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La grande vadrouille

La grande vadrouille

Titel: La grande vadrouille Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Georges TABET , André TABET
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contradictoires.
    Peter n’avait rien compris à la scène. Il s’informa :
    —  What’s wrong ?
    — The Germans ! Ils sont à my home ! balbutia le peintre.
    Peter baissa la tête, désolé, se sentant responsable. Mais déjà Augustin se maîtrisait. Il se releva et remercia chaleureusement Juliette :
    — Sans vous, on rentrait à mon atelier et on était cuit. Que faire maintenant ?
    Peter comprit et déclara :
    —  Now ? I must go to the Turkish bath !
    —  Que dit-il ? demanda Juliette.
    — Je crois qu’il est devenu fou !… L’émotion ! Il veut aller au Bain Turc !
    Il essaya d’une voix douce de raisonner l’Anglais.
    — Pas la peine… Vous êtes propre ! You are bien assez clean comme ça !
    Peter sourit. Il expliqua qu’il ne s’agissait pas d’aller prendre un bain mais d’obéir à un ordre militaire : quand un avion était descendu, chacun sautait en parachute avec des instructions précises de rejoindre un endroit bien défini, si on avait la chance de n’être pas capturé auparavant.
    Augustin était révolté par les exigences du service :
    — Blessé ! And not speaking french ! You not traverser la street sans être picked by the frisés !
    Juliette le regardait si gentiment qu’il se sentait des ailes, plein de désinvolture.
    — Ils doutent de rien, les Anglais ! C’est inhumain pour les hommes, des ordres pareils ! Je vais y aller, moi, au Bain Turc. Ça ne me fait pas peur. C’est vrai que je ne suis ni blessé ni Anglais, mais tout de même, faut le faire !…
    —  You are wonderful, dit Peter.
    Juliette appuya ses plus doux regards sur Augustin.
    — Vous êtes un chic type. Pendant ce temps, je vais lui procurer de quoi s’habiller en civil ! Et, ensuite, on se retrouvera…
    — Ici ? demanda Augustin ravi.
    — Non, dit Juliette, chez mon grand-père. C’est un homme très bon et je suis sûre qu’il vous aidera tous les deux.
    — Quelle adresse ? s’enquit Augustin.
    — Le guignol, aux Champs-Elysées. C’est là que je travaille.
    Augustin eut un sourire malicieux.
    — C’est pour ça que vous jouez si bien la comédie de l’épouse en colère ! plaisanta-t-il.
    Et se tournant vers Peter :
    — Et comment je le reconnaîtrai, moi, votre chef, au Bain Turc ?
    Peter expliqua que le Squadron-Leader possédait une moustache rousse, énorme et remarquable. Il ajouta que le signal était la chanson Tea for two.
    Augustin la connaissait. Il la fredonna :
    Tea for two
    And two for tea
    And me for you
    And you for me

    Sur ces deux derniers vers, véritable déclaration d’amour en anglais, il planta ses yeux dans les yeux de Juliette d’une façon conquérante. Elle lui rendit son regard. Mais soudain angoissé, il frissonna :
    — C’est tout de même dangereux, ce que je vais faire là !

XIII
    La classe terminée, les danseuses s’égaillèrent dans les couloirs de l’Opéra, ayant laissé les rigueurs de la discipline au foyer. Ce n’était que piaillements d’oiseaux en liberté, rires en cascades à la moindre occasion, médisances puériles sur la maîtresse de ballet, une camarade, ou la pianiste.
    Dans le couloir des Etoiles, le groupe léger croisa celui beaucoup moins frivole du major Achbach à la tête de ses soldats.
    Á la vue de ces militaires menaçants, les rires s’éteignirent. Les pas des petits chaussons de satin rose et blanc s’éloignèrent, laissant aux godillots armés la libre occupation des lieux.
    Sur ce couloir, des Etoiles donnaient les loges des vedettes de la maison : premier ténor, premier soprano lyrique, premier baryton et directeur de la musique. Des plaques de cuivre attestaient que ces hauts personnages étaient installés fermement dans leurs situations si jalousées.
    Le major Achbach distribua ses ordres : toutes ces pièces devaient être minutieusement fouillées. Des sous-officiers aidés de soldats procédaient à l’inspection. Ce parachutiste anglais était sans nul doute caché dans un coin quelconque du Palais Garnier. Mais lequel ?
    Sous ses apparences un peu bovines, Achbach était un homme fin. Son flair le trompait rarement. Il s’arrêta devant la porte du maître Stanislas Lefort, comme attiré par une intuition. L’attitude du chef d’orchestre avouait sinon l’inimitié, du moins l’antipathie pour l’armée d’occupation. Peut-être faisait-il partie d’un réseau de résistance qui avait pour mission d’aider Gaullistes et

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