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La grande vadrouille

La grande vadrouille

Titel: La grande vadrouille Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Georges TABET , André TABET
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bottes, d’armes entrechoquées et d’interjections allemandes les cloua sur place. C’était une patrouille qui était sans nul doute à leur recherche et allait fatalement les capturer ici.
    Les Allemands fouillaient toute la maison, en même temps que tous les autres immeubles du quartier.
    Du fond de l’escalier, les Feldgendarmes qui frappaient à chaque porte lançaient de semblables injonctions :
    — Ouvrir !
    — Perquisition ! Hausuchung !
    Á ces mots, Augustin et Peter, effrayés, remontèrent d’un bond tout l’étage au moment même où, sur le palier, une porte s’ouvrit.
    Une jeune fille, très jolie, mais plus encore par le désordre de sa toilette (elle était en combinaison) sortit de chez elle, attirée par le vacarme inquiétant que faisaient les Allemands.
    Certaine de n’être pas aperçue, elle alla jusqu’à la rampe de l’escalier où elle se pencha. Elle vit à chaque étage des Feldgendarmes, à chaîne de fer, qui perquisitionnaient brutalement dans la maison, sans se soucier de la protestation muette des locataires.
    Elle était là, observant les allées et venues de l’occupant, et tournant le dos à la porte de son petit logement restée ouverte. Profitant de cette situation, Peter et Augustin dégringolèrent en trombe, et, d’un seul mouvement bien synchronisé, pénétrèrent chez la jeune fille.
    Au bruit qu’ils firent, elle se retourna révoltée par cette intrusion. Elle voulut mettre dehors les deux hommes.
    Avant qu’elle n’eût prononcé le premier « Sortez », Peter lui montrant son uniforme, se présenta d’un ton suppliant :
    — Anglais !…
    — Français ! dit Augustin. Les Allemands ! précisa-t-il en faisant peureusement allusion aux Feldgendarmes.
    Juliette, la jeune fille, referma la porte, sans bruit, exprimant ainsi son acquiescement pour une complicité volontaire. La France était à ce moment partagée entre anglophiles et anglophobes. Par son geste, Juliette exprimait son opinion.
    Déjà, un groupe d’Allemands gravissait l’escalier à grand fracas. On se serait cru dans une caserne à l’appel de la soupe. Un feldwebel heurta la porte (qui venait de se refermer sur les fuyards) en répétant :
    — Ouvrir ! Perquisition ! Hausuchung !
    Derrière le battant, Juliette et les deux hommes pourchassés retenaient leur souffle, paralysés par la terreur.
    Soudain, Juliette, petite Parisienne délurée et malicieuse, eut une idée qu’elle confia à l’oreille d’Augustin.
    — Vous croyez ? dit-il, sceptique.
    — On n’a pas le choix ! souffla Juliette.
    Le feldwebel n’obtenant pas de réponse heurtait encore la porte en se préparant à la faire enfoncer par ses hommes.
    — Ouvrir !
    Pour toute réponse, il entendit le fracas d’un vase qui vint se briser de l’autre côté, à l’intérieur de l’appartement.
    Les Allemands se regardèrent interloqués, et la voix furieuse d’Augustin traversa le panneau.
    — J’en ai marre ! Marre ! Marre ! De toi, et de ta mère !
    — Ouvrez ! insista le feldwebel en cognant avec la crosse de sa mitraillette.
    — Ça va ! On vient ! Pas la peine de tout casser ! dit la voix d’Augustin. Il y a assez de casse comme ça, avec une mégère comme la mienne !
    Pendant ce temps, aidé de Juliette, il se préparait fiévreusement. Elle lança :
    — Ma mère ? Je retourne chez elle où j’étais heureuse !
    Enfin la porte s’ouvrit et Augustin apparut en caleçon court, la chemise au vent, les joues pleines de savon à barbe. Il était comme un homme qu’on a surpris à la fois à sa toilette et au milieu d’une de ces scènes dramatiques qu’on appelle par dérision des scènes de ménage.
    Il joua à merveille la plus grande surprise en voyant les Allemands sur le palier.
    — Oh ! pardon, messieurs, leur dit-il poliment. Qu’y a-t-il à votre service ?
    — Perquisition générale, brailla le feldwebell.
    Il cherchait selon la consigne un peintre et un aviateur anglais. Du fond de l’appartement, fusèrent les criailleries d’une épouse en colère :
    — C’est encore au moins la blanchisseuse, ta maîtresse, qui ose venir me narguer chez moi !
    Le feldwebel eut un regard ahuri pour Augustin, qui, sans doute, ne représentait pas pour lui l’homme aimé de sa blanchisseuse.
    — Eh ! Débauché ! Coureur de garces ! hurlait Juliette d’une voix faubourienne. Moi aussi j’en ai marre ! Je dirai encore plus : J’en ai

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