La Guerre Des Amoureuses
que toutes sortes de
produits diaboliques pour faire des philtres. Miraille fut arrêté avec sa femme
et sa belle-mère. Interrogé et mis à la question, il avoua tout et bien plus
encore. Certes, il mit en cause la duchesse mais ce témoignage absurde fut
rejeté. Pierre de L’Estoile raconta ainsi son exécution :
Le jeudi 26 février, Dominique Miraille, jadis
concierge de la princesse de La Roche-sur-Yon, des faubourgs Saint-Germain-des-Prés,
homme vieil, âgé de 70 ans, et une bourgeoise d’Estampes, sa belle-mère (de
laquelle il avait en secondes noces épousé la fille, depuis deux ou trois ans, après
la mort d’une bonne grosse vieille, sa première femme, laquelle on disait qu’il
avait fait mourir par poison ou sortilège, afin d’épouser cette jeune seconde),
par arrêt de la Cour, furent pendus et étranglés, puis brûlés au parvis de
Notre-Dame, après avoir fait amende honorable devant ladite église, atteints et
convaincus de magie et sorcellerie.
Nicolas Poulain
retrouva sa famille avec une indescriptible joie et un immense soulagement. Mme Poulain,
qui n’avait plus de nouvelles de son mari depuis des mois, était au désespoir. Heureusement,
la robe de la duchesse de Montpensier lui fit vite oublier toutes ses angoisses.
Quant au butin ramené en bijoux et autres, il rapporta quelques milliers d’écus
qui furent placés chez un banquier, Nicolas songeant désormais à acheter une
autre charge. Avec autant d’argent, les Poulain purent aussi acheter du bois
pour se chauffer de tout leur saoul, car ce mois de janvier fut un des plus
froids jamais connus.
Dès le lendemain de son arrivée, Nicolas
Poulain se rendit rue du Bouloi, chez M. de Richelieu, à qui il
raconta son voyage. Le grand prévôt de France lui montra sa satisfaction en lui
remettant un millier d’écus de la part du roi et lui fit un résumé de ce qui s’était
passé à Paris en son absence. Nicolas Poulain en retint surtout l’arrestation
du financier Scipion Sardini.
Le banquier, qui recevait déjà les taxes sur
les cabarets, avait obtenu l’affermage de nouveaux impôts. Certain de l’appui
du roi, il avait commencé à les collecter sans que les édits nécessaires n’aient
été enregistrés. Selon les parlementaires, il aurait même présenté de faux
édits pour pouvoir agir en toute impunité. Il avait donc été arrêté et enfermé
à la Conciergerie.
En colère, le roi avait convoqué le président
du parlement qui avait pris cette décision. Devant la cour, Henri III l’avait
injurié, presque frappé, et l’avait envoyé libérer Sardini.
Malgré cette preuve d’autorité, déplora M. de Richelieu,
la volonté royale restait chaque jour bafouée et les caisses étaient
désespérément vides. Il devenait même difficile de payer la garde suisse.
Pour faire face à cette disette, le roi avait
convoqué au Louvre les principaux parlementaires, le prévôt des marchands et
quelques notables bourgeois, ainsi que les cardinaux de Bourbon, de Guise et
les seigneurs de son conseil. Il leur avait annoncé qu’il était résolu de faire
la guerre à outrance contre ceux de la nouvelle religion et qu’il avait enjoint
à ses officiers de se saisir des hérétiques et de vendre leurs biens pour
subvenir aux frais de la guerre.
Cette harangue avait été reçue avec
acclamations jusqu’à ce que le roi eût annoncé que, toujours pour financer la
guerre, un impôt de six cent mille écus serait prélevé sur les plus aisés de la
ville. Les bourgeois étaient repartis en grondant et le maudissant.
Après cet incident, Richelieu craignait que
les seize ne s’agitent à nouveau, aussi demanda-t-il à Poulain de reprendre
langue avec eux pour savoir ce qu’ils préparaient.
Enfin le grand prévôt lui commanda de se
rendre à l’exécution d’une bande de faux monnayeurs. Le spectacle attirerait
beaucoup de monde et le roi exigeait la présence de tous les prévôts des
maréchaux pour montrer sa volonté de faire appliquer l’ordonnance de son père
qui enjoignait les prévôts de punir et d’extirper des provinces les
fabricateurs de fausse monnaie.
Les supplices auraient lieu en place de Grève
où l’exécuteur de la haute justice pendrait un procureur qui avait fait
circuler la fausse monnaie ainsi que le graveur de la bande. Quelques jours
plus tard, ce serait leurs complices qui seraient pendus, l’un aux Halles et l’autre
à la place Maubert. Enfin l’orfèvre qui
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