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La Guerre Des Amoureuses

La Guerre Des Amoureuses

Titel: La Guerre Des Amoureuses Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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pour autant l’inciter à se convertir. Tout simplement, il n’arrivait
plus à faire de la religion le centre de sa vie.
    Malgré le froid continuel, Mornay était
souvent en chevauchée. Si les villages autour de Montauban étaient convertis au
protestantisme et si la ville, bastion de la foi calviniste dans le Quercy, était
imprenable, les bandes de maraudeurs catholiques, les compagnies débandées de l’armée
de Mayenne ou encore les mercenaires albanais menaçaient perpétuellement les
campagnes et seule la présence de la troupe du gouverneur permettait de
sécuriser les routes.
    Entre deux leçons d’escrime, Caudebec
racontait à Olivier les exploits du pape des huguenots. Ainsi, l’année
précédente, Mornay avait empêché les catholiques de s’emparer de Figeac et de
Cardaillac. Il avait aussi ravitaillé les places de sûreté protestantes sur la
Garonne et fait de vigoureuses expéditions avec son artillerie pour protéger
les moissons de Villemur et de Caussade.
    À table, c’était Mme de Mornay qui
parlait des exploits de son mari. Les villes et les villages catholiques du
Quercy étaient devenus des refuges pour les opposants à Henri de Navarre, expliqua-t-elle
un jour en racontant la prise de La Francèse [82] , un
petit bourg catholique à trois lieues de Montauban.
    Ayant juré de le réduire, M. de Mornay
l’avait attaqué avec quelques gentilshommes et une compagnie d’arquebusiers. Après
avoir placé des pétards contre la porte, la troupe protestante était parvenue à
entrer, mais des gentilshommes catholiques s’étaient portés au secours de la
ville soutenus par des paysans. Mornay s’était donc replié à Montauban pour
chercher du secours en laissant juste une garnison de cinquante hommes. Malgré
cela, les catholiques avaient repris la ville, tandis que la garnison
protestante s’était réfugiée dans une maison forte.
    Revenu avec une petite armée, le gouverneur de
Montauban avait compris que la reprise de la ville, désormais bien défendue, serait
coûteuse. Il avait alors écrit un billet pour son capitaine enfermé dans la
maison forte. Le mot disait :
    Ayez bon courage, M. de Châtillon
est arrivé avec une armée. Demain nous nous joindrons !
    Le billet avait été confié à deux paysans qui
s’étaient volontairement laissés prendre. Épouvantés en apprenant que du
renfort arrivait, les bourgeois avaient abandonné La Francèse durant la nuit. Une
ruse qui avait bien plu au roi de Navarre.
    C’est cependant avec Philippe de Mornay
lui-même qu’Olivier apprenait le plus. Non seulement le pape des huguenots
possédait un incroyable talent de stratège dans cette guerre d’escarmouches, mais
il était aussi un adroit ingénieur et un talentueux mathématicien. Il prodigua
plusieurs leçons à Olivier, lui expliquant l’importance de la géométrie pour
mesurer les hauteurs et les distances dans les parties d’une fortification. Il
l’initia aussi au calcul de la solidité des voûtes et à l’importance des revêtements
de fortification, des flancs concaves et des contreforts. Le jeune Hauteville, fort
habile à manier les nombres, n’avait aucun mal à suivre, d’autant que son
maître lui donnait régulièrement des livres à étudier le soir.
    Mais c’est encore dans l’artillerie que Mornay
était le plus savant et, ayant observé qu’Olivier savait calculer vite et
possédait un juste coup d’œil, il entreprit d’en faire un bon artilleur. En
premier lieu, il lui montra comment on taillait les boulets de pierre à l’aide
de moules en fer afin qu’ils soient de même diamètre. Ensuite, il lui enseigna
la manière de purifier le salpêtre et de faire de la poudre avec une part de
salpêtre, une de soufre et une de charbon pilé, mêlées ensemble et arrosées de
vinaigre. Enfin, il lui expliqua comment charger les pièces à feu de la ville, les
longues couleuvrines, les crapaudeaux, plus courts, et les serpentines de gros
calibre. La charge ne devait occuper que trois fois le diamètre du tube pour
éviter d’abîmer le canon. Une livre suffisait, ensuite, à jeter une pierre
pesant neuf livres à quinze cents pas.
    Après ces travaux pratiques vinrent les cours
de géométrie. M. de Mornay instruisit son élève sur l’utilisation de
l’équerre et du fil à plomb pour calculer les inclinaisons et les courbes de
trajectoire. Les cours avaient lieu chez lui et parfois Cassandre y assistait.
    Olivier découvrait chaque

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