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La grande vadrouille

La grande vadrouille

Titel: La grande vadrouille
Autoren: Georges TABET , André TABET
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vélo en grommelant :
    — Il me casse les pieds, ce petit mec-là ! J’en ai une indigestion de ses salades au vinaigre !
    Il s’éloignait, s’enfonçait dans la nuit quand un bruit métallique le fit aussitôt s’arrêter et se retourner vivement. Stanislas resté sur place annonça :
    — Ma chaîne a sauté !
    Augustin, d’un profond soupir, tenta de calmer son sang en ébulition. Maîtrisant son impatience, il dit au maestro :
    — Je vais vous arranger ça.
    — Non, répondit Stanislas, têtu, je ne veux plus de ce vélo-là. Je prends le vôtre, il est meilleur.
    D’autorité, il opéra l’échange.
    Augustin domina son indignation :
    — Ça fait deux fois que vous me faites ça !… Mes chaussures… et maintenant mon vélo !…
    — C’est normal, décréta Stanislas. C’est vous qui avez voulu jouer les Saint-Bernard.
    — Comment, moi ?
    — Faites pas l’innocent…, grinça le chef d’orchestre. Tout ça, c’est votre faute !
    — Ma faute ? dit l’autre ahuri.
    — Oui, insista Stanislas. On n’avait pas à faire les commissions des Anglais. Du moment qu’ils sont restés chez les Sœurs, fallait y rester nous aussi !…
    — Et qui serait venu chercher Peter ?
    — Ne faites pas le bon apôtre, éclata le maestro. Vous vous foutez bien de Peter ! Vous m’avez entraîné ici pour retrouver la fille du guignol !
    Stanislas avait touché là un point sensible, une blessure toute fraîche. Le peintre sursauta, hors de lui. Les dents serrées, il regardait le musicien avec de dangereuses tentations dans les poings.
    — Je vous défends ! Vous entendez… Je vous défends de…
    Il ne trouvait plus ses mots. Il ne disposait pas de vocabulaire de riposte et la fureur le bouleversait.
    — Et puis, j’en ai marre de vous ! résuma-t-il. Jusque-là, que j’en ai ! Je fous le camp. Débrouillez-vous tout seul !
    Il enfourcha son vélo qu’il arracha à Stanislas et s’éloigna. L’autre l’accompagnait de loin, de mots blessants.
    — Depuis Paris, vous mourez d’envie de me laisser tomber ! Vous avez enfin trouvé un prétexte ! Lâche… Scélérat !
    Bien qu’il retînt un peu son allure, Augustin ne répondit pas. Il dévala le long d’une ruelle en forte pente qui menait au centre-ville.
    Avec difficulté et maladresse, Stanislas remonta sur son cycle sans chaîne et tâchait sans succès de rejoindre le peintre.
    Privé de lui, bien qu’il ne se l’avouât pas, il se sentait perdu.
    Parvenu au bas de la ruelle, Augustin entendit soudain distinctement dans le silence de la nuit le martèlement d’une patrouille en marche qui avançait dans un chemin perpendiculaire. Encore un tour de roue et il allait apparaître juste au bon milieu du carrefour, semant une dangereuse surprise parmi les soldats.
    Il freina à mort et se dissimula en silence dans un recoin ombreux. Il jeta un coup d’œil furtif dans la rue d’où venait le bruit. En effet, une troupe d’Allemands avançait, patrouillant dans la petite ville.
    — Je l’ai échappé belle ! se dit Augustin.
    Mais au même moment, Stanislas sur son vélo sans chaîne dégringolait la pente en roue libre et allait certainement atterrir au milieu des Allemands qui se trouveraient alors au croisement.
    Augustin se précipita, courut, bondit, plongea sur Stanislas qu’il renversa à terre tout en le bâillonnant de sa main.
    Il l’entraîna ensuite dans le coin le plus sombre de l’intersection des deux rues.
    Les pas se rapprochaient. Et sous les yeux de ces deux hommes traqués apparut la patrouille hérissée d’armes automatiques.
    Le vélo de Stanislas était resté à terre. Sa roue, entraînée par l’élan de la descente tournoyait toujours en grinçant. Un des rayons, cassé, faisait tic… tic… à chaque passage, comme à la loterie, dans les foires.
    Mais les Allemands n’entendirent que le martèlement de leurs propres pas et s’éloignèrent.
    La roue du vélo s’arrêta de tourner.
    Á cette « Roue de la Chance », Stanislas et Augustin avaient gagné.
    Dans les yeux du chef d’orchestre passa une lueur voilée qui pouvait ressembler à de la gratitude.
    Il grimaça un sourire et s’empressa de dissimuler ce sentiment débonnaire.
    — Heureusement pour vous qu’il y avait une patrouille ! Sinon, je vous aurais engueulé pour m’avoir flanqué par terre…
    dit-il, ne se sentant redevenir lui-même qu’en vociférant.
    Augustin comprit à ce moment le
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