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La grande vadrouille

La grande vadrouille

Titel: La grande vadrouille
Autoren: Georges TABET , André TABET
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caractère de Stanislas qui préférait se montrer désagréable que de laisser apercevoir en lui la moindre faiblesse d’une émotion.

XXVI
    Après avoir erré pendant une heure à travers les rues désertes et noires, sans trouver l’Hôtel du Globe, ayant toujours aux entrailles la terreur d’être découverts et arrêtés, Stanislas et Augustin allaient finalement abandonner la partie. Ils décidèrent, épuisés, d’attendre le jour, dissimulés sous une porte cochère.
    Il faisait humide et froid. Ils se sentaient malheureux, seuls, désespérés.
    — J’ai ma boule ! se plaignit Stanislas à voix basse. C’est l’heure de l’entracte. Je quitte mon pupitre sous une pluie de bravos. Je regagne ma loge où mon habilleuse m’a préparé un en-cas. Elle appelle ça un ambigu ! Ça m’agace prodigieusement. Mais j’attaque ma galantine de volaille…
    — N’y pensez pas ! conseilla Augustin sagement.
    Et comme il avait trouvé un vieux mégot au fond de sa poche, il proposa :
    — On partage ?
    Généreusement il offrait au musicien de commencer. Celui-ci accepta comme une chose due, la moitié de cigarette. Le peintre craqua une allumette et l’éteignit aussitôt en s’exclamant sourdement :
    — L’hôtel du Globe ! sur votre tête !…
    Au-dessus du crâne dénudé du maestro, il avait vu en effet, à la lueur de l’allumette, l’enseigne qu’ils cherchaient depuis si longtemps : Hôtel du Globe. La porte cochère où ils s’étaient allongés, c’était celle de la fameuse et introuvable auberge.
    Ils se levèrent d’un bond qui chassa au loin toutes leurs nostalgies. Ils cherchèrent une sonnette. Il n’y en avait pas.
    Ils entreprirent de faire, à tâtons, le tour de la bâtisse.
    Dépassant le coin, ils virent une autre porte où ils déchiffrèrent : Restaurant du Globe. Salle pour noces et banquets. Il y avait là un loquet qui s’ouvrit sans peine. Ils pénétrèrent à l’intérieur où ils ne trouvèrent que la nuit.
    — Il n’y a personne…, souffla Stanislas à l’oreille d’Augustin.
    Soudain, pris d’une folle panique, ils s’accrochèrent l’un à l’autre : devant eux se mouvait lourdement un effrayant objet enflammé qui semblait voltiger dans l’air comme un fantôme. Cela planait à 2 mètres du sol.
    Le phantasme lumineux s’immobilisa avec un air menaçant qui semblait issu de ses mille facettes.
    —  Hoch ! sembla éructer l’objet à deux doigts d’éclater.
    La lumière inonda brutalement la pièce. C’était la salle à manger de l’hôtel.
    Augustin et Stanislas se trouvaient au centre d’une table en fer à cheval où tout un état-major allemand, une vingtaine d’officiers fêtait joyeusement l’anniversaire de son général. Le fantôme, c’était le gâteau aux cinquante bougies enflammées ; construction de nougatine, de meringue et de crème fouettée au sommet de laquelle un petit officier en pâte d’amande verte faisait le salut hitlérien. Adorable prévenance de M me  Germaine, gérante de l’hôtel du Globe !
    Tous les regards des Allemands se posaient interrogativement sur ces deux vagabonds entrés avec le gâteau pendant l’effet de lumière.
    M me  Germaine qui, avec Juliette, faisait le service, comprit instantanément que ces hommes étaient ceux qu’elles attendaient et qui arrivaient par la mauvaise porte à un moment bien mal choisi.
    Leurs vêtements étaient poussiéreux et fripés. Une indicible surprise s’empara de l’assistance qui, sur le point d’entonner un de ces chants germaniques et affectueux de circonstance, restait muette.
    Juliette sentait bien qu’il fallait trouver immédiatement une explication. Elle se souvint du début de leur aventure et reprit la scène de ménage à l’endroit où elle s’était arrêtée, à Paris, le premier jour…
    — Encore saoûl ! constata-t-elle aigrement. Se tournant vers M me  Germaine elle dit d’une voix dolente :
    — Voilà pourquoi je n’aime pas que mon mari sorte avec le vôtre !
    — Ça leur donne soif à tous les deux ! enchaîna la sœur de Millian, en saisissant la balle au bond.
    Elle lança, véhémente aux deux « maris » :
    — C’est à cette heure-ci que vous rentrez ?
    — Mais… cocotte…, pleurnicha Stanislas entrant dans le jeu avec cette femme qu’il ignorait cinq minutes auparavant. On n’a pris que deux petits verres…
    — … Et demi…, hoqueta Augustin.
    — Allez ! ouste ! Á la
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