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La Guerre Des Amoureuses

La Guerre Des Amoureuses

Titel: La Guerre Des Amoureuses Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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tempérament naturel, tandis qu’Olivier jugeait que c’était
l’enlèvement de sa fille qui le minait. Pourtant, ils ne l’avaient encore
jamais vu ainsi et ils s’en inquiétèrent. Aussi jurèrent-ils sans hésiter.
    — M. Le Vert a un autre nom, poursuivit
Mornay. Il se nomme Charles de Louviers, seigneur de Maurevert…
    — Maurevert ? le coupa Poulain.
    — Oui, l’assassin de l’amiral de Coligny
qui était mon maître et mon ami.
    — Maurevert est mort, il y a deux ou
trois ans, objecta Poulain.
    — Je le croyais aussi, mais par quelque
malice, il a survécu à ses blessures. Et il est toujours au service des Guise. Je
l’avais reconnu chez M. Hauteville.
    — Est-ce possible… l’assassin de Coligny !
murmura Poulain.
    — Lui aussi m’avait reconnu. C’est une
affaire entre nous deux, désormais. Il a tué mon maître, l’amiral, aussi je
dois le tuer. Dans le combat de cette nuit, n’oubliez pas qu’il est à moi, n’y
touchez pas, mais prenez garde. C’est un démon.
    Olivier restait silencieux. Lui aussi avait
entendu parler de Maurevert, mais ne savait que peu de choses sur lui, sinon qu’il
avait provoqué la Saint-Barthélemy. Il en était terrorisé, non pour lui mais
pour Cassandre.
    — Le vrai dessein de Maurevert ne peut
être que de tuer le roi de Navarre. C’est Guise qui l’en a chargé… Guise ou
Mayenne, et l’enlèvement de ma fille n’est qu’un moyen pour y parvenir. Après
tout, n’était-il pas surnommé le tueur des rois ? Maurevert est un ennemi
formidable qui connaît rarement l’échec, et j’avoue me sentir impuissant contre
lui, conclut Mornay avec une évidente détresse. Voilà pourquoi vous deviez
savoir, pour me venger, si je devais succomber à mon tour. Maintenant, ceignons
nos épées qui seront celles du jugement.
    — Monsieur de Mornay, intervint alors
Nicolas, je ne participerai pas à l’attaque de cette nuit.
    Le père de Cassandre haussa un sourcil à la
fois interrogateur et réprobateur.
    — Ce que je vais vous confier à mon tour,
seul le roi, le marquis d’O et M. de Richelieu le savent, ainsi que
mon ami Olivier. Mais avant d’aller plus loin, puis-je moi aussi avoir votre
parole que vous n’en direz mot à quiconque, même au roi de Navarre ?
    — Est-ce contraire à l’honneur ?
    — Serait-ce possible, puisque je suis au
service de Sa Majesté ? Le roi nous indique toujours le chemin de l’honneur,
monsieur, répliqua sèchement Poulain.
    — Le roi n’a pas toujours été bon avec
nous, ni honorable, remarqua Mornay avec une ironie teintée de tristesse.
    — C’est vrai en ce qui concerne la
religion prétendue réformée, mais je ne veux pas me mêler de cette querelle. Je
suis au roi, monsieur. Et je serai toujours au roi légitime… comprenez-vous ?
Pour le moment, je ne suis pas à monseigneur de Navarre. Ce soir, nous ne
serons que des alliés d’intérêt, rien d’autre. Mais je sais que vous êtes un
vrai gentilhomme. J’ai parlé de mes préoccupations avec Olivier, et c’est lui
qui a insisté pour que je vous fasse confiance.
    — Je peux vous comprendre, dit gravement
Mornay, et je vous donne ma parole de ne rien rapporter de ce que vous allez me
confier, comme vous l’avez fait avec moi.
    — Je suis au roi, donc, mais pour les
gens de la Ligue, je suis un des leurs. Monseigneur de Guise m’estime, ainsi
que sa sœur, et croient que je suis leur serviteur.
    — Que voulez-vous dire ? se raidit
Mornay.
    — Je suis un espion, monsieur. Je suis l’espion
du roi…
    À Saint-Brice, la
conférence se poursuivait.
    — Il faut que vous me disiez ce que vous
désirez pour la paix, mon fils, proposa la reine.
    — Mes désirs, madame, ne sont que ceux de
Votre Majesté.
    — Laissons ces cérémonies, et dites-moi
ce que vous demandez ! fit-elle, pressante.
    — Madame, je ne demande rien, et ne suis
venu que pour recevoir vos commandements.
    — Là, là, faites quelque ouverture… s’impatienta-t-elle.
    — Madame, il n’y a point ici d’ouverture
pour moi.
    — Mais quoi, ajouta la reine, voulez-vous
être la cause de la ruine de ce royaume ?
    — Madame, vous et votre fils avez levé
huit armées pour me ruiner !
    — Quelles armées, mon fils ? Vous
vous abusez ! Pensez-vous que si le roi eut voulu vous ruiner, il ne l’eût
pas fait ! La puissance ne lui a pas manqué, mais il n’en a jamais eu la
volonté.
    — Excusez-moi, madame, mais ma ruine

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