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La grande vadrouille

La grande vadrouille

Titel: La grande vadrouille Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Georges TABET , André TABET
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vainement de retenir l’animal et, trépignant, oscillant, titubant, sautillant, il fit tomber un à un les feuillages qui le recouvraient. Malgré ses efforts, il ne put résister à l’animal qui, dans un élan invincible, l’entraîna au grand galop.
    Augustin était consterné, voyant son compagnon s’échapper, comme enlevé par une force supérieure.
    Effaré, il suivit des yeux Stanislas que son berger obligeait à détaler, à rejoindre la vraie patrouille.
    Stanislas, le casque baissé sur les yeux, marchait maintenant avec son guide au milieu des Allemands…
    Le chien berger s’approcha d’une autre bête, flairant la femelle, déchaîné, bondissant, secoué par une vorace envie. La femelle sentant le mâle, répondit à son appel en frétillant…
    Augustin comprit que c’en était fait : pour l’heure, ces deux chiens, liés par la même faim, n’allaient pas se séparer. Stanislas était ainsi condamné à demeurer intégré à la patrouille en arrière-garde. Impossible de s’en échapper ! Que faire pour sauver Stanislas ?
    Le brave Augustin, par un réflexe de dévouement, lâcha son chien, prit son fusil et tira en l’air…
    L’écho répercuta le coup de feu plusieurs fois à travers les grands bois.
    Au bruit de la détonation, la patrouille s’arrêta.
    Les hommes se retournèrent, les exclamations éclatèrent :
    — Qu’est-ce que c’est !
    — Un coup de feu…
    — Là-bas…
    Stanislas, au milieu de la patrouille, souleva son casque et comprit, dans un frémissement atroce, qu’il était entouré d’Allemands. Ce spectacle figea son sang dans ses veines.
    Fort heureusement, les hommes s’élançaient dans la direction d’Augustin, laissant seul Stanislas qui n’osait plus bouger, redoutant que le moindre geste ne le trahisse.
    Son chien, d’un sursaut brutal, le lâcha pour filer à longues foulées derrière la femelle qui décampait avec les Allemands…
    Augustin, à la lisière de la forêt, voyait les soldats accourir vers lui, sans doute pour l’interroger…
    Se sentant perdu, il tira en direction de la forêt, vers un fuyard imaginaire, criant :
    —  Halt !… Halt !… Halt !…
    Il eût été incapable d’en dire plus.
    Les Allemands ainsi renseignés foncèrent vers le bois suivis par les chiens, dans la direction du coup de feu, pour arrêter le fugitif que leur « collègue » avait signalé.
    Augustin fit semblant de s’enfoncer, lui aussi, dans la pénombre verte des fourrés, à la suite de la patrouille, écartant les longues branches suspendues.
    Mais, après quelques minutes, les Allemands étant disparus, il revint sur ses pas, fourbu, hagard, à la recherche de son compagnon.
    Stanislas débusqua d’un rocher derrière lequel il s’était caché. Il était ému : c’était la deuxième fois que le brave Augustin, par sa présence d’esprit, l’avait sauvé.
    Les deux hommes étaient accablés. Ils avaient perdu les chiens et se trouvaient à la dérive, errant dans une immense forêt inconnue, hostile, sillonnée par des patrouilles…
    — Votre coup de feu, c’était un coup de maître, dit Stanislas.
    Mais Augustin sombrait dans un anéantissement moral et physique :
    — Plus de chiens… Nous avons perdu nos guides ! Qu’allons-nous devenir ?
    Il sentait des larmes lui monter aux yeux :
    — Je suis au bout du rouleau… Je n’en peux plus… Je me sens fatigué, fatigué…
    — Allons, venez, fit doucement Stanislas.
    — Non ! non ! répétait Augustin buté.
    — Pourquoi ?
    — Je ne veux plus marcher…
    — Mais enfin… pour quelle raison ?
    — Je veux rester là… Foutez-moi la paix… La vadrouille, je n’y crois plus… J’en ai marre…
    — Si on reste là, on va se faire prendre…
    — Tant mieux ! Au moins, ce sera fini…
    Stanislas avait déjà compris :
    — Mais, ma parole, il me fait une dépression nerveuse… Qu’est-ce qui vous prend ?…
    Maintenant, les larmes roulaient sur les joues d’Augustin.
    — Je veux rentrer à Paris, se lamentait-il… Je veux retourner à un chantier…, celui que… j’ai abandonné à cause de l’aviateur.
    Il pleurait à petits sanglots, comme on tousse. Puis il s’effondra, le visage caché dans son bras replié.
    — Allons, vous le reverrez, votre chantier, dit Stanislas qui se découvrait une âme insoupçonnée de consolateur.
    — Mais non !
    — Mais si !
    — Et mes pinceaux tout neufs, en soie…
    — Je vous en

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