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La Guerre Des Amoureuses

La Guerre Des Amoureuses

Titel: La Guerre Des Amoureuses Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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d’avoir gagné du temps. Tandis que sa troupe traversait
Saint-Brice, il découvrit une foule massée le long du chemin. C’étaient des
gens venus de fort loin pour voir ce roi de Navarre qu’ils voulaient acclamer, car
la plupart étaient de la religion réformée.
    L’escorte peinait à se frayer un passage au
milieu de cette joyeuse cohue. Navarre, tout en blanc, avec un chapeau droit à
panache blanc, souriait et envoyait des baisers à la foule, mesurant ainsi l’aune
de sa popularité. À la sortie du village, les badauds étaient moins nombreux, mais
on en comptait encore des dizaines et des dizaines jusqu’à Garde-Épée. Au pied
de l’enceinte de la maison forte, une centaine de fermiers, de laboureurs et de
bourgeois venus depuis Bourg-Charente attendaient en criant leur joie.
    Le cortège de Navarre approchait. Pour qu’on
le voie mieux, le Béarnais s’était placé en tête. Sa mauvaise humeur devant l’échec
de la conférence s’était dissipée à la vue de ce bon peuple qui l’aimait tant. Rien
que pour ce jour de fête, il ne regrettait pas d’être venu.
    Olivier Hauteville, Il Magnifichino et
Nicolas Poulain étaient sur le chemin de ronde du mur de Garde-Épée, penchés
vers la route, car eux aussi voulaient voir le roi. C’est alors qu’Olivier
remarqua en bas de l’enceinte un homme accroupi entouré de deux compagnons dont
il ne voyait que les chapeaux. Intrigué, il ne le quitta pas des yeux. Il le
vit se relever et s’aperçut qu’il avait un bras raide. De façon inattendue, car
le roi était maintenant à cinquante pas, cet individu s’éloigna en claudiquant,
suivi de ses compagnons.
    Olivier comprit aussitôt. Il se précipita vers
l’escalier qu’il dévala. Dans la cour, il se rua sur la porte qu’il ouvrit
fébrilement. Les vivats retentissaient. En courant, il tourna l’angle du
bâtiment. Le roi était à vingt pas. Il hurla :
    — Fuyez ! Fuyez tous ! Il y a
une mine ! Tout va exploser !
    En même temps, il faisait de grands moulinets
avec les bras, comme un forcené. Interloquée, la foule se retourna vers le
furieux qui criait ainsi et le cortège royal s’arrêta.
    — Fuyez, tout va exploser !
    Les premiers badauds s’éloignaient déjà en
courant et, très vite, ce fut la débandade.
    Et l’explosion retentit.
    Elle fut terrifiante. Tout le chemin se souleva,
expédiant des monceaux de terre jusque dans la cour de Garde-Épée.
    Nicolas Poulain, qui était resté sur la
muraille, ne comprenant pas pourquoi Olivier était parti, vit le cheval du roi
de Navarre se cabrer, se relever et s’écrouler en arrière. Henri fut écrasé par
la bête.
    Les débris retombèrent, et un silence
effroyable s’étendit. Tandis que Poulain et Il Magnifichino descendaient
du chemin de ronde aussi vite qu’ils le pouvaient, Olivier tenta de s’approcher
du roi, étendu sans connaissance. Avec horreur, au milieu des fumées et des
poussières, il le découvrit jetant le sang par le nez et par la bouche [79] . Sa barbe était ensanglantée, puis il disparut à sa vue, entouré de
dizaines de serviteurs et de gentilshommes.
    Un sanglot l’étouffa. Il était arrivé trop
tard !
    Soudain, on le saisit. C’était M. de Mornay,
livide comme de la craie.
    — Monsieur Hauteville, que s’est-il passé ?
interrogea-t-il d’une voie aiguë, affolée.
    La confusion était totale. Personne n’avait
prévu un tel attentat et les officiers de Navarre lançaient des ordres
contradictoires. Quelques-uns relevaient le corps du roi pour le porter à l’abri.
    — Maurevert ! C’était Maurevert. Mais
nous pouvons encore venger monseigneur ! Ils étaient trois, ils sont
partis par là, vers la Charente !
    Mornay regarda à nouveau le roi qu’on
éloignait du lieu de l’attentat. Il hésita à partir, mais Henri paraissait mort.
Il n’y avait plus rien à faire sur place.
    — Que s’est-il passé ? cria quelqu’un
qui les rejoignait.
    C’était Poulain, suivi un peu plus loin de Il
Magnifichino .
    — C’était Maurevert ! Venez tous !
    Épée en main, ils s’élancèrent dans les
taillis qui longeaient la route. Des cris retentirent dans leur dos. Poulain se
retourna. Des soldats, des hommes d’armes, venaient de saisir Venetianelli, ne
reconnaissant pas cet homme qui tenait une épée, pensant même qu’il était la
cause de l’explosion.
    Il n’avait pas le temps d’intervenir et il
poursuivit sa course pour rattraper les deux autres,

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