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La grande vadrouille

La grande vadrouille

Titel: La grande vadrouille Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Georges TABET , André TABET
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chaque jour il y avait d’imprévisibles coupures de courant. Elle appuya sur tous les boutons par acquit de conscience, mais, comme elle le pensait bien, l’ascenseur resta immobile.
    La vieille dame ne pouvait que se résigner à continuer son ascension à pied. Elle sortit de la cabine et emprunta l’escalier.
    Sur le toit de l’ascenseur, Peter remerciait le ciel d’avoir été ainsi sauvé. Debout sur la fragile cabine, il tendait les bras pour essayer d’atteindre la fenêtre où Juliette lui faisait aussi de grands signes désespérés. Elle était décidée à le hisser jusqu’à elle. Leurs mains se touchèrent.
    —  Pull ! disait Peter.
    — Je ne peux pas ! se lamentait Juliette. Vous êtes trop lourd.
    Le vent comme dans une cheminée souffla dans la courette, traversa le petit appartement de Juliette et prenant son élan, ferma la porte palière avec fracas, juste au moment où Augustin, toujours en caleçon, s’apprêtait à rentrer.
    Il était coincé dehors sur le palier !
    Et dans quelle tenue ! Les Allemands allaient et venaient toujours dans la maison. Le danger était toujours là !
    Il sonna à toute volée à la porte. Affolé. Juliette l’entendait bien, mais elle ne pouvait abandonner Peter. Affreux dilemme !
    Augustin était en pleine panique quand la vieille veuve très digne atteignit le palier. Elle vit cet homme inconnu vêtu uniquement de ce qu’elle imagina être un caleçon. Depuis quarante ans au moins, il ne lui avait pas été donné de profiter d’un tel spectacle ! Elle le considéra avec une curiosité nuancée. La mode masculine des longs caleçons à fleurs avait tellement changé depuis 1912, date de la disparition de son cher défunt !
    Augustin, sous ces regards insistants, rougit jusqu’aux oreilles et pour dire quelque chose, murmura :
    — Je l’ai perdu…
    La vieille dame crut qu’il parlait de son pantalon. Éberluée, elle se demanda comment cela avait été possible.
    Augustin comprenant le malentendu termina sa phrase :
    — … La clef. J’ai perdu la clef. Je la mets d’habitude sous le paillasson. Voyez vous-même : elle n’y est plus…
    — Je vous crois sur parole, dit la vieille pincée en quittant Augustin qui faisait mine de fouiller sous le tapis-brosse.
    Elle referma la porte entrouverte de l’ascenseur et rentra chez elle, en chassant de son esprit cette impression malséante qu’elle avait ressentie à la vue d’Augustin :
    — Il a de jolies jambes…
    Enfin Juliette ouvrit la porte et délivra ainsi le pauvre peintre d’une situation épineuse :
    — Vite ! lui souffla-t-elle. Entrez ! Venez m’aider !
    Augustin bondit vers la petite fenêtre de la cuisine et saisit les bras de Peter au moment où la cabine rappelée du bas s’enfonçait vers le rez-de-chaussée, laissant l’aviateur suspendu à la barre d’appui.
    S’arc-boutant de toutes ses forces, Augustin tira sur les bras de Peter qui, de son côté, faisait de l’alpinisme sur la surface plate à angle aigu du mur de la courette.
    Dans un effort surhumain, l’opération réussit. Peter fut soulevé avec force et bascula sur la lucarne dans la cuisine.
    Il était sauvé !
    Provisoirement.
    —  Thank you, mademoiselle française, dit-il à Juliette souriante.
    Elle regardait tout attendrie ce grand et beau garçon brun aux yeux bleus qui lui devait un peu la vie. Pour cette raison même, elle le trouvait déjà extrêmement sympathique.
    L’Anglais pensait que le moment était venu de se présenter à ses nouveaux amis.
    — Peter Cunningham, Royal Air Force…
    — Augustin Bouvet, peinture et ravalements.
    —  You ? Résistance ?
    — Pour la première fois, avoua Augustin. For the first time !
    Peter s’émerveillait de constater que le peintre parlait anglais, mais la douleur de son bras se réveilla, lancinante. Il ne put retenir une légère grimace.
    — Que je suis bête ! remarqua le brave Augustin, je vous laisse faire des politesses au lieu de soigner votre blessure !…
    Déjà Juliette s’empressait de rapporter alcool, coton, mercurochrome et bande stérile.
    Avec les gestes précis de l’infirmière qui sommeille en toute femme, elle nettoya la blessure et la pansa. C’était une éraflure douloureuse mais sans gravité.
    L’Anglais considérait ce petit Français. Au calme, il n’avait pas l’air d’être capable de ce courage dont il avait fait preuve :
    —  You courageous, lui dit-il.
    —  It is tout

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