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La grande vadrouille

La grande vadrouille

Titel: La grande vadrouille Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Georges TABET , André TABET
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qu’elle ne se déformât point.
    Il y piqua même une épingle qui s’y enfonça. Aussitôt sur sa vraie tête, au même endroit, il ressentit le coup acéré. C’est dire à quel point il s’était identifié à son personnage légendaire : quand sa perruque recevait un choc, il avait tout à coup mal au crâne.
    Il eut soudain très chaud dans l’atmosphère tiède de cette loge douillette comme un boudoir d’actrice. Il ôta son veston et, s’étant penché sur son lavabo, il s’aspergea d’eau froide. Il s’ébrouait, rafraîchi. De son geste habituel il saisit une serviette, à tâtons, les yeux encore embués. Il passa la serviette sur son front pour s’éponger. Au contact de ce tissu, il éprouva un sentiment bizarre. Ce n’était pas la serviette éponge habituelle. Quelle sottise avait donc encore faite son habilleuse ? Il tira. Plus il tirait, plus la serviette s’allongeait.
    Il tira encore, encore, encore. Cette serviette n’avait pas de fin. Il se crut le jouet d’une hallucination. Ses gestes étaient maintenant automatiques : plus il tirait, tirait… plus le tissu venait, venait…
    Soudain, la toile fit place à des amarres où s’étalait la couronne d’Angleterre et les trois lettres R. A. F.
    Au bout de ces cordages, se trouvait un homme qui surgit comme un diable entre les rideaux de la penderie. Il était en combinaison de vol et dans sa main, par un déclic, apparut l’éclat bleu d’une lame d’acier assorti à ses yeux. Mac Intosh pointait son poignard menaçant sur Stanislas Lefort. Le chef épouvanté à la vue de cette apparition poussa un cri et tomba en arrière, bousculant le buste impassible d’Hector Berlioz.

XII
    Au même moment, Juliette revint de la fenêtre d’où elle avait assisté au départ tant attendu des Allemands.
    — Ils sont partis ! dit-elle joyeusement à Peter et à Augustin.
    Celui-ci sauta sur l’occasion :
    — Je vais en faire autant ! déclara-t-il finement. Et je vais même emmener ce pauvre gars.
    — Où donc ? questionna Juliette.
    — Ben, chez moi ! Caché dans ma voiture à bras !
    — Pas si vite, conseilla Juliette. Asseyez-vous…
    Tout en leur servant un petit verre de cognac, histoire de se remettre des émotions, elle interrogea Augustin avec la précision d’un magistrat instructeur :
    — Quand Peter est tombé…, vous étiez sur votre échafaudage ?
    — Oui, c’est ça même.
    — Les peintres en général et vous en particulier, vous avez toujours accroché là, un écriteau avec votre nom, votre adresse et votre téléphone ?…
    — Bien sûr, dit Augustin en se rengorgeant. Devant mon travail bien exécuté, je veux qu’on sache qui l’a fait ! Je ne suis pas fou !
    Mais il sursauta, illuminé par le raisonnement de Juliette :
    — Vous ne voulez pas insinuer que les Allemands sont chez moi ?
    — C’est exactement cela, malheureusement, que je veux vous dire. Ils doivent être chez vous et vous attendent pour vous arrêter : aide et assistance à un parachutiste ennemi. Vous savez ce que ça va chercher ?
    Une sueur froide coula dans le dos d’Augustin.
    Il voulut crâner.
    — J’y crois pas ! Les Frisés sont pas aussi intelligents que vous ! D’ailleurs on va bien voir, se vanta-t-il. Je vous parie que ça ne répond pas, chez moi.
    Il saisit le téléphone sur un meuble et composa son propre numéro : MARcadet 43-68.
    — Je suis bien tranquille, dit Augustin pendant que ça sonnait. Il n’y a personne là-bas, puisque je suis là…
    La sonnerie bourdonna trois fois. Augustin ravi triomphait. Á la quatrième, il allait raccrocher, rassuré, ayant terminé sa brillante démonstration, quand un déclic se fit entendre dans l’appareil.
    — Allô ? dit une voix inconnue et sinistre.
    Augustin pâlit :
    — Allô ? parvint-il à articuler, la gorge sèche. Vous êtes bien MARcadet 43-68 ?
    Il espérait encore avoir fait un faux numéro.
    — C’est bien ça, dit la voix. Qui demandez-vous ?
    — Euh !… Hum !…, M. Bouvet.
    — C’est moi-même ! affirma la voix.
    Augustin faillit s’évanouir.
    Il cacha d’une main le récepteur et murmura à Juliette :
    — Il dit qu’il est moi ! Quel culot ! c’est pas vrai, il ment… Je vous assure…, puisque moi, c’est moi, et que je suis ici et pas là-bas.
    Juliette d’un geste prompt coupa la communication.
    Augustin s’affala, vaincu, sur le fauteuil, en proie à une tempête de pensées

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