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La Guerre Des Amoureuses

La Guerre Des Amoureuses

Titel: La Guerre Des Amoureuses Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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ne
dépend point des hommes, elle n’est ni au pouvoir du roi ni au vôtre.
    — Ignorez-vous la puissance du roi et ce
qu’il peut ? s’irrita-t-elle.
    — Madame, je sais bien ce qu’il peut, et
encore mieux ce qu’il ne pourrait faire, fit Navarre en souriant benoîtement.
    — Eh quoi donc ! Ne voulez-vous pas
obéir à votre roi ? gronda-t-elle.
    — J’en ai toujours eu la volonté, j’ai
désiré lui en témoigner les effets, et je l’ai souvent supplié de m’honorer de
ses commandements pour m’opposer, sous son autorité, à ceux de la Ligue, qui s’étaient
élevés en son royaume, au préjudice de ses édits, pour troubler son repos et la
tranquillité publique.
    Là-dessus la reine éclata de colère.
    — Ne vous abusez point, mon fils ! Ceux-là
ne sont point ligués contre le royaume ; ils sont français et les
meilleurs catholiques de France ! Simplement, ils appréhendent la
domination des huguenots et, pour vous le dire en un mot, le roi connaît leur
intention et trouve bon tout ce qu’ils ont fait !
    Elle se radoucit.
    — Mais laissons cela, ne parlez que pour
vous. Demandez ce que vous voulez, le roi vous l’accordera, insista-t-elle.
    — Madame, je ne vous demande rien, répéta
Henri, brusquement refroidi, ayant compris que ce déplacement et cette
conférence étaient inutiles, puisque la reine ne lui proposerait rien. Mais si
vous me demandez quelque chose, je le transmettrai à mes amis, car j’ai promis
de ne rien traiter sans eux.
    — Or bien, mon fils, puisque vous le
voulez, je vous dirai que le roi vous aime et désire vous voir auprès de lui, comme
son bon frère.
    — Madame, je le remercie très humblement
et vous assure que jamais je ne manquerai au devoir que je lui dois.
    — Mais quoi, ne voulez-vous dire autre
chose ?
    — N’est-ce pas beaucoup que cela ?
    — Vous voulez donc continuer d’être cause
de la misère de ce royaume ? Ne voulez-vous pas obéir au roi ? Ne
craignez-vous point qu’il ne s’irrite contre vous ?
    — Madame, il faut que je vous dise la
vérité : il y a tantôt dix-huit mois que je n’obéis plus au roi !
    — Ne dites pas cela, mon fils ! fit-elle
en haussant le ton.
    — Madame, je le puis dire, car le roi, qui
m’est comme père, au lieu de me nourrir comme son enfant m’a fait la guerre en
loup… Et quant à vous, madame, vous me l’avez faite en lionne.
    — Quoi ! N’ai-je pas toujours été
bonne mère pour vous ?
    — Oui, madame, mais seulement en ma
jeunesse, car depuis six ans votre naturel a fort changé.
    — Croyez, mon fils, que le roi et moi ne
demandons que votre bien.
    — Madame, excusez-moi, je ressens tout le
contraire…
    — Mon fils, laissons cela… Voulez-vous
que la peine que j’ai prise depuis six mois demeure infructueuse, après m’avoir
tenue si longtemps à baguenauder ?
    — Madame, ce n’est pas moi qui en suis
cause ! Au contraire, c’est vous ! Je ne vous ai jamais empêchée de
reposer dans votre lit, tandis que vous, depuis dix-huit mois, vous m’empêchez
de coucher dans le mien !
    La reine se mit le visage entre les mains et
fit semblant d’étouffer un sanglot.
    — Serai-je toujours en cette peine, moi
qui ne demande que le repos ?
    — Madame, cette peine vous plaît et vous
nourrit, sourit Navarre, ce qui dérida l’assistance.
    Elle secoua la tête, affichant une fausse
détresse.
    — Je vous ai vu autrefois si doux et si traitable,
et à présent je vois sortir votre courroux par les yeux, et l’entends par vos
paroles.
    — Madame, il est vrai que les fâcheux
traitements dont vous avez usé à mon endroit m’ont fait perdre mon naturel.
    — Or bien, regardons alors à faire une
trêve pour quelque temps, vous pourrez conférer avec vos ministres afin de
faciliter une bonne paix. À cette fin, des passeports vous seront expédiés pour
gagner Paris.
    — Je vais en parler à mes amis, madame.
    Pendant cet échange
de sourds, tandis que le prince de Condé et François de La Rochefoucauld
restaient devant la porte de la chambre de négociation et que le vicomte de
Turenne patrouillait dans les jardins, M. de Rosny, cuirassé et armé
comme ses compagnons, circulait dans la grande salle quand un jeune page vint
lui dire que Mme de Sauves voulait le rencontrer. Il le suivit à l’étage
en s’interrogeant sur les raisons de cette entrevue. Charlotte avait bien sûr
été sa maîtresse, comme elle l’avait été

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