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La grande vadrouille

La grande vadrouille

Titel: La grande vadrouille
Autoren: Georges TABET , André TABET
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lit. Il nageait dans la joie : demain matin il se ferait conduire à la Kommandantur afin de faire subir à l’aviateur capturé dans le train un interrogatoire serré. Il méditait laborieusement des questions-pièges où le Britannique basculerait et finirait par avouer qu’Augustin Bouvet et Stanislas Lefort, malgré leurs différences de classes, étaient les complices de la perfide Albion. Il savait que cela se passerait ainsi ! Il en était persuadé ! L’optimisme l’envahissait. Ce sentiment euphorique prit la forme d’une boule dans son estomac.
    —  Ich habe Hunger ! annonça-t-il.
    Le lieutenant Stürmer attendait le sommeil, les yeux clos, et couché dans le coton rugueux des draps de l’hôtel.
    — Debout ! ordonna Achbach.
    L’autre se leva d’un bond et se mit au garde-à-vous, image fidèle et vivante de l’admirable discipline des forces militaires germaniques quand elles sont en pyjama.
    — Allez me chercher de quoi manger, ordonna Achbach d’un ton sans réplique.
    Le lieutenant Stürmer ne songea nullement à discuter l’ordre, l’heure tardive, l’hôtel inconnu.
    Il enfila sa robe de chambre et sortit dans le couloir en se demandant toutefois comment il allait faire pour trouver coûte que coûte de quoi remplir l’estomac d’un major affamé par l’espoir d’une victoire prochaine.

XXIX
    Flottant dans son pyjama, son bougeoir à la main, Stanislas inspectait la vaste cuisine.
    Une horloge y vivait à petits battements ennuyés. Un robinet mal vissé pleurnichait dans un coin. Tout avait été rangé, rien ne traînait sur les tables. Il se heurta le front à une énorme casserole de restaurant qui résonna lugubrement. Où pouvaient bien se trouver les provisions, le buffet froid ? La faim le tenaillait.
    Enfin il trouva le garde-manger, solidement cadenassé. Que faire ? Il parvint à discipliner ses pensées. Le cœur battant, il prit dans un tiroir des tenailles, un maillet, une pince et d’autres outils. Il se mit alors à opérer une effraction, comme s’il était un « casseur » en train de perpétrer le fric-frac de quelque coffre-fort. La porte éventrée laissa voir une brèche et, soudain, à la lueur tremblotante de la bougie, apparurent un saucisson, un poulet froid, un camembert, une bouteille de vin fin, toutes choses d’autant plus succulentes qu’elles étaient rarissimes à l’époque.
    — Je suis épatant ! se dit Stanislas avec force, et, par habitude, il se retourna saluant un public imaginaire.
    Un bruit le fit sursauter. Des pas descendaient les escaliers.
    Avec une prestesse fébrile, les mains du musicien prirent les assiettes merveilleuses et les planquèrent dans le monte-charge, qui, par esprit de contradiction, refusa tout net de se refermer.
    Une fois, deux fois, la petite porte se releva, rétive. Et les pas se rapprochaient rapidement…
    Stanislas transpirait de rage, quand soudain, obéissant par miracle, la porte resta baissée, docile, consentante.
    Il était temps.
    Stürmer pénétrait dans la cuisine, claquait les talons de ses pantoufles, se présentait, puis :
    — Et vous, qui êtes-vous ? demanda-t-il.
    Stanislas pensait qu’il avait en face de lui un des officiers du banquet :
    — Je suis le mari de la patronne, vous me reconnaissez ?…
    Comme l’autre semblait hésiter et pour cause, il ajouta pour justifier sa grimace à cette heure tardive à la cuisine :
    — Eh ! puis aussi maître d’hôtel, plongeur, marmiton… enfin un peu tout, quoi…
    Là s’arrêtait d’ailleurs son vocabulaire concernant le personnel servant des restaurants.
    — Komestible ?… ici ?… manger ?
    Stanislas se sentit mentir, avec un aplomb qui le surprit :
    —  Nein… Nicht…, absolument rien… zéro !
    Mais l’officier désigna gentiment un reste de morceau de gâteau d’anniversaire que Stanislas, dans sa précipitation, avait oublié de pousser à l’intérieur du monte-charge.
    Ce morceau, entouré d’une moelleuse crème chantilly, était comme on l’a déjà vu, surmonté d’une petite statuette d’officier saluant à l’hitlérienne, en pâte d’amande couleur feldgrau.
    — Et ça ?
    — Ça ? ah !… mais oui… c’est vrai… Komestible oublié… je suis tellement distrait…
    Le lieutenant se penchait vers la petite poupée de massepain :
    — Mais… c’est un général !
    — Oui… un général Komestible, plaisanta le maestro.
    Stanislas, ce disant, détacha un bras de
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