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La Guerre Des Amoureuses

La Guerre Des Amoureuses

Titel: La Guerre Des Amoureuses Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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jeudi
soir devant la maison forte de Garde-Épée.
    Une muraille crénelée par des mâchicoulis
entourait une cour carrée où se trouvait le logis principal. Des échauguettes
aux angles et une tourelle carrée protégeaient l’entrée qui se faisait par un
porche aux battants ferrés et une poterne sur laquelle était gravé : Le
Seigneur soict la garde de l’antrée et de la sortie.
    Maurevert annonça que la duchesse de
Montpensier voulait faire halte dans leur maison. Ce serait un honneur pour eux
de recevoir la sœur du duc de Guise et du duc de Mayenne.
    Méfiant, le fermier demanda à rencontrer la
duchesse qui lui fit passer, par une archère dans la muraille, divers papiers
prouvant sa qualité. Rassuré, le fermier ouvrit. Dans la ferme, il n’y avait
que lui, sa femme, quatre valets et deux servantes. La troupe entra et les
hommes d’armes les massacrèrent. Les cadavres furent descendus dans une cave
voûtée, reste du premier logis fortifié.
    Ensuite, Maurevert explora les lieux, tandis
que Cabasset et les gentilshommes de la duchesse préparaient une chambre pour
la loger et enfermaient Cassandre dans un minuscule et obscur cellier.
    Depuis sa fuite, Cassandre n’avait guère été
ménagée. Elle portait toujours comme manteau le sayon du pèlerin et n’avait
jamais quitté ses bottes. À peine nourrie, elle gardait le plus souvent les
mains attachées, ne pouvant ni se laver, ni se changer, ni utiliser sa dague.
    Désespérée, souffrant continuellement du froid,
elle perdait espoir de s’évader. À Angoulême, la duchesse lui avait demandé d’écrire
à son père pour lui annoncer qu’elle était otage. Elle avait refusé et Mme de Montpensier
avait rédigé elle-même la lettre. Un valet l’avait portée à Jarnac, où logeait
le roi de Navarre, car la duchesse était certaine que Mornay y viendrait.
    Mais pour avoir refusé d’écrire, Cassandre n’avait
plus droit qu’à une chiche bouillie d’avoine.
    Le lendemain, Maurevert s’installa dans l’échauguette
située face au chemin entre Saint-Brice et la Pierre-Levée. Avec un mousquet, jugea-t-il,
il n’aurait aucune difficulté à atteindre le roi de Navarre s’il passait par là.
Il avait aussi découvert une poterne au nord qui conduisait par un sentier à l’abbaye
de Châtres, une ancienne abbaye d’augustins détruite quelques années plus tôt
par une compagnie protestante.
    Mais un peu plus tard dans la journée, une
autre idée vint au tueur de roi. Il s’en ouvrit à la duchesse qui l’approuva. Cabasset
confirma qu’ils disposaient de deux tonnelets de poudre. Ce serait suffisant.
    Maurevert rassembla pioches et pelles et fit
enlever le tube de terre cuite qui faisait s’écouler l’eau du puits central
jusqu’aux abreuvoirs.

19.
    Le 10 décembre, Philippe de Mornay et sa
troupe arrivèrent à Angoulême profondément démoralisés. Depuis La Chapelle, ils
n’avaient trouvé aucune trace du convoi de la duchesse de Montpensier qui
semblait s’être volatilisé. La duchesse avait sans doute pris un autre chemin
pour gagner Saint-Maixent et Caudebec suggéra même qu’elle aurait pu emmener
Cassandre en Lorraine, chez son frère, comme une otage à monnayer plus tard.
    Comme les lansquenets ne pouvaient pénétrer
dans la cité catholique, ils s’installèrent dans une hôtellerie des faubourgs, non
loin des ruines de l’abbaye Saint-Cybard, pillée quelques années plus tôt.
    Nicolas Poulain décida d’entrer dans la ville
par le Châtelet, un vieux château fortifié, constitué de trois grosses tours
rondes enserrant un donjon circulaire, construit par le roi pour surveiller les
seigneurs d’Angoulême. Cette forteresse était désormais une prison et comme
prévôt d’Île-de-France Poulain savait qu’on le laisserait passer par là sans l’interroger,
puisque c’était un domaine royal. M. de Mornay et ses compagnons
étant avec lui, on ne leur demanderait rien non plus, tandis que prendre une
autre entrée pouvait entraîner des difficultés.
    Ils passèrent une première porte, flanquée de
deux tours, où Poulain montra ses titres, puis longèrent la forteresse
proprement dite jusqu’à une seconde courtine crénelée qu’ils franchirent par un
pont-levis.
    Dans la ville, tandis que Poulain, Hauteville
et Venetianelli interrogeaient les boutiquiers autour du Châtelet,
M. de Mornay, accompagné de son écuyer et de Caudebec, se rendit chez
M. Terrasson, un vieil échevin de

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