 1915, vers cinq heures de l’après-midi, un
épais nuage de vapeurs lourdes, d’un vert jaunâtre, s’éleva des tranchées
allemandes entre Bixschoote et Langemarck, et, poussé par la brise, se dirigea
vers les lignes françaises. C’est ainsi que l’historiographie « classique »
relate les premières heures de la guerre chimique. Toutefois, de nombreuses
zones d’ombre subsistent au sujet de cette guerre dans la guerre dont les
protagonistes furent essentiellement l’Allemagne, la Grande-Bretagne et la
France, seuls pays capables de mener un véritable conflit industriel. Des
controverses importantes, bien que feutrées, perdurent aujourd’hui, dont la
moindre n’est pas de savoir qui fut le véritable initiateur de la
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