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La guerre de l'opium

La guerre de l'opium

Titel: La guerre de l'opium Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jose Frèches
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jours, je me dis que j’ai des prétentions démesurées, tel le hideux crapaud qui prétend goûter à la chair du cygne   !
    —  Il ne sert à rien de regretter d’éventuelles erreurs. Ce qui compte, c’est de les réparer   !
    —  L’eau renversée est difficile à rattraper   !
    —  L’eau, après s’être dispersée dans le sol, finit toujours par en rejaillir. Moi, je suis persuadée que la chance te sera donnée d’accomplir ce que tu souhaites.
    D’un geste furtif, Tang, que le désespoir avait brusquement envahi, écrasa une larme au coin de son œil avant de se tourner vers le mur de sorte qu’elle ne le vît pas pleurer. Pour le consoler, la jeune contorsionniste prit sa main et la plaça sur sa Divine Porte déjà largement ouverte et tapissée de Rosée Printanière. L’amour étant le meilleur des remèdes, elle voulait bien en être à son tour le médecin.
    —  Le Heqi me semble à portée de main… lui murmura-t-elle en tirant légèrement sur sa natte, à petits coups.
    —  Je croyais que nous devions aller accueillir ces gens   !
    — - Viens en moi. Je ne veux pas te voir triste.
    Entre eux, le désir était trop puissant pour s’arrêter en si bon chemin. Tel un coup de sang, leur union fut aussi forte que brève et violente.
    —  Ce Heqi m’a fait du bien   ! Grâce à toi, Jasmin Éthéré, mon Yang s’est renforcé et cela me redonne de l’énergie et du courage   ! constata le prince en allant s’habiller.
    Malgré leurs ablutions, les deux amants étaient encore tout pantelants lorsqu’ils se rendirent au hangar d’antiquités de Sérénité Accomplie, où les attendaient deux nez longs et un jeune Chinois qui leur servait d’interprète.
    Comme prévu, les Elliott s’étaient fait accompagner par La Pierre de Lune, muni pour la circonstance d’un carnet de notes afin d’y consigner la liste des objets susceptibles d’intéresser ses mandants.
    —  Sérénité Accomplie, dont je suis le cousin, m’a chargé de le représenter. Il s’excuse mille fois de ne pouvoir être présent, fit Tang avant de décliner son nom et sa qualité.
    —  M. et Mme Elliott recherchent de belles antiquités… M. Elliott est consul de Grande-Bretagne à Canton… lui expliqua alors le jeune Chinois après s’être incliné avec respect devant le prince Han.
    Le jeune calligraphe n’avait jamais vu un prince du sang d’aussi près. Il connaissait, en revanche, parfaitement l’histoire de la glorieuse dynastie des Tang, une époque si brillante de l’histoire de la Chine qu’elle restait à jamais gravée dans les mémoires comme celle d’un âge d’or où les caisses de l’Empire regorgeaient de devises, grâce au commerce de la soie, tandis que les grands sanctuaires bouddhiques attiraient des dizaines de miniers de fidèles venus de l’Inde et de l’Asie centrale.
    —  Vous direz à M. Elliott que chacun, à Canton, connaît son nom et ses hautes fonctions… répondit le prince mi-figue, mi-raisin.
    —  Trop aimable   ! s’écria Rosy Elliott qui avait pris la direction des opérations.
    —  Sérénité Accomplie m’a demandé de montrer à ces estimables visiteurs l’intégralité de son stock… ajouta Tang qui avait du mal à cacher son désappointement.
    C’était avec contrariété qu’il découvrait l’identité de ces « riches clients étrangers   » que son cousin lui avait demandé de recevoir à sa place. Outre qu’il ne portait pas les Anglais dans son cœur, il trouvait choquante la démarche des Elliott. Tels des cambrioleurs qui avaient le toupet de se faire payer leurs armes par leurs victimes, ils profitaient de la situation de ces familles chinoises ruinées par l’opium et contraintes de se séparer de meubles et d’objets rituels transmis de père en fils depuis des millénaires.
    Il sentit monter en lui la fibre patriotique et serra les poings, mais fit l’effort de se calmer. Ce n’était pas le moment de faire un scandale mais plutôt, conformément au souhait de Sérénité Accomplie, de recevoir dignement et comme n’importe quel client le couple Elliott.
    Lorsqu’elle découvrit la marchandise qui s’entassait dans le hangar de Sérénité Accomplie, Mme Elliott, dont l’excitation était à son comble, poussa un cri aigu :
    —  Extraordinaire   ! Fantastique   ! miaula-t-elle, en commençant à fureter partout, tel un gros hanneton.
    Elle allait d’un objet à l’autre, virevoltant autour des

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