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La Guerre Des Amoureuses

La Guerre Des Amoureuses

Titel: La Guerre Des Amoureuses Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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aurait caché le reste dans son château d’Oiron. En quelle
année êtes-vous né ?
    — En 1566, répondit Mme de La
Tour-Landry. C’était trois ans avant mon mariage avec Claude. C’est pour cela
que j’ai pris Ludovic sous ma protection.
    — C’est un long voyage, Venise, Cognac, Paris…
Dans une France en guerre, remarqua la reine.
    — Oui, Majesté, mais j’ai appris à me
défendre. Ceux qui auront ma peau ne sont pas encore nés, assura le jeune homme
avec un brin de suffisance. Et les larrons qui ont cherché à me rapiner durant
mon voyage ne sont plus là pour recommencer.
    Catherine regarda soudain le garçon d’un autre
œil. Elle croyait avoir affaire à un jolet et découvrait un aventurier qui n’avait
pas froid aux yeux. C’était intéressant…
    — Vous avez remarqué, Majesté, comme il
ressemble à mon époux ? demanda Mme de La Tour-Landry. Bien que
je ne sois pas sa mère je me sens un peu responsable de lui. Je lui ai donc
proposé de venir vous divertir pour cette nouvelle année en pensant que vous l’aideriez
à votre tour s’il vous donnait satisfaction.
    — Allez chercher mes dames d’honneur, Antoinette,
dit Catherine en souriant. Et vous, Ludovic, préparez-vous à jouer quelque
sotie devant nous.
    Le spectacle, surtout du mime et des
pantomimes, fut fort plaisant et applaudi. À la fin, Catherine, satisfaite, fit
remettre dix écus au jeune homme qui repartit seul.
    Deux ou trois jours plus tard, elle le fit
mander à l’hôtel de Bourbon pour le recevoir en tête à tête.
    — Ludovic, lui demanda-t-elle, connaissez-vous
les Gelosi ?
    — Oui, Majesté, mais je n’ai jamais joué
avec eux.
    — Je voulais les faire venir à Paris, mais
ils m’ont répondu qu’ils avaient d’autres obligations à Milan.
    — Ce n’est guère civil de leur part, Majesté,
mais je sais qu’ils ont beaucoup d’engagements, dit-il d’un ton neutre.
    Ludovic avait été surpris de la convocation de
la reine. S’il obtenait un honnête succès comme comédien, il ne s’enrichissait
guère, la vie étant si chère à Paris ! S’il pouvait tirer quelques
clicailles de la Cour, se disait-il avec espoir…
    — Auriez-vous une idée pour les
convaincre ?
    — Moi, Majesté ? s’étonna-t-il. Pourquoi
m’écouteraient-ils ?
    — Vous me paraissiez avoir des ressources…
souffla-t-elle, en plissant des yeux calculateurs.
    — Il existe d’autres troupes, Majesté, les
Desiosi, par exemple, suggéra le jeune homme.
    — Ce sont les Gelosi que je veux, avec
Isabella Andreini !
    Elle resta silencieuse un instant avant d’expliquer :
    — Je souhaite rencontrer mon beau-fils, le
roi de Navarre. J’irai au-devant de lui avec ma maison, mes gentilshommes, mes
filles d’honneur, et je désire lui prouver mon estime en organisant quelques
représentations exceptionnelles de la troupe la plus célèbre d’Europe.
    — Si les Gelosi ne veulent pas venir en
France, il faudrait les contraindre, suggéra-t-il, flatté que ce soit à lui qu’elle
demande conseil.
    — Comment le pourrais-je ? Je ne
commande pas à Milan ! dit-elle, exaspérée.
    — Je ne sais pas… Majesté… balbutia-t-il,
devinant qu’il l’avait déçue et craignant qu’elle lui donne congé. Et s’ils
étaient poursuivis par la justice milanaise ? Ce serait une bonne raison
pour qu’ils se réfugient en France.
    — Pourquoi seraient-ils poursuivis ?
    Il se passa la main sur le menton. Quantité d’idées
s’entrechoquaient dans son esprit, mais il ne parvenait pas à y mettre de l’ordre.
    — Si j’entrais dans leur troupe… je
pourrais les faire accuser d’un grave délit… proposa-t-il.
    — Continuez…
    — Ils seraient poursuivis… et je leur
suggérerais de fuir en France… Je leur assurerais qu’ils seraient reçus à la
Cour… Flavio, leur chef, se souviendrait certainement de votre invitation.
    — Il y a là une idée, reconnut-elle. Mais
pourquoi vous engageraient-ils ?
    — Ça, j’en fais mon affaire ! promit-il
avec assurance. Seulement, j’aurais besoin d’argent… Il y aura des gens à
soudoyer…
    — Je peux vous en remettre… Mais si vous
me trahissez, ou si vous me volez…
    — Madame, mon père était gentilhomme !
s’offusqua-t-il.
    Elle haussa les sourcils pour marquer son étonnement.
Comme si le fait d’être gentilhomme était une garantie de loyauté.
    — Préparez votre projet et revenez me le
présenter demain.

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