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La grande vadrouille

La grande vadrouille

Titel: La grande vadrouille Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Georges TABET , André TABET
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armés observait le train, à travers les portes vitrées. La locomotive haletait, entourée de vapeur. Des Allemands fouillaient le convoi, demandant aux voyageurs leurs papiers.
    L’officier, un certain capitaine Steinberg, saluait au téléphone sous l’avalanche des compliments que le Major Achbach lui prodiguait de Paris :
    — Vous êtes trop bon, Herr Major. Je n’ai fait que mon devoir. Comment ?… Non… Nous avons profité de l’aubaine pour arrêter trois juifs, deux communistes et un radical-socialiste franc-maçon, mais c’était le seul Anglais.
    — Les autres ne sont sûrement pas loin ! jubilait Achbach. Veuillez transmettre aux autorités compétentes militaires l’ordre de faire surveiller toute la région… et fusiller aussi tout fuyard sans sommation.
    — Avec plaisir ! dit courtoisement le capitaine Steinberg.
    Juliette traversait les couloirs encombrés des wagons. Elle parvint à celui qui faisait face au bureau vitré du chef de gare. Peter la vit et lui adressa un long regard éloquent avec un imperceptible sourire désolé.
    — Quelle est la Kommandantur la plus proche ? demandait Achbach de Paris.
    — Meursault, indiqua Steinberg.
    Dans son bureau, près du téléphone, Achbach, rayonnant cherchait ce nom. Sur le mur où s’étalait une carte de France, barrée du trait de désunion de la ligne de démarcation.
    — Je vois… Meursault…, dit-il enfin. Côte-d’Or, arrondissement de Beaune. Je pars immédiatement. Je serais là moi-même ce soir. Faites transférer le prisonnier à la Kommandantur et annoncez mon arrivée pour interrogatoire.
    —  Jawohl ! Comptez sur moi, répondit Steinberg.
    Le train fit entendre un long sifflement qui déchira l’air.
    Peter, tout contre la porte vitrée, leva d’un geste calculé sa main devant sa poitrine. Certain que nul, dans le bureau, ne le verrait, il fit à Juliette le signe V des deux doigts.
    La jeune fille, bouleversée, alors que le convoi s’ébranlait lourdement, dessina le même V, sur la buée qui recouvrait la vitre du wagon. Ce fut leur adieu.

XXV
    Les hospices de Beaune, comprenant le célèbre Hôtel-Dieu fondé par le chancelier Rollin en 1443, virent entrer en retard pour les Vêpres le camion à gazogène de Sœur Marie-Odile. Mais au lieu de citrouilles, en descendirent quatre hommes dépenaillés.
    Deux d’entre eux furent dirigés vers la salle d’hôpital où les attendaient des lits confortables ; c’étaient les Anglais. Quant aux deux autres, sœur Marie-Odile leur fournit des vélos, modèles pour dames ou ecclésiastiques.
    Stanislas et Augustin, perchés sur ces machines démodées, se mirent en route, vers l’hôtel du Globe de Meursault distant de quelques kilomètres.
    Sœur Marie-Odile en avait décidé ainsi : les Anglais, plus vulnérables par leur accent resteraient aux Hospices où ils seraient nourris et réconfortés ; quant aux Français, ils se rendraient à Meursault où devait être déjà arrivé le Britannique Peter. Ils avaient mission de le ramener ici. On découvrit ainsi que la Bonne-Sœur était dans la Résistance jusqu’au cou. Elle leur ferait ensuite passer la ligne de démarcation tous en chœur.
    Elle avait l’habitude et possédait un moyen qui fonctionnait régulièrement.
    Sans un regard pour la splendeur médiévale des lieux, Augustin et Stanislas sortirent à bicyclette de la cour d’honneur, salués par le grand envol des cloches des Vêpres.
    En route vers Meursault…

    *
    * *

    Á Paris, de l’hôtel Meurice sortit, réjoui, le major Achbach avec son officier d’ordonnance le lieutenant Stürmer, chargé de deux petites valises.
    Les deux hommes s’engouffrèrent dans une longue Mercedes.
    — Á Meursault ! ordonna le Major en se frottant les mains.
    La voiture démarra et sortit en trombe de la rue de Rivoli privée alors de trafic.

    *
    * *

    La nuit était noire. La route, déserte. Une allumette craqua faisant naître une faible flamme qui éclaira une à une les lettres du panneau indicateur. Augustin et Stanislas épelèrent :
    — M.
    — E.
    — U.
    — R.
    — S.
    — A.
    — U.
    — L.
    — T.
    — Meursault ! s’écria Augustin.
    — Pas la peine de gueuler ! J’avais compris, dit Stanislas toujours de fort méchante humeur.
    — Va falloir maintenant trouver l’hôtel du Globe…
    —  Ça aussi, je le sais ! Vous ne pouvez donc pas penser sans parler ! C’est exaspérant !
    Augustin remonta sur son

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