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La grande vadrouille

La grande vadrouille

Titel: La grande vadrouille
Autoren: Georges TABET , André TABET
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cuisine ! Il y a de la vaisselle qui attend !
    Ils s’y dirigeaient au jugé, mais le général allemand se leva et frappa sur la table avec force.
    —  Nein !
    Chacun se figea devant l’ordre supérieur. Le Général emplit deux coupes et les tendit aux deux « ivrognes » :
    — Voilà ! Si vous avez encore soif, buvez à ma santé ! C’est mon anniversaire !
    Augustin et Stanislas auraient préféré disparaître, mais c’était impossible. Ils se saisirent des verres et les vidèrent après avoir balbutié :
    — Santé !…
    L’assemblée répéta, en éclatant d’un rire joyeux :
    — Santé ! Gesundheit !
    On enchaîna avec l’hymne de circonstance, Drei Mal Hoch ! Tous les hommes, à cheval sur leurs chaises, intimèrent aux deux Français d’en faire autant, et ce fut une galopade effrénée autour de la salle à manger de l’hôtel.
    Juliette et M me  Germaine soupiraient d’aise, et regardaient leurs maris faire « à dada » avec ces messieurs. Elles en semblaient tout attendries et flattées.

XXVII
    La Mercedes d’Achbach arriva à ce moment dans les environs de Meursault. Le chauffeur se trompa trois fois de route. La nuit les entourait. Enfin, avisant la patrouille qui terminait son périple, le lieutenant Stürmer se renseigna :
    — L’Hôtel du Globe ?
    — Tout droit, au carrefour, tournez à gauche et c’est la deuxième à droite.
    Depuis Paris, Achbach rayonnait de joie. Dès l’annonce de la capture de Peter, il avait immédiatement mis au courant par téléphone l’Obergruppenführer Otto Weber. De façon assez indigne mais pratique, il s’était attribué cette première victoire. Et Otto Weber avait consenti à ce qu’il continuât l’enquête. Il avait même dit au téléphone : – Ia Gut, Major Achbach ! Et ce : « Très bien », venant d’un ex conducteur de tramway munichois mettait un major breveté de l’école de guerre dans un état de grâce.
    On allait menacer, torturer, et sans doute fusiller un Anglais, l’obliger à dénoncer ses amis, à livrer le nom de ses bienfaiteurs, qui eux aussi auraient droit au peloton d’exécution…
    Sous les dieux du III e Reich, il n’en fallait pas plus pour être heureux.

XXVIII
    Á l’hôtel du Globe tout le monde dormait. Après le banquet, les Allemands qui y logeaient avaient rejoint leurs chambres, assommés par les vins capiteux du pays et la vieille fine qui fut servie au dessert avec le Champagne.
    En cuisine, M me  Germaine assistée de Juliette était venue à bout d’une vaisselle monstre. Plus de verres à la traîne, ni de soucoupes. Augustin et Stanislas avaient prêté main forte aux deux femmes. Maintenant, dans l’hôtel silencieux où l’armée allemande était vaincue par le sommeil, ils remontaient à pas feutrés l’escalier qui conduisait aux chambres.
    Juliette avait raconté à Stanislas et Augustin la capture de Peter.
    — On a fait le voyage pour rien ! s’était exclamé le maestro, toujours égoïste.
    Mais Augustin, plus sensible, avait ressenti un réel chagrin. Il s’était donné tant de mal, sur les toits, pour sauver l’aviateur, comme une mère son petit, et voilà que tout cela s’était finalement révélé inutile. La chance fragile avait trébuché sur un seul mot imprudent : Sorry !
    On vivait décidément une époque dangereuse qui faisait irrésistiblement penser aux temps hasardeux de la Terreur. Nul ne savait, au réveil, s’il se coucherait chez lui ou en prison ou même s’il s’étendrait par ses propres moyens, ou grâce aux services onéreux de croque-morts débordés de besogne.
    Augustin allait passer la nuit à l’hôtel du Globe. Cela, du moins jusqu’à présent, paraissait à peu près certain.
    Franchissant le couloir du premier étage au long duquel s’échelonnaient les portes des chambres des voyageurs, ils passaient devant des bottes déjà cirées pour le lendemain. M me  Germaine et Juliette conduisaient sans bruit les deux hommes jusqu’à leur gîte nocturne et provisoire.
    La gérante de l’hôtel s’arrêta devant une porte où une plaque indiquait le chiffre 6 en noir dans un ovale d’émail blanc. Elle l’ouvrit.
    Le petit groupe entra à pas légers.
    Á la lueur jaunâtre d’une faible ampoule électrique, apparut une chambre d’hôtel du style standardisé des auberges de la région. C’était à la fois rustique, confortable et anonyme.
    Devant le lit unique, Stanislas fonça le sourcil,
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