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La Guerre Des Amoureuses

La Guerre Des Amoureuses

Titel: La Guerre Des Amoureuses Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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empoisonneuse, garce pour beaucoup. Ils firent le siège du prince
et le convainquirent d’épouser mademoiselle de Longueville. Ensuite, tout alla
très vite. On t’enleva de mes bras, puis on me chassa. Louis se remaria en
novembre et me ferma sa porte. J’avais choisi que tu t’appellerais Louise, comme
ton père. Ces huguenots-là t’ont volé ta mère, ton nom et ton prénom.
    » La suite, c’est M. de Bezon
qui me l’a racontée. La reine voulut savoir ce qu’était devenu mon enfant et il
avait conduit une enquête. La grand-mère de la première épouse du prince était
la sœur du connétable Anne de Montmorency. Le prince, ou son entourage, te
confièrent à des serviteurs des Montmorency, les Ambrière, des protestants qui
habitaient près de Dieppe, pour que tu sois élevée dans cette religion. Ils ont
été tués à la Saint-Barthélemy, et finalement c’est M. de Mornay qui
t’a retrouvée.
    Elle se leva en souriant timidement à sa fille,
fit quelques pas vers elle et prit ses mains glacées.
    — Tu comprends pourquoi tu es si brave et
si vaillante, ma fille ? Ton père disait que les Condé n’avaient jamais
été malades de la fièvre poltronne.
    Ayant dit ces mots, elle se tourna vers
Olivier.
    — C’est pour retrouver ma fille que j’ai
accepté d’entreprendre ce voyage. La reine m’avait promis de me dire ce qu’elle
savait, si j’acceptais de faire boire un philtre à Henri de Navarre. Hélas !
le roi son fils l’apprit et m’envoya un ordre pour rentrer à Paris. Ma fille
comptait plus que cet ordre, et au demeurant je n’aurais jamais empoisonné
Navarre. J’aurais trouvé un moyen. Bref, je restai à la Cour où un sbire du roi
me tira dessus pour m’écarter. Je sais que vous le connaissez, Olivier, même si
M. Poulain n’a pas voulu le nommer. Mais peu importe, je lui pardonne, car
c’est grâce à lui que je me suis approchée de la vérité. En effet, après m’avoir
soignée et sauvée, M. de Bezon me fit le récit de ce qu’il avait
découvert.
    » Quand il me parla de Dieppe, je fus
convaincue que tu étais ma fille, Cassandre. Déjà, quand tu étais arrivée chez
moi, j’avais ressenti une étrange impression que je ne comprenais pas. J’avais
besoin de m’intéresser à toi. Je t’avais interrogée et tu m’avais appris que tu
étais orpheline, qu’on t’avait trouvée à Dieppe.
    » Une telle coïncidence était impossible !
Dès lors, je ne pouvais plus quitter la Cour. Non pour voir le roi de Navarre, mais
pour chercher à vous rencontrer, monsieur de Mornay. J’avais besoin de savoir
comment vous aviez trouvé Cassandre. Enfin, aujourd’hui, il y a ces preuves. Ce
médaillon, qui appartenait à Louis, et ces mots de ma lettre.
    » À vous de décider si ceci doit être
connu du roi de Navarre et du prince de Condé. Cacher cette vérité, c’est
assurer votre bonheur. La dévoiler, c’est faire de ma fille la cousine du
prochain roi de France et la sœur du prince. Les Bourbon n’accepteront jamais
votre mariage. Vous ne devez pas vous faire d’illusions…
    Avant que Cassandre n’ait pu intervenir, Olivier
prit la parole.
    — S’il le faut, je leur annoncerai
moi-même la vérité, madame. Cassandre doit être fière de son nom et de son sang.
Je ne compte pas. Ce sera à moi de monter à son rang, décida-t-il.
    Cassandre allait intervenir, s’insurger sans
doute, quand M. de Mornay l’empêcha de se lever en lui mettant une
main sur l’épaule.
    — Il a raison, mon enfant ! Tu ne
pourrais vivre en cachant que tu es une arrière-petite-fille de Saint Louis.
    Le silence tomba dans la pièce. Tous les
regards se tournèrent vers la jeune femme.
    Cassandre était restée pétrifiée en apprenant
qu’elle était la fille du prince de Condé et d’Isabeau de Limeuil qu’elle
aimait sans comprendre pourquoi. Toute sa vie venait de basculer. Elle regarda
son père adoptif, puis Olivier, et enfin… sa mère qui lui tenait toujours les
mains. Ce contact l’avait un instant apaisée et lui avait permis de supporter
cette incroyable révélation, mais elle ne put se maîtriser plus longtemps. Les
sanglots lui gonflaient la gorge, l’étouffaient. En pleine confusion, elle se
leva pour se jeter dans les bras de sa mère.
    Les deux femmes s’étreignirent en mêlant leurs
larmes et leurs baisers. Le flot d’émotion qu’elles avaient retenu si longtemps
brisait toute réserve. Vaincue, Cassandre s’abandonna

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